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SITE INTERNET POUR LES DROITS DE L'HOMME

21 avril 2012

AFGHANISTAN, LES MONTAGNES DE LA LIBERTÉ

afghanistan


Préambule:

Convoité par de nombreuses puissances tant régionales que mondiales, l’Afghanistan s'est toujours trouvé sur le chemin depuis l’Inde hier lorsque les Perses, Grecs, Moghols, ou Turcs rêvent d’en prendre le contrôle à l'Iran aujourd'hui. Inversement, l’Afghanistan d'hier s’est toujours trouvé sur le chemin des empereurs indiens comme Ashoka, dans leur volonté d’expansion vers l’ouest et l'Afghanistan d'aujourd'hui sur la route d'une Islamisation fondamentaliste à l'image de l'Iran. Cette vaste région est comparable à la région des Balkans tant au plan géopolitique que géostratégique.Le rôle de l’islam est également fondamental dans l’histoire de ce pays. Les premières armées arabo-musulmanes répondent à l’agression des Sassanide de Perse et défient le puissant voisin à la bataille d’al-Qadisiyya. La déroute des sassanides ouvre la voie à la jeune armée musulmane qui finit par absorber le grand Empire dont l’Afghanistan faisait partie intégrante. L’islamisation de l’essentiel du pays a pris plus de 200 ans. La résistance légendaire des shahs de Kaboul, encore bouddhistes, l’a considérablement retardée. La région du Nourestân a été la dernière région du pays à se convertir à l’islam. En effet, les Nouristanis ne sont majoritairement musulmans que depuis le xixe siècle, soit plus de 1 200 ans après les toutes premières conquêtes arabes. 

Les Montagnes de la Liberté...

Depuis l’expansion des tribus pachtounes(1), au XVII ème et XVIII ème siècles, des zones (2) à prédominance ethnique ouzbèque, turkmène ou encore tajik ont été rattachées au royaume d’Afghanistan. A partir de 1709, le pouvoir central a toujours était partagé suivant les siècles, les envahisseurs,les guerres de succession et les assassinats entre les pachtounes issus de la tribu Ghilzai, branche sunnite (dynastie Hotaki au pouvoir de 1709 à 1738 dont Mir Wais Khan Hotaki fut Roi d'Afghanistan et Chah d'Iran de 1709 à 1715 puis les Talibans(3) de 1996 à 2001) et de la tribu Abdali , branche chiite (dynastie Durrani au pouvoir de 1747 à 1978 avec les Baraksai /Amanullah Khan,dernier Roi ou Padshah d'Afghanistan de 1919 à 1929 et les Popalzai /Amid Karzaï,1er président de la République islamique d'Afghanistan depuis 2004).

A l’origine, le mot « Afghan » n’englobait que les populations pachtounes. Il fallut attendre 1919 et l’accession de l’émir Amanullah Khan au pouvoir (pachtoune,tribu Durrani, autoproclamé roi d'Afghanistan) pour que la première fois dans l’histoire du pays tous les habitants, quel que soit leur ethnie ou leur religion, soient tous regroupés sous la dénomination d ‘« Afghans ». Cette situation perdura sous le roi Zaher Shah, puis à l’époque du président Daoud Khan. Une politique d’intégration de toutes les ethnies avaient alors cours. 
La révolution de 1978 et l’invasion soviétique (anciens alliés d'Abdur Rahman Khan(4) vinrent remettre la « fracture ethnique » à jour.Les Soviétiques envahissent l'Afghanistan dans le but, selon certains, de rallier ce pays au bloc soviétique, pour d'autres, de répondre, à ses frontières, au soutien actif des États-Unis d'Amérique aux moudjahidines luttant contre le régime communiste de Kaboul. C’est ainsi que pendant toute la période de l’occupation puis pendant la guerre civile, les diverses ethnies s’entredéchirèrent, chacune appuyant un ou plusieurs chefs de guerre représentant leurs intérêts. On peut citer les plus connus, Dostam pour les Ouzbeks, Hekmatyar(5) pour les Pachtouns ou encore Massoud pour les Tajiks.

En 1996, l’accession des Talibans au pouvoir ne vint qu’accentuer le ressentiment des minorités contre la majorité pachtoune. Puis à la chute des étudiants en religion, les exactions contre les populations pachtounes du Nord de l’Afghanistan élargirent encore le fossé. En Mars 2001, 6 mois avant les attentats de New york,la destruction des statues de Bouddha préislamiques de Bâmiyân marque le prémice d'un renversement d'alliance et la réponse des Talibans à la décision de l'administration Bush de ne plus soutenir le régime islamique de Kaboul suite à la pression internationale et la mise à mort en directe de plusieurs femmes dont une journaliste. 

Depuis 2001, sous couvert de chasse aux sorcières le vaste territoire Afghan est devenue le terrain d'entrainement de toute les armées du monde. Le bourbier Afghan reste la guerre la moins chère de ces 100 dernières années et pour cause, derrière un prétendu humanisme moderne elle n'est qu'une variante d'un pseudo colonialisme que l'on croyait mort en 1952.

Alors à la lumière de cette analyse et dans un tel contexte, qu'en est-il des militaires et autres journalistes et humanitaires qui meurent derrière ce rideaux de fumé médiatique? Je répondrais au pire que se sont des risques liés à leurs fonctions et qu'au mieux c'est le prix à payer pour tenter de donner une chance aux droits de l'homme de grandir dans une région qui à défaut d'être un pays un jours devienne une zone de droit pour tous. 

Dans ses conditions quel avenir pour l'Afghanistan au départ des troupes ( humanitaires) dans les mois qui viennent? Dans un premier temps il y a peu de chance que le Président actuel reste longtemps à sa place, son avenir s'annonce sombre sauf accord des différentes tribus qui forment le noyau dur armé de la résistance à la pacification de la région. Dans un second temps, le retour d'un régime de type Taliban semble probable tel une piqûre de rappel d'une société rétrograde . Puis dans un troisième temps, l’assèchement de l'aide en munitions des uns et des autres, et le tarissement des ressources marquera peut être le début d'une vrai révolution populaire arabe ou après 3 siècles de lutte fratricide pour le contrôle du pouvoir entre les tribus pachtounes, l'Afghanistan rentrera dans une époque propice à l'établissement d'une vrai démocratie, fondement même d'un pays moderne et de l'unification d'une région. On ne peut du reste exclure dans un avenir proche, l'éclatement de l'Afghanistan en trois entités islamiques...L'une Pachtoune à dominance sunnite, l'autre Hazara à dominance chiite et la troisième Tadjik sous forme d'une République Islamiste orthodoxe...Je finirais par cette citation à destination de tous les musulmans du monde:

"Je remercie Dieu d'avoir connu les musulmans avant de connaître l'islam"

Vincent Portier

Ps: à lire également l'article très intéressant De l'origine du conflit entre sunnites et chiites...
http://www.bakchich.info/international/2007/06/20/de-lorigine-du-conflit-entre-sunnites-et-chiites-50541



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(1):Pachtounes (groupe éthnique divisé deux tribus,les Ghilzais au nord et les Durrani au sud descendants de l'émir Sulaiman)

-Les Ghilzais (aussi connu sous le nom de Khiljis ou Ghaljis) sont un des deux plus grands groupes de Pachtounes, avec la tribu Durrani, que l'on trouve en Afghanistan et dans une moindre mesure au Pakistan voisin. Ils forment la tribu pachtoune la plus importante en Afghanistan, occupant la région au nord de Kandahar qui s'étend vers le Mont Suleyman.
Les Ghilzais sont concentrés dans une zone entre Ghazni et Kalat-i-Ghilzai à l'est sur le territoire du Pakistan occidental. Ce groupe est majoritairement nomade, au contraire des Durrani qui sont plutôt sédentaires. Les estimations de population peuvent varier mais représentent environ 20 à 25 % de la population afghane, et probablement un nombre de 9 millions en Afghanistan seul et 2 millions au Pakistan. Comme tous les Pachtounes, les Ghilzais descendent des tribus aryennes parlent le pachto est sont à la base de la dynastie Hotaki (1709 - 1738). Ils se sont rebellés contre les persans au début du xviiie siècle. L'armée perse a été battue et les Afghans ont brièvement contrôlés l'Afghanistan et des parties orientales de l'Iran entre 1719 et 1729. Ils étaient à cette époque menés par Mir Wais Khan qui s'est rebellé contre le pouvoir du gouverneur d'origine géorgienne Gurgin Khan et a battu les armées Safavides à Kandahar. Après la mort de Mir Wais en 1715, son fils Mahmoud mène une armée afghane avec le but d'envahir la Perse. But atteint en 1722 quand l'armée afghane bat les Safavides à Gulnabad en 1722 et établissent ainsi leur pouvoir sur la perse.
Cette dynastie était une dynastie violente, et les conflits permanents entre les chefs ont rendu l'exercice du pouvoir difficile. Il est possible qu'ils descendent aussi des Turcs Khalaj (ou Khilji), qui sont entrés en Afghanistan au xe siècle en même temps que d'autres envahisseurs d'Asie centrale et du Moyen-Orient. La plupart des Ghilzais sont des musulmans sunnites de l'école Hanafite, sont souvent très dévots et suivent aussi le code d'honneur pachtoune connu sous le nom de Pachtounwali. La plupart des Ghilzais travaillent comme éleveurs mais aussi dans la construction et d'autres métiers leur permettant de voyager. Ils ont un taux d'alphabétisation très bas d'environ 10%.
Les Ghilzais ont joué un rôle prépondérant dans l'histoire du Moyen-Orient, de l'Asie centrale et de l'Asie du sud. La dynastie Ghaznévide fait probablement partie des ancêtres des Ghilzais, ainsi que la dynastie des Lodi, qui régnèrent sur le Sultanat de Delhi (1450–1526). En 1709, Mir Wais Khan, un Pachtoun Ghilzai, fonda la dynastie Hotaki (1709-1738), qui favorisa l'éclatement d'une révolte tribale contre les maîtres persans amenant la domination afghane de l'Iran de 1722 à 1734 par Mahmoud (Ghilzai) puis par Ashraf (Ghilzai) avant que Nâdir Châh ne reprenne le pouvoir en Iran.
Au début du xxe siècle, Sher Khan Nasher gagna une grande influence politique en tant que Khan Ghilzai qui devint gouverneur de Kunduz. Il fut suivi de son fils, Gholam Serwar Nasher qui dirigea la compagnie Spinzar, et de son neveu, le parlementaire Gholam Nabi Nasher. Pendant la période de l'invasion soviétique de l'Afghanistan, de nombreux moudjahidines étaient aussi des Pachtounes Ghilzai, comme par exemple Gulbuddin Hekmatyar. Les dirigeants et les rangs des Talibans étaient aussi fournis en Ghilzais, ce qui les plaça à l'opposé de la scène politique par rapport à leurs cousins Durrani, qui sont actuellement représentés dans le gouvernement de Hamid Karzai.

-Les Durrani représente la seconde tribu afghane de l'ethnie pachtoune. Connu avant 1747 sous le nom des Abdali (ابدالی persan), la tribu change de nom en 1747 lors du couronnement d'Ahmad Shâh Durrani comme padishah d'Afghanistan. Durrani est un dérivé de dur-é-duran qui signifie la perle des perles en langue pachtou.
Cette tribu influente de l'Afghanistan, se subdivise en plusieurs branches comme: Sadozaï, Barakzaï ou encore Mohammadzaï. Tous les souverains de l'Afghanistan sont d'ailleurs issus de ces trois branches. Ces branches se subdivisent ensuite en clans : comme par exemple le clan Popalzaï (dirigé aujourd'hui par Hamid Karzaï, le chef de l'État afghan) qui fait partie de la branche des Mohammadzaï de la tribu des Durrani.
Présents essentiellement dans le sud de l'Afghanistan, les Durrani ont la particularité de maîtriser les deux langues nationales (le dari et le pachto) et font partie de l'élite intellectuelle pachtoune. La tribu est forte de 5 millions d'individus dispersée d'un côté et de la l'autre de la frontière afghano-pakistanaise.

(2): Il existe en Afghanistan, principalement quatre peuples : les Tadjiks, les Ouzbeks, les Hazaras (d'origine mongole, mais parlant un dialecte persan et à majorité chiite), et les Pachtounes. Les Ouzbeks sont présents au nord ainsi qu´en Ouzbékistan, les Tadjiks parlent une langue iranienne et sont en majorité sunnite, vivant dans l´ouest, le nord-est et au Tadjikistan.

-Tadjik

A l’époque où le Yémen était une satrapie de l’empire Sassanide, les arabophones de la région, étaient désignés par le nom de leur ville principale, qui se trouvait être Taez, au Yémen. Alors, Taezi, habitant de Taez, devenait en persan "Pahlavi" "Taesik" et puis ce "Taesik" a désigné dans l’empire Perse, tous les arabes. Lorsque les perses se sont convertis à l’islam après la bataille de Talas (bataille qui a marqué l’arrivée des Arabes jusqu’aux confins de la Chine), le terme Tadjik a été utilisé pour différencier les musulmans des non musulmans.

Il est aussi dit que le mot tadjik provient du mot « tâdj » couronne, c’est un terme qui servait aux arabes à différencier les persanophones au pouvoir des turcophones.

Disséminés à travers le pays, ils représentent 25 % de la population. Les Tadjik vivent essentiellement dans le nord, dans la vallée du Panjsher, au nord de Kaboul, dans les provinces de Parwan, Takhar, Badakhshân, Baghlân, Samangân et en plusieurs îlots autour d’Hérât à l’ouest et de Ghazni à l’est.

Les Tadjiks sont persanophones ils parlent le dari (persan parlé en Afghanistan) ou le dialecte Tadjik (persan du Tadjikistan). On distingue deux catégories de Tadjiks : les « Tadjiks montagnards » (Badakhshân) par opposition aux « Tadjiks des plaines » ; les premiers sont des musulmans chiites ismaéliens, alors que les seconds sont sunnites de rite hanafite.

En règle générale, les Tadjiks sont des cultivateurs ou commerçants. Ils ne représentent plus aujourd’hui une véritable ethnie, mais plutôt un ensemble de peuples ayant une culture et une langue commune, le dari. Autrement dit, le mot Tadjik désigne en Afghanistan tous les persanophones sunnites du pays.

En Afghanistan, les Tadjiks comptent traditionnellement parmi les adversaires les plus déterminés des Pashtouns.

Outre l’Afghanistan, on trouve aussi des Tadjiks au Tadjikistan, en Ouzbékistan, au Kazakhstan, en Iran et en Chine, pour un total de quelque onze millions de personnes, dont quatre en Afghanistan.

-Ouzbeks

Le mot Ouzbek est issu de deux mot d’origine turque, « ouz » qui signifie authentique et « bek » qui signifie homme. Ouzbek veut donc dire homme authentique.

Ils vivent dans le nord et l’ouest du pays, le long de la frontière avec l’Ouzbékistan.

A l’instar de nombreux peuples de la région, les Ouzbeks sont d’origine turco-mongole, ils se sont métissés avec les peuples iraniens.

Ils ont fait partie de l’empire de Gengis Khan en rejoignant la Horde d’or (XIVe siècle) et se sont fixés au nord de l’Amou-Daria après leur défaite en 1506 devant les Timourides basé à Hérat. Ils y fondent les khânats (territoire soumis à un khân) de Khiva, de Boukhara et de Kokand.

Au XIXe siècle, ces petites principautés souvent en guerre les unes contre les autres sont annexées par la Russie.

Au moment de la Révolution russe, les Ouzbeks tentent de recouvrer leur indépendance et s’opposent aux bolcheviques jusqu’en 1924. Beaucoup refusent la domination soviétique et se réfugient en Afghanistan.

Regroupés dans le nord de l’Afghanistan, les Ouzbeks ont établi onze places fortes entre Maymana et Koundouz dirigées par de puissants leaders parfois indépendant parfois vassal de Boukhara ou Kaboul mais toujours en concurrence pour le pouvoir.

A la fin du XIX siècle Abdul Rahman rallie ces khânats sous son autorité.

Les Ouzbeks ont un long passé de cohabitation (parfois conflictuelle) avec les Tadjiks et partagent avec eux un certain genre de vie, toutefois chaque ethnie garde son quartier respectif.

Les Ouzbeks se désignent par d’ancien nom de tribu ou par le nom de la ville de leur ancêtres. La société ouzbek en Afghanistan est patriarcale, l’autorité est aux mains de leader appelé beg, arbâb, ou khân. L’endogamie (mariage avec un membre de la tribu) est primordiale. Bien qu’il y ait des mariages interethniques entre ouzbek, turkmène et tadjik l’aversion pour le mariage avec les pachtounes est répandue mais ce phénomène est réciproque.

Les Ouzbeks sont principalement agriculteurs et éleveurs. Nombre d’entre eux vivent en ville et sont hommes d’affaire ou artisans (argentier, orfèvre, travaillent le cuir, ou carpette).

Ils représentent 5% de la population afghane.

Il y a aussi des Ouzbeks en Ouzbékistan ou ils sont majoritaire (76p100 ; 17 millions de personnes), ainsi qu’au Turkménistan (9p100) et au Tadjikistan (23p100).

Ils parlent l’ouzbek appelé aussi Jagatai, un dialecte turc et sont musulmans sunnites de rite hanafite.

-Qizilbash

Le terme Qizilbash signifie les « têtes rouges », nom donné en raison de leur coiffe rouge. Ils sont dispersée en Afghanistan et considérés comme les descendants militaires et administratifs qui gouvernaient les provinces afghanes pour le compte de l’empereur Safavide Nader Shah Afshar au XVIII e siècle (1736-47).

Sous le règne d’Ahmad Shah Durani les Qizilbash ont acquis une force et une influence à la cour, concurrençant l’ethnie pachtoune. Ils se rallièrent aux Britannique durant la première guerre anglo-afghane (1838-1842). Tout comme les chiites Hazara, l’émir Abdul Rahman déclare les Qizilbash ennemi de la nation : il leur confisque leurs terres et les persécute.

Les Qizilbash sont chiites. Leur population est estimée à 50 000 personnes en Afghanistan, mais il est difficile de les dénombrer du fait que beaucoup se font passer pour des Tadjiks sunnites ou membre de confrérie soufie pour éviter les discriminations religieuses.

Il est à noter qu’ils sont considérés comme l’ethnie la plus cultivée. Ils occupent des postes bureaucratiques et professionnels importants.

De langue Afshari, un dialecte Azerbaidjanais fortement influencé par le persan, ils n’utilisent pas l’alphabet cyrillique, ou de langue dari, tous sont bilingues avec le dari ou pashto.

Les Qizilbashs sont en grand nombre en Turquie, mais leur dénomination a changé depuis le XIX è siècle on les appelle maintenant Alévis.

-Hazara

Le terme Hazara signifie « les mille ». Ils ne sont pas contrairement à la légende les descendants de Gengis Khan. Toutefois il est probable que leur nom soit issu du fait que Gengis Khan ait implanté une unité de mille guerriers à sa solde dans la région.

De type mongoloïde il s’agit d’un peuple dont on ne connaît pas exactement les origines. Il s’est installé dans le Hazarajat actuel et s’est mixé aux peuples voisins. Les mongoles ont atteint cette région pour la première fois durant la période sassanide (420apJC). De 425 à 566, Bamiyan a été une place forte du bouddhisme, accueillant beaucoup de pèlerin chinois.

Les Hazaras vivent au centre du pays dans le Hazarajat qui signifie « pays des Hazaras » (sa superficie est d’environs 50 000 kilomètres carré).

Pendant les campagnes « anti-hazaras » mené par Abdul Rahman nombre d’entre eux ont fuis vers le Turkménistan ou dans les provinces de Jawzjan et Badghis.

Les Hazara sont majoritairement chiites, ismaéliens, peuvent être sunnites à Kaboul, dans le nord ou à Bamiyan.

Durant la guerre soviéto-afghane les Hazaras ont été exclus des parties de la résistance parce que chiites (la politique pakistanaise n’a accepté que des partis sunnites et pro pachtoune excepté le Djamiat).

Les discordes entre hazaras et pachtounes proviennent de différents au sujet des fertiles pâturages dont les Hazaras ont été spoliés au profit des pachtounes transplantés au Hazarajat par le coup de force mené par Abdul Rahman 1895-96 pour hérésie. Mais d’une manière plus générale les Hazaras sont considérés comme au plus bas de l’échelle sociale en Afghanistan. Aujourd’hui encore ils occupent les emplois les plus ingrats.

On peut donner deux principales raisons à cet état de fait ; d’une part le chiisme est considéré comme hérésie par la majorité sunnite du pays et d’autre part, leurs traits physiques de type mongoloïde les distinguent plus encore.

Les Hazaras ont été organisé en groupe dirigé par des khâns jusqu’à ce que les pachtounes s’approprient les pouvoirs politico-économiques. Depuis ils ont perdu leur structure tribale.

Ils sont de langue dari ou hazâragi, un dialecte persan local au Hazarajat avec une forte influence mongole en ce qui concerne le vocabulaire.

Ils représentent 15% de la population.

(3) Talibans (étudiants) descendants de l'ethnie Ghilzai (nord de l'Afghanistan et sud du Pakistan): Les talibans sont issus majoritairement des Pachtounes, estimés à 15 millions d'habitants. Le "noyau dur" du mouvement vient des tribus pachtounes du Sud, qui ont fourni une grande partie des réfugiés au Pakistan. Selon leurs vicissitudes, les talibans obtiendront, puis perdront le soutien de la plupart des chefs tribaux pachtouns.Durant la guerre contre les Soviétiques, des millions de jeunes Afghans furent éduqués dans les madrasas de la zone tribale pakistanaise. Ils y furent fortement influencés par une école de pensée, l'école deobandi, qui prône le retour à « un islam juste et respectant les principes islamiques ».Les talibans sont donc des « néo fondamentalistes ». Ils veulent d'abord réislamiser les mœurs, la justice, les êtres humains. La forme de l'État n'a pas d'importance pour eux à la condition de respecter la loi divine. Et seuls ceux qui l'ont étudiée, c'est-à-dire les talibans, sont à même de l'expliquer et d'en assurer le respect.
C'est pour cela qu'ils déclarent dans leurs premières années qu'ils ne veulent pas le pouvoir politique. C'est aussi pour cela qu'ils attachent tant d'importance à tout ce qui touche à la vie quotidienne, publique ou privée.
Durant les premières années de leur prise de pouvoir, les talibans jouissent d'un réel soutien populaire, surtout, mais pas uniquement, de la part des populations pachtounes du sud et de l'est. Les Afghans sont fatigués de leur guerre avec l'URSS et des exactions des chefs de guerre qui ensanglantent le pays, et beaucoup accueillent volontiers ces religieux qui amènent l'ordre et la sécurité. Les contraintes morales ne changent, en fait, pas grand-chose dans les campagnes où les femmes portent déjà la burqa, et où, dans leur très grande majorité, elles ne travaillent ni ne vont à l'école.
De 1994 à fin 1997, les talibans profitent aussi d'un soutien moral, sinon financier et militaire, de la part des services secrets pakistanais, dans une relative indifférence internationale. La présence sur le territoire afghan, à partir de 1996, d'Oussama Ben Laden, qui a déclaré haut et fort qu'il allait, entre autres, s'attaquer aux États-Unis par tous les moyens, change la donne. Ben Laden avait déjà eu l'occasion de rencontrer le ministre taliban aux frontières, Jalaluddine Haqqani, en 1986, lors du programme afghan de la CIA. Depuis Carter, les Talibans et autres Moudjahidine (tous deux opposés au régime communiste de Kaboul mis en place par les Russes) ont été soutenus par l'administration Américaine,notamment Clinton, jusqu'en Janvier 2001 date de la prise de pouvoir du gouvernement Bush fils. 


(4)/Abdur Rahman Khan (surnommé l'« émir de fer » grand père du roi Amanullah Khan, descendant de l'émir Sulaiman, dynastie Barakzai/Durrani ) : Quand Abdur Rahman accède au pouvoir en 1880, les différents territoires composant l'Afghanistan sont pratiquement autonomes. Les vallées et les villages s'administrent eux-mêmes, sous l'autorité d'un chef ou d'un mollah ; quant aux tribus, clans, ou groupes ethniques ils se reconnaissent des chefs dont le pouvoir est égal à celui des émirs du « royaume de Kaboul ». Tels sont les émirs du Turkestan, les Hazaras, ou les chefs des Ghilzaïs ou d'autres groupes pachtouns. Le premier souci du monarque va donc consister à affirmer son pouvoir sur un royaume dont les frontières Est et Sud ne seront définitivement fixées qu'en 1893, celles du Nord et du Nord-Est en 1896.Abdur Rahman va placer à la tête des provinces des gouverneurs pachtounes. Dans le même temps, il s'efforce de briser le système tribal, jouant habilement les uns contre les autres, ou corrompant des notables pour acheter leur docilité ou leur neutralité. Il demande parfois que des chefs de clans lui confient un ou plusieurs enfants afin d'assurer leur éducation à Kaboul ; il s'agit en fait d'une véritable prise d'otages. Lorsqu'il le faut, il emploie la force avec une armée qu'il modernise et qui fait l'objet de toutes ses attentions.




(5) Hekmatyar ( leader islamiste afghan, descendant de l'ethnie Ghilzai,ancien premier ministre et chef du parti Hezb-e-Islami Gulbuddin,HIG (Moudjahidines), rallier implicitement aux talibans)

Pour le leader pachtoune, les militaires français en Afghanistan sont "en mauvaise posture. (...) Ils ne peuvent espérer enregistrer des succès contre les moudjahidins. Ils sont fatigués, démoralisés. Ils n'ont aucune idée de contre qui, pourquoi et comment ils se battent". A propos de l'embuscade du 18 août 2008, il explique que "les troupes françaises voulaient arrêter un commandant réputé du Hezb-e Islami. Elles se sont heurtées à une résistance qu'elles n'avaient pas anticipée".

Gulbuddin Hekmatyar donne sa vision de la fin des combats. Parlant des forces de la coalition, il affirme : "Elles doivent avoir quitté l'Afghanistan dans un an. Puis nous organiserons des élections générales, libres et indépendantes. Le but du plan est de mettre fin au conflit de façon pacifique et d'éviter les erreurs commises lors du départ des Russes. Il est indispensable que toutes les factions acceptent d'arrêter cette guerre." En contrepartie du départ des troupes occidentales, il affirme que "les moudjahidins sont prêts à garantir que les Afghans ne créeront aucun problème aux autres pays et ne menaceront ni les Etats-Unis ni les pays européens". M. Hekmatyar assure aussi n'avoir aucun contact ou accord avec les "autres mouvements insurgés, le mollah Omar et Sirajuddin Haqqani, ainsi qu'avec Al-Qaida". Il ajoute que "le départ des forces d'occupation entraînera l'arrêt des combats". Il demande aussi la fin de l'ingérence des pays frontaliers : Iran, Pakistan, Inde et Russie.

A propos du processus politique (les élections législatives du 18 septembre), le chef du Hezb-e Islami affirme qu'il ne participera pas à des élection "supervisées par les étrangers". M. Hekmatyar ajoute qu'il n'entrera pas dans un gouvernement Karzaï "tant que les forces internationales occuperont le pays". Enfin, à propos des combats opposant talibans et membres du Hezb-e Islami dans les provinces de Baghlan et de Wardak, il soutient que certains "talibans ont été influencés par les services secrets américains".

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1 septembre 2011

PORTRAIT HOMMAGE: DANS L'OEIL DE CLAUDE LEVIS-STRAUSS-CHRONIQUE D'UNE ACCULTURATION.

Vidéo: Texte récité/ Claude Lévi-Strauss nous exhorte à l'ecouter sur le prétendu humanisme moderne...

 

« Tout progrès culturel est fonction d’une coalition entre les cultures(...) Nous ne concevons pas que des principes, qui furent féconds pour assurer notre propre épanouissement, ne soient pas vénérés par les autres, au point de les inciter à renoncer à leurs principes propres, tant devrait être grande, croyons-nous, leur reconnaissance envers nous de les avoir imaginés en premier." Claude Lévi-Strauss, Race et Histoire (1952),Tristes Tropiques/Le Retour (1955)*/

 

 

L’Ecrivain préféré....

                Le Lévi-Strauss de Tristes tropiques...

 

« De la musique encore et toujours ...! »Verlaine, Art poétique

 

par Adolphe Maillot http://www.fabula.org/lht/4/Maillot.html 

 

L’écrivain préféré ? À cet intitulé, on s’attend à voir associer le nom d’un romancier ou d’un poète. Mais est-ce que celui d’un ethnologue pourrait figurer sur la liste ? Si cet ethnologue s’appelle Lévi-Strauss, et que dans ses écrits il nous fait entendre de la musique, j’ai envie de répondre : oui – ce qui implique nécessairement un questionnement des frontières de la littérature et de l’ethnologie. On peut aussi se demander pourquoi lui plutôt qu’un autre.

Qu’est-ce qui fait qu’il apparaît soudain comme un ami ? D’un destin à l’autre, le lecteur s’identifie naturellement à l’auteur. Le mot « vocation » vient aussitôt à l’esprit. Mais si, loin de toute nécessité, tout n’était que hasard…

 

 

 

Dream Time: Un clip sur l'exposition en diptyque "DreamTime - Temps du rêve, grottes, art contemporain & transhistoire", présentée simultanément dans la grotte du Mas-d'Azil en terre d'Ariège et aux Abattoirs à Toulouse/ 2010./ Musique de Michael Nyman, La Leçon de Piano

 

Un chant familier

 

 

      L’ethnographie, support empirique de l’ethnologie, est au carrefour de l’art et de la science. Tout en rendant compte de vérités objectives, elle exige un véritable travail d’écriture par lequel un auteur peut éventuellement exprimer sa singularité.

Néanmoins ce souci du bien-écrire ne garantit en rien son rattachement à la littérature. Comme l’écrivit Vincent Debaene : « Les logiques de qualification d’un texte comme scientifique ou comme littéraire sont tout simplement hétérogènes puisque, dans un cas, on évalue une pertinence et, dans l’autre, on désigne une appartenance1. »

De ce point de vue, science et littérature ne sont pas à mettre sur le même plan. Néanmoins l’intrusion du « je » dans les textes de sciences sociales2, souvent présentée comme une « révolution épistémologique3 », est venue semer le trouble dans la division des genres. L’inflation du je « méthodologique » a rendu caduc le positivisme des pères fondateurs, pour qui le langage devait se cantonner à sa fonction instrumentale : transmettre des informations. Aujourd’hui le « divorce de nature entre l’objectivité du savant et la subjectivité de l’écrivain » n’est plus d’actualité : il est possible de « faire d’un sarcasme la condition de la vérité4 ».

Plus personne n’est dupe de « la ruse de l’ethnographie, ce faire semblant qu’il n’y a pas d’ego5 ». Faire passer des interprétations pour des descriptions, des jugements pour des théories, une neutralité de ton pour une garantie d’objectivité : ces astuces ne marchent plus.

Malgré tous les apparats d’objectivité, une étude ethnographique sera toujours « le tableau de quelque chose vu par quelqu’un6 ».

 

  Vidéo Entretien: L'Héritage photographique de Lévi-Strauss

    La présence de ce « quelqu’un », aussi doué soit-il pour peindre la réalité, suffit-elle à faire basculer un texte du côté de la littérature ? Assurément non. La singularité seule ne suffit pas. Elle doit s’étoffer d’une dimension esthétique. L’usage de la langue doit être suffisamment stylé pour que l’on puisse parler de « littérarité ». Autrement dit, de ce quelqu’un doit jaillir une voix, reconnaissable entre toutes. Plus précisément un chant.

C’est ce fameux « grain de la voix7 » dont parle Barthes, lorsque celle-ci est au croisement de la langue et de la musique. Ce chant, dans le cas de Lévi-Strauss, semble être à la fois un « phéno-chant » et un « géno-chant », pour reprendre l’opposition théorique de Barthes qui transpose celle de Kristeva entre phéno-texte et géno-texte. Le phéno-chant couvre « tout ce qui, dans l’exécution, est au service de la communication, de la représentation, de l’expression : ce dont on parle ordinairement, ce qui forme le tissu des valeurs culturelles » : c’est ici l’examen lucide d’un parcours intellectuel atypique, une confession critique.

À l’inverse, le géno-chant renvoie à « cette pointe (ou ce fond) de la production où la mélodie travaille vraiment la langue », autrement dit à la « diction » de Genette avant Genette8 : c’est le lyrisme auquel il succombe par endroits, lorsqu’il s’abandonne à la musique des mots indépendamment du discours initial. On retrouverait donc ces deux types de chants dans Tristes tropiques, et il serait intéressant d’en étudier les proportions. Mais, pour le moment, ne nous embarrassons ni du « phéno » ni du « géno », boulets terminologiques qui risquent de faire couler le propos présent. Retenons juste l’idée de chant tout court.

 

 

   Vidéo Entretien: Le Lévi-Strauss du XXIe siècle

Le glissement métaphorique de la peinture à la musique se justifie tout d’abord par les aspects formels de Tristes tropiques, qui le rapprocheraient de la symphonie : « Le livre, écrit Pierre Campion, adopte visiblement une composition musicale : les deux premières parties, dans un désordre savant, constituent le prélude de cette nouvelle Symphonie du Nouveau Monde. Composant les thèmes du départ, des débuts dans la vie, de l’exclusion et des effets du pouvoir, ce prélude conduit au morceau du coucher de soleil-opéra9. »

Ce glissement s’appuie ensuite sur la distinction faite par Frédéric Keck entre deux modes opératoires de la fiction au sein de l’œuvre de Lévi-Strauss : une « fiction picturale » qui tend vers le « tableau taxinomique », et une « fiction musicale » où le cognitif se mêle au sensitif10. Une telle distinction est tout à fait pertinente, mais l’auteur fait rentrer, semble-t-il, plusieurs ouvrages dans sa catégorie « fiction musicale ».

Pour ma part, je n’y ferais figurer que son récit autobiographique. Car, en définitive, Lévi-Strauss n’aura vraiment fait entendre son « grain » – écrit avec son corps – que du 12 octobre 1954 au 5 mars 1955, la période d’écriture de Tristes tropiques.

 

   

 

C’est le seul ouvrage qui me vienne à l’esprit quand j’entends ou vois le nom de Lévi-Strauss. Comme Gracq l’a très bien remarqué, « il arrive couramment qu’on transfère à un nom, sans y réfléchir, l’attachement qu’on a en réalité pour un seul ouvrage11 ». Pour d’autres ethnologues, ce sera plutôt Les Structures élémentaires de la parenté ou Anthropologie structurale.

Mais peut-on, pour ces deux derniers livres, parler d’« écrivain » ? Il n’y a vraisemblablement que dans Tristes tropiques que Lévi-Strauss sort de la peau de l’« écrivant12 », que l’on sent la présence de quelqu’un, dont la voix résonne comme la musique d’un être familier.

À mes yeux, ce récit autobiographique prend toute la lumière. Et tout le reste n’est que littérature grise. Il peut arriver que mon œil, balayant furtivement une rangée de la bibliothèque, s’arrête un instant sur La Potière jalouse, titre qui laisse rêveur. Mais si un feu malencontreux venait à se déclarer, cet opus ne serait pas sur la liste des premiers à sauver.

Ni les autres, puisque c’est toute la production théorique en tant qu’œuvre qui fait peur. Trop magistrale. Alignés au garde-à-vous comme des soldats sur la rangée principale de la bibliothèque, les volumes semblent vouloir faire plier la réalité à leur « structure ». C’est pourquoi Tristes tropiques n’est pas rangé à côté d’eux. Il est classé plus haut, dans la lignée des grands romans.

 

 

Vidéo: Les débuts de Tristes Tropiques..."L'aventure n'a pas de place dans l'aventure d'Ethnogaphe..." Lévi-Strauss/ 1955/ Terre Humaine

 

Appartenir à la littérature

Dans quelle mesure Tristes tropiques relève-t-il de la « littérature » ? La question a été posée dès sa sortie en 1955 par le jury du prix Goncourt qui voulait l’honorer de ses lauriers. On peut mieux comprendre la réponse donnée au travers de la distinction faite par Gérard Genette entre deux régimes littéraires complémentaires : le régime « constitutif » et le régime « conditionnel »13. Le jury n’assuma pas sa préférence sous prétexte que l’œuvre n’était pas une « fiction ».

S’il avait opté pour le point de vue de la « diction » et le critère « rhématique »14 – s’il avait écouté la musique –, sa décision aurait été tout autre. Dans sa délimitation du littéraire, il se cantonnait au régime constitutif, conception fermée s’appuyant sur des conventions bien établies. Respectant à la lettre les dernières volontés d’Edmond de Goncourt, dont le prestige devait retomber uniquement sur « un ouvrage d’imagination en prose », il se rabattit sur un vrai roman : Les Racines du Ciel de Romain Gary15.

Le libre-arbitre du jury étant circonscrit par des clauses juridiques, c’est du côté des critiques littéraires, des journalistes, des écrivains et des universitaires, que le débat aura lieu. Se situant dans le régime conditionnel, où l’appartenance d’une œuvre à la littérature est plus aléatoire, c’est la puissance de leurs arguments et l’état du marché littéraire qui décideront du destin du livre16.

À sa sortie, la dimension hybride de Tristes tropiques fera couler beaucoup d’encre, de Raymond Aron à Claude Roy en passant par Madeleine Chapsal. Seul Barthes restera froid à cet engouement esthétique, davantage sensible à la production théorique de l’auteur. Dans la presse grand-public, nombreux furent les articles qui s’évertuèrent à faire rentrer Tristes tropiques dans la littérature.

Analysant « l’idée de littérature dans les années 1950 », Vincent Debaene et Jean-Louis Jeannelle17 ont fait ressortir les deux principaux arguments qui étaient à l’époque avancés par les admirateurs du livre.

Le premier portait sur le « style », et faisait de Lévi-Strauss un descendant de Chateaubriand.

Le second relevait de ce que les auteurs appellent « le dialogue des phares » : dans Tristes tropiques Lévi-Strauss converse d’égal à égal avec les plus grands noms de la littérature (Montesquieu, Montaigne, Rousseau). Autre référence lumineuse que l’on retrouve chez la plupart des commentateurs : Proust. En effet, si Tristes tropiques est bien un récit de voyage, c’est moins l’ethnologue en personne que sa mémoire que l’on voit crapahuter.

Ainsi, les filiations ne manquent-elles pas pour rattacher Lévi-Strauss à la littérature. Derrière cette démarche, il y a nécessairement une certaine idée de la littérature. Pour ne pas dire une idéologie, voire une mythologie. Celle-ci est encore plus accentuée dans les écrits des critiques d’avant-garde comme Bataille ou Blanchot. Pour Bataille, Tristes tropiques est l’exemple parfait montrant que le salut des sciences humaines est dans la littérature. Il ne retient que « l’ouverture poétique », et passe complètement à côté de son structuralisme latent. Blanchot, lui, l’ancre profondément dans la métaphysique : l’ethnologue, comme l’écrivain, est « l’homme au point zéro ». Alors que, comme le notent Vincent Debaene et Jean-Louis Jeannelle, Lévi-Strauss à la fin de son aventure littéraire dénie à l’art et à la métaphysique (ainsi qu’à la psychologie) leur pouvoir de consolation.

Cette neuvième et dernière partie intitulée « Le retour » pourrait être rebaptisée : « Triste ethnologue » ou « Le non-retour ». L’homme, le savant et sa discipline semblent être arrivés au bout de la nuit d’un voyage à la fois intime et historique, éreintés d’avoir fait le tour de la condition humaine – en un mot : entropologisés18.

« Plutôt qu’anthropologie, il faudrait écrire “entropologie” le nom d’une discipline vouée à étudier dans ses manifestations les plus hautes ce processus de désintégration. » (Lévi-Strauss, Tristes tropiques [1955], Paris, Presses Pocket, coll. « Terre Humaine/Poche », 1984, p. 496).

Ce néologisme est construit à partir du substantif « entropie », phénomène physique que Lévi-Strauss considère comme inhérente à la dynamique de toute civilisation.

Et l’on pourrait presque faire dire à l’ethnologue ces vers du poète :

 

Je ris de l’Art, je ris de l’Homme aussi, des chants,
Des vers, des temples grecs et des tours en spirales
Qu’étirent dans le ciel vide les cathédrales,
Et je vois du même œil les bons et les méchants 19.

Verlaine, Poèmes Saturniens. 

Ce cynisme ferait ainsi écho à son fameux « Je hais les voyages et les explorateurs », phrase d’accroche qui ouvre le bal du récit de manière insolite. Et si l’on va plus avant dans ce rapprochement, ne pourrions-nous pas comparer la mélancolie qui transpire dans les dernières pages de Tristes tropiques avec la « langueur verlainienne » en tant qu’elle incarne « le lieu d’un changement, d’une sorte de conversion intérieure, le passage du moi personnel à un moi impersonnel où ne subsiste plus rien de la sensibilité ancienne20 » ?

Que décrivent, en effet, les dernières phrases du livre si ce n’est le louvoiement du moi de l’ethnologue qui, non content de se haïr, cherche à faire son trou « entre un nous et un rien21 » ? Au final, il fait le choix du nous, mais sans grande conviction.

Lévi-Strauss affirme dans un premier temps qu’il « assume sans réserve [sa] condition d’homme22 ». Cela passera pour lui par une objectivation rigoureuse de l’expérience sensible, travail colossal que l’on retrouvera dans La Pensée sauvage ou Mythologiques.

Mais au moment même où il dit adieu à la littérature23, le voilà qui se laisse emporter par une insoutenable légèreté lyrique. Il se lance dans une phrase interminable qui semble vouloir essouffler le lecteur, comme pour lui faire ressentir le caractère éprouvant du voyage philosophique accompli. Phrase-fleuve rythmée de tirets et de points-virgules qui s’achève sur une note tragi-comique.

À « la contemplation d’un minéral plus beau que toutes nos œuvres » et au « parfum, plus savant que nos livres, respiré au creux d’un lis », succède curieusement « le clin d’œil alourdi de patience, de sérénité et de pardon réciproque, qu’une entente involontaire permet parfois d’échanger avec un chat24 ». Faut-il rire ou pleurer ? Applaudir ou désespérer ? Serait-il exagéré de parler de « langueur lévistraussienne » ? De lui faire dire malgré lui – pastiche de la troisième « ariette oubliée25 » :

 

L’hypothèse pourrait se défendre. Mais les postures philosophiques du poète et de l’ethnologue sont bien éloignées : le premier veut se fondre dans la poésie des éléments, quand le second n’aspire qu’à saisir l’« essence » des choses (et des mots). Pour ce dernier, l’intelligible prime sur l’émotion.

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Vidéo Campagne Survival International/ Message d'hier et d'aujourd'hui pour ne pas oublier demain ...

 

Si l’ethnologue n’est pas à l’abri du sublime, l’événement esthétique n’aura été qu’un accident. Il convient donc de ne pas trop extrapoler sur un éventuel « air de famille » entre Verlaine et Lévi-Strauss. Toutefois cette parenthèse aura permis de souligner l’idée suivante : entre le regret du je ancien et le pari du nous nouveau, le moi de Lévi-Strauss aura été bien ballotté. Il est vrai que l’ethnologue a tranché, et plus jamais après Tristes tropiques, l’anthropologue ne s’égarera dans la « littérature » ni ne jouera à l’« écrivain ».

Mais l’on se plaît à imaginer que quelque part au fond d’un de ses tiroirs, se cache un vieux manuscrit qui, épuré de tout « système » ou « structure », est pure littérature. Ce serait par exemple l’épisode raté du « coucher de soleil », qu’il aurait travaillé et retravaillé pour en faire quelque chose de « vaguement conradien26 » et serait l’« apothéose » de son talent littéraire. Ou bien une nouvelle « nouvelle version de Cinna27 ». Ou enfin, fin du fin, la partition d’un opéra aux accents wagnériens. Ce serait une belle ironie.

Ce détour par Verlaine est révélateur de l’inclination de cet article : le désir d’a/encrer Tristes tropiques toujours plus profondément dans la littérature (et consacrer un ethnologue comme « écrivain préféré »). Et pour ce faire, ce détour me conduit à examiner la langue, la littérarité du texte.

Je néglige ainsi un point essentiel souligné par Antoine Compagnon : « La littérarité, comme toute définition de la littérature, engage en fait une préférence extra-littéraire28. »

Ma vision du livre en tant qu’œuvre littéraire est forcément influencée par l’évolution du marché littéraire français, en particulier par la notoriété de la collection « Terre Humaine » des éditions Plon.

Chaque ouvrage publié dans cette collection est naturellement considéré par le public comme « littéraire », quelle que soit sa valeur esthétique. Cette dimension littéraire fait le bonheur du lecteur amateur. Mais elle est loin de faire l’unanimité chez les spécialistes, qui ne manquent pas d’égratigner tous les scientifiques dérivant vers des horizons artistiques29. Charles Dantzig a d’ailleurs noté non sans humour – citations à l’appui –, à quel point l’adjectif « littéraire » ou le substantif « littérature » sont malmenés par les universitaires et les artistes : « Je me demande s’il existe d’autre activité humaine aussi injuriée que la littérature30 ? » Est-ce une injure de dire que Lévi-Strauss c’est « Mallarmé en Amérique du Sud31 » ? Si tel est le cas, quel graphomane n’aimerait pas être injurié de la sorte ?

Toujours est-il que ce n’est pas sans mauvaise conscience que Lévi-Strauss écrivit son récit autobiographique. Commande de Jean Malaurie qui voulait lancer l’aventure de sa collection, Tristes tropiques fut rédigé en six mois, comme un péché qu’il fallait commettre le plus vite possible, pour revenir au plus tôt à la raison scientifique. Quel autre chef d’œuvre aurait-il pu écrire s’il avait prolongé son aventure littéraire ?

Qu’il n’y ait eu qu’un seul écart dans le parcours rectiligne de Lévi-Strauss donne à son récit autobiographique cette aura des œuvres miraculées. Le doit-on au « hasard », à la « chance » ou à la « destinée », pour reprendre les termes de Thibaudet32 ? Que représente Tristes tropiques dans la « ligne de vie » de Lévi-Strauss ? Un moment de faiblesse ? Ou, au contraire, l’œuvre qui paradoxalement fait le lien entre toutes ses séquences biographiques ?

 

« Il pleure dans mon cœur / Comme il pleut sur la jungle » ?

 

 

      

 

 

Photo: Livre Race et Histoire/ Lévi-Strauss/UNESCO/1952

 

L’espace de la chance

D’une ligne de vie à l’autre, le livre croise mon chemin d’étudiant incertain. Comment devient-on ethnologue ? Par hasard et/ou par nécessité. Le hasard d’une rencontre, d’une université, d’une procédure administrative ; la nécessité d’un environnement, d’une époque, d’un tempérament. À la jonction des deux logiques, un coup de cœur pour un livre. Or il arrive souvent qu’on lise un livre pour de mauvaises raisons. Et, forcément, on le lit mal.

Lu bien avant de commencer un cursus d’ethnologie – pour le plaisir –, Tristes tropiques m’apparaissait avant tout comme un récit de voyage et d’aventure (et non pas comme un « livre sur le voyage » comme le précise la quatrième de couverture). Relu pour la réalisation d’un exercice de recherche – pour le plaisir et l’instruction33 –, ce fut l’occasion de mettre des mots sur un texte adoré, plus précisément de montrer en quoi l’ethnologue peut parfois être aussi un écrivain, un artiste.

Re-relu au cours des années de « terrain » – pour l’autorité –, je pensais que c’était le modèle d’enquête ethnographique par excellence.

À cette période charnière de l’apprentissage intellectuel, le Lévi-Strauss de Tristes tropiques représentait pour moi ce qu’il y a de plus beau dans l’ethnologie. Leiris aurait pu lui voler la vedette avec L’Âge d’homme, mais cette « auto-ethnographie34 » était trop éloignée de l’ethnologie académique. Face à ces deux chefs d’œuvres, Les Argonautes du Pacifique occidental de Malinowski ne faisait pas tellement le poids35.

Pourtant, dans la pratique, je donnais raison à ce dernier, en cherchant à connaître le point de vue des « indigènes » et en optant pour l’« observation participante36 ». J’aimais le style du premier, mais l’épistémologie du second avait le dernier mot. La frontière entre esthétique et vérité n’était pas clairement délimitée. L’objectif premier était bel et bien scientifique. Cependant il était frustrant de se résigner à une fonction instrumentale du langage – de devenir un « bureaucrate de l’évasion37 ».

Même s’il est vrai que « l’ethnologue n’est pas en principe un auteur qu’on écoute pour lui-même38 », je n’arrivais pas à faire taire ma subjectivité, laquelle venait régulièrement parasiter l’inventaire des faits plus ou moins objectifs. Je voulais relever le défi d’« écrire un texte qui puisse être en même temps un sentiment intime et un compte rendu distancié39 ». Pour masquer la présence de l’ego et feindre une mise à distance de la littérarité, l’idéal aurait été sans doute une écriture « blanche ». Mais c’est une écriture chatoyante – à l’image des reflets de la réalité – qui s’est imposée.

Cette écriture me semblait pleinement ethnographique dans la mesure où « elle ne fix[ait] pas la vision dans un savoir » mais « introdui[sai]t le trouble dans ce qui [était] regardé40 ». En faisant le choix d’une certaine polyphonie contre un méta-langage quelque peu tyrannique, je pensais rendre service au réel. Je ne réalisais pas que la manière d’écrire n’allait en rien influer sur le caractère scientifique du travail final. « Les choix stylistiques, écrit Jean-Pierre Olivier de Sardan, sont en fait largement “neutres” du point de vue de la qualité scientifique : c’est une des grandes différences entre l’œuvre littéraire, où contenu et forme sont indissociables, et le texte sociologique, qui admet un tel découplage41. »

Vidéo: Texte pour une coalition des cultures / Race et Histoire / UNESCO/ 1952

 

Je mesure aujourd’hui toute la fragilité de ma posture stylistique, de ce refus de renoncer au plaisir des mots, d’avoir été trop complaisant vis-à-vis des fantasmes littéraires, alors que j’exécutais un travail relevant des sciences sociales. Si l’on en croit Vincent Debaene, malgré toute la force de conviction de Barthes la fusion entre littérature et science serait un vœu pieux : « Réconcilier un mode de discours qui se reconnaît d’abord à sa transitivité et à son dédain du style avec un autre, défini par son intransitivité et son exigence formelle, n’est pas seulement un non-sens historique, c’est une impossibilité logique42. »

Quelques années plus tôt, Jean-Claude Passeron avait déjà bien fustigé le sociologue qui, jaloux du romancier dont les écrits trouvaient plus facilement un lectorat, se laissait séduire par les muses de la littérature. Mais le combat est inégal, car selon lui, « on a souvent vu faire de la bonne littérature avec de la mauvaise sociologie, parfois même avec de la bonne, jamais de la bonne sociologie avec de la littérature, bonne ou mauvaise43 ».

Faut-il parler de Tristes tropiques en termes de bonne littérature ou de mauvaise sociologie ? En ce qui me concerne, j’avais associé indifféremment l’adjectif « bonne » aux deux substantifs. Dans mes trois lectures du livre, étalées sur une période de dix ans environ, la première était celle d’un amateur (comme pour un roman d’été), la seconde répondait à un objectif scolaire (rédiger un mémoire), et la troisième s’inscrivait dans une perspective « professionnelle » (s’inspirer d’un modèle).

En reprenant les réflexions de Thibaudet dans son article « Le liseur de romans », on pourrait reformuler ce constat de la manière suivante.

Ma première lecture était celle d’un « lecteur de romans » qui, sans aucune conscience littéraire, « lit n’importe quoi, au hasard, sans être guidé par aucun des éléments, intérieurs ou extérieurs, qui tiennent et circulent dans ce mot : le goût44 ». Je voulais du dépaysement, de l’aventure, des sensations ; je lui demandais – honte à moi – « une distraction, un rafraîchissement, un repos de la vie courante45 ».

La seconde lecture était celle d’un « liseur de romans », c’est-à-dire un lecteur qui croit à « un ordre où la littérature existe, non comme un divertissement accidentel, mais comme une fin essentielle46 ».

Enfin la troisième lecture se serait rapprochée de celle d’un « viveur de romans », fondée sur la suggestion vraie et dont l’archétype extrême – caricaturale – serait Don Quichotte vis-à-vis des romans de chevalerie. La vie vécue par Lévi-Strauss était une vie idéale, et il fallait essayer de suivre ses pas à mon propre niveau. Peu importait le résultat, seule comptait la démarche.

Ces trois attentes de lecture peuvent-elle être rassemblées autour d’une même « ligne de vie » ? Dans une perspective romanesque, cela serait tout à fait envisageable. Mais si l’on veut être réaliste, il faut reconnaître que c’est le « hasard » qui a tout fait. Ou presque. Si l’on m’avait dit, à l’occasion de la première lecture, que j’allais devenir ethnologue, j’aurais sûrement lâché une onomatopée amusée.

Au fil du temps, cependant, un certain nombre de coïncidences s’accumulant, il est tentant, comme le note Pierre Bourdieu, de « se faire l’idéologue de sa propre vie en sélectionnant, en fonction d’une intention globale, certains événements significatifs et en établissant entre eux des connexions propres à les justifier d’avoir existé et à leur donner cohérence47 ». C’est la métaphore de vie comme chemin, avec la fausse évidence d’une linéarité qui fait sens.

On oublie ainsi que la réalité penche plutôt du côté de la discontinuité.

Si l’on veut toutefois rendre au libre-arbitre ce qui lui revient de droit, il faudrait se tourner vers la notion intermédiaire de « chance ». Le « hasard », selon Thibaudet48, « procède par points discontinus ». Puis vient la « chance », laquelle « implique une suite de points ». Un semblant de cohérence voit le jour. L’unité atteint son apogée avec la « destinée », qui serait orchestrée d’en haut.

C’est « l’illusion biographique » dénoncée par Bourdieu. Entre le chaos du hasard et l’ordre trop parfait de la destinée, il semble que l’aléa encadré de la chance – mélange de volonté individuelle et de déterminismes sociaux – soit au plus près du réel. Entre hasard et nécessité, ce serait donc la chance qui crée le fil linéaire d’une vie. Et non pas une « ligne », sans doute trop épaisse et trop dense pour caractériser la singularité d’une existence.

Ce qui s’est développé de manière plus ou moins continue dans l’espace de la chance entre la première et la dernière lecture, c’est sans doute un certain sens critique, une ébauche de maturité – une métamorphose progressive de « lecteur » à « viveur » de littérature. L’enchantement originel a-t-il résisté à l’éthique scientifique ? Est-il encore possible de fermer les yeux sur les passages structuralistes, pour ne voir que les anecdotes humoristiques, les descriptions sublimes, l’ombre de Chateaubriand ou le fantôme de Proust ? Une fois devenu ethnologue, est-il toujours légitime de lire Tristes tropiques comme un livre d’écrivain ?

Quand je rouvre Tristes tropiques aujourd’hui, deux lecteurs se chamaillent pour tirer la page à soi : celui qui veut éprouver (le lecteur), et celui qui veut comprendre (le liseur ou le viveur) ; celui qui admire l’écrivain, et celui qui a du respect pour l’écrivant. Malgré leurs aspirations différentes, ces deux types de lecteur ne s’opposent pas de front. D’ailleurs Barthes a très bien expliqué que l’écrivain et l’écrivant ne font souvent qu’un, alternant les rôles selon l’humeur ou les circonstances. Quoi qu’il en soit, si l’on se place du côté de la réception, il semble difficile d’éprouver sans comprendre et vice-versa.

Si l’on me demande : « Qui est votre ethnologue préféré ? », faut-il pour y répondre prendre en compte la voix des deux lecteurs, ou n’écouter que celle du cœur ?

 

Photo: La Pensée Sauvage/ La pensée occidentale, dit Lévi-Strauss, est déterminée par l'intelligible .../ Lévi-Strauss/ 1962

 

Narcissisme distancié

Loin d’aborder cette dimension schizophrénique, mon propos consiste juste à voir dans quelle mesure un livre peut influer sur le cours d’une vie, en l’occurrence la mienne. Comment une biographie couchée sur papier peut-elle agir sur l’orientation d’un jeune individu en quête de destin ?

Un tel narcissisme peut bien entendu être considéré comme déplacé dans un cadre universitaire. Malgré tout, je tiens à faire le pari de l’auto-analyse, en référence à Bourdieu. Dans son Esquisse pour une auto-analyse (2004), ce dernier commence par une phrase d’avertissement : « Ceci n’est pas une autobiographie », clin d’œil au « Ceci n’est pas une pipe » de Magritte. Malgré les apparences, l’auteur ne va pas se raconter, mais exploiter une expérience personnelle à des fins sociologiques. « À chaque fois, commente Bernard Lahire, la personne de Pierre Bourdieu s’efforce de ne pas être le centre psychologique, sensible et émotif du “problème” et de l’“attention”, mais un point particulier situé (et se situant) dans des espaces structurés (et structurants)49. »

Dans le même esprit, par un travail auto-réflexif, j’essaie ici de me servir de mon expérience de lecteur pour mettre au jour quelques éléments de compréhension relatifs au goût littéraire. Par une mystérieuse alchimie, l’objectif est de transformer une tare épistémologique en vertu heuristique. De faire d’un vécu des plus banals un matériau exploitable par l’analyse scientifique.

Avec un peu de recul, il semble que ce qui m’a plu dans le Lévi-Strauss de Tristes tropiques, c’est son ironie – immédiatement perceptible puisque « les artifices sont placés au premier plan, désignés, exhibés même50 ». Au départ il y a un fond de méchanceté, dont la fonction première serait de décaper le sens commun – une logique caustique ou sarcastique qui s’inscrit dans un projet de démystification.

Commencer son livre en proclamant tout de go sa haine pour les voyages et les explorateurs, alors qu’il s’apprête à raconter ses propres aventures, ne manque pas de panache. On est a priori aux antipodes de l’empathie que le lecteur occidental est en droit d’attendre d’un anthropologue respectable. À moins de lire ce récit comme une parodie du genre et de lui-même.

Ce brin de scepticisme paraît faire corps avec le destin des sciences humaines depuis que « la perte de confiance dans l’univers a fait prendre conscience de l’ironie de la condition humaine51 », vers la fin du xviiie et le début du xixe siècle, époque où l’ironie de situation, l’ironie dramatique et la parabase, procédés traditionnellement rattachés à la peripeteia des Anciens, entrent dans la catégorie de l’ironie. Cette nouvelle acception n’a pu s’imposer que parce qu’elle fait désormais partie de la réalité existentielle des individus. Tout au bout de l’ironie il y aurait l’absurde, mélange d’existentialisme et de désillusion historique.

Cependant l’ironie de Lévi-Strauss aurait sonné comme une grinçante condescendance si elle n’avait recouvert que l’objet d’étude proprement dit. Or les illusions du moi n’ont pas été épargnées. L’ironie vaut aussi pour lui. Au plus fort des envolées sarcastiques, l’empathie ne fait jamais faux bond. Tant qu’elle ne sombre pas dans l’autodérision systématique ou la pose mondaine, l’ironie purifie autant qu’elle salit.

On pourrait ainsi parler d’une empathie au second degré. Celle-ci renvoie à un bon usage des émotions dans la description ethnographique, l’objectif étant de passer de la « contemplation éblouie » à la « contemplation inquiète52 », pour faire émerger un texte vivant qui rende compte d’une certaine angoisse relative aux enjeux de la modernité. Ainsi, les variations de ton renvoient moins à un défi esthétique, qu’à une éthique propre à tout récit, qu’il soit scientifique ou littéraire.

Entre sarcasme, lyrisme et neutralité, le texte ethnographique tente de cerner au mieux le réel. Et c’est dans une empathie contrôlée – savant dosage de sens critique, d’humanisme et d’auto-réflexivité – que ses vertus heuristiques sont les plus manifestes.

Tristes tropiques incarnait pour moi ce juste ton, soutenu par une forme incroyablement originale qui défie la loi des genres (récit de voyage, ethnographie classique, essai philosophique, pamphlet, texte symboliste). Le texte ethnographique se parait avec Lévi-Strauss de la grâce du Livre.

 

 

D’un quiproquo à l’autre

Le titre d’« ethnologue préféré » paraît se justifier par la dimension éthico-esthétique de Tristes tropiques. Il faut toutefois essayer de savoir si derrière cette explication intellectuellement correct il n’y a pas d’autres motifs, moins respectables, autrement dit s’attaquer au mythe de la vocation (moderne), dont l’histoire date de la fin du xviiie siècle et qui est devenue aujourd’hui une « conviction culturelle générale53 ».

Au commencement de ma carrière d’ethnologue, il pourrait bien y avoir une série de quiproquos. Tout d’abord, c’est un coup de cœur littéraire qui m’a fait entrer dans le monde de la science54. Je pense alors à une nouvelle de Tabucchi55. Un groupe de jeunes amis se retrouve à un café pour se projeter dans leur imminente vie d’étudiants, quand l’un d’eux arrive bouleversé.

Il a été victime d’une erreur administrative. Lui qui ne jurait que par les Lettres classiques, on l’a inscrit en Droit.

Sacrilège. Il se rend aussitôt au secrétariat pour tirer au clair cette affaire. L’employé lui répond qu’il s’agit d’une « petite équivoque sans solution ».

L’amoureux des Lettres s’affole. L’employé le rassure : sa langue a fourché. Il voulait dire une « petite équivoque sans importance ». Il arrive qu’un destin bascule sur un lapsus.

Dans mon cas, il n’y a pas eu d’erreur administrative ou de lapsus. Mais il y a bel et bien eu une petite équivoque, ne serait-ce que sur le terme même d’« ethnologue ». Je ne savais pas très bien à quoi cela renvoyait exactement, mais le mot en soi sonnait bien. Et puis derrière lui on entendait des échos d’humanisme, des murmures d’aventure, sur fond d’érudites litanies. Il contenait tout l’imaginaire d’un gai savoir où l’heure et la sueur n’ont pas de prix. C’était bien plus chic que journaliste, avocat, médecin, chef d’entreprise ou directeur de cabinet… Il fallait se jeter à l’eau, et se laisser porter par le courant sémantique du mot.

C’est ce qu’explique parfaitement Judith Schlanger lorsqu’elle écrit que « d’une certaine façon, le terme en sait plus que moi et c’est pourquoi je m’en réclame56 ».

Pour elle, il existe plusieurs catégories de vocations, lesquelles se caractérisent par leur approximation, et qui renvoient à des positions plus ou moins valorisées dans la société. C’est donc par rapport à un stéréotype assez flou que l’individu incertain s’oriente, et c’est à lui qu’il incombe ensuite de préciser le sens de sa vocation.

La catégorie ne vaut rien en soi, c’est l’individu qui l’habite qui fait tout. Peintre, écrivain, architecte, professeur, policier, boulanger : derrière ces métiers se cachent autant de réalités à inventer selon qui l’on est ou ce que l’on veut être. Pour ce qui est de l’ethnologue, le flou est d’autant plus grand que les querelles internes entre les « anciens » et les « modernes » (et maintenant les « post-modernes »), sont assez virulentes, et que désormais le sociologue lui emprunte sa méthode fétiche : l’enquête ethnographique.

 

Survival

  Vidéo Entretien: De Tristes Tropiques, avec Patrick Menget, Anthropologue, Président de Survival International France, Ancien élève de Claude Lévi-Strauss.

Qu’est-ce que l’ethnologie aujourd’hui ? Bienheureux celui qui pourrait donner une définition qui fasse l’unanimité.

Dans cet imbroglio idéologico-politique, l’étudiant un tantinet éclectique, à moins de suivre d’emblée les grandes lignes tracées par un mandarin, ne peut que tâtonner. Pour asseoir une argumentation, au petit bonheur la chance il avance un auteur qui lui paraît pertinent, priant pour que l’interlocuteur – proche ou lointain – qui évalue sa compétence soit du même camp que le courant convoqué. Sinon il n’a plus qu’à changer de vocation. Voilà donc une première source d’équivoques. Quant à savoir si elle est sans importance ou sans solution, seul l’avenir peut le dire.

La deuxième hypothèse renvoie aux illusions de « l’âge lyrique » (Kundera). La première fois où la couverture de Tristes tropiques m’apparut en format poche, c’était dans les mains d’une jeune et jolie étudiante recroquevillée dans un coin d’escalier menant à l’amphithéâtre principal. Nous étions en première année de sciences politiques, l’ouvrage n’était recommandé par aucun professeur.

Que faisait-elle avec ce livre cinq minutes avant un cours de droit constitutionnel ? Malgré la foule d’étudiants qui montaient et descendaient les marches dans un grouillement bruyant, elle ne démordait pas de sa lecture. Ses doigts s’accrochaient à la couverture, coupant en deux le visage du jeune Indien qui servait d’illustration. De ce dernier on ne voyait plus que le regard mélancolique.

Cette photographie mentale, toujours vivace, participe-t-elle de mon amour de Lévi-Strauss ?

Et si, à la place de Tristes tropiques, elle avait eu entre les mains L’Alchimiste de Paulo Coehlo, serais-je allé sur-le-champ à la recherche de ma « légende personnelle » ? Fort heureusement le hasard m’a épargné cette lubie.

Ce fut Lévi-Strauss, et ce fut bien ainsi. Enfin on en revient toujours à cette idée du quiproquo. Au fait qu’une vocation ne tienne parfois qu’à une photo.

Pour Lévi-Strauss, tout s’est joué sur un coup de téléphone. C’est moins l’appel de l’ethnologie57 que celui de Célestin Bouglé qui fut déterminant. Automne 1934. Neuf heures du matin. Un dimanche comme les autres. Le téléphone sonne. Le directeur de l’École normale supérieure est à l’autre bout du fil.

Cet appel est d’autant plus curieux que l’ancien élève n’a jamais vraiment fait partie de « l’écurie » du directeur. Peu importe, la proposition tombe : « Avez-vous toujours le désir de faire de l’ethnographie ? » Un poste de professeur en sociologie à l’Université de Sao Paulo n’attend plus que sa science. Les faubourgs de la mégalopole regorgent d’Indiens, paraît-il. Pourquoi ne pas leur rendre visite le week-end ? Lévi-Strauss doit donner sa réponse avant midi. Trois heures de réflexion, c’est beaucoup trop quand il s’agit d’une vocation.

Soudain la carte postale du Brésil occupe tout l’écran de son imaginaire : les gerbes de palmiers sont bercées par une brise aux senteurs de cassolette58.

Le « parfum brûlé » du Brésil nourrit ses rêves d’ailleurs ; cette « distillation patiente et fractionnée » lui donne un avant-goût du caractère équivoque de toute situation humaine. Il n’a pas dit oui qu’il est déjà là-bas. Le voici dans la peau d’un explorateur, à l’affût d’un bout de paysage, d’un mot insolite, d’une vision poétique, qui l’air de rien éclairent un aspect particulier de la condition humaine.

Mais il a un doute. Aussitôt la divine odeur envolée, la proposition du directeur lui semble avoir été faite à la légère. Bouglé ne confond-il pas Sao Paulo et Mexico ? Y a-t-il vraiment des Indiens là-bas ? Leur absence condamnerait les week-ends de l’ethnographe à se transformer en longues séances de bronzage sur les plages brésiliennes.

Le futur professeur de sociologie a de bonnes raisons de remettre en cause les propos du directeur. Philosophe ayant écrit un ouvrage sur le régime des castes en Inde, Bouglé n’y a curieusement jamais mis les pieds, pensant avec une condescendante naïveté que « dans le flux des événements ce sont les institutions qui surnagent59 ».

Mais Lévi-Strauss est trop enthousiaste pour compromettre son voyage. Il dit oui. Quelques jours plus tard, invité à la table de l’ambassadeur du Brésil à Paris, il apprend de la bouche de ce dernier que tous les Indiens ont disparu depuis longtemps, massacrés par les colons portugais au xvie siècle. Il reçoit toutefois la garantie que, malgré l’absence des Indiens, le pays reste un merveilleux objet d’étude :

« Vous allez, comme sociologue, découvrir au Brésil des choses passionnantes, mais les Indiens, n’y songez plus, vous n’en trouverez plus un seul60… »

En réalité, les Indiens dont il rêve sont à trois mille kilomètres plus avant dans les terres.

Finalement, Tristes tropiques est un récit de quiproquos : sur le métier d’ethnographe, sur les bons sauvages, sur le temps qui passe, sur les mirages du destin. Et sa contribution à la promotion de Lévi-Strauss comme « ethnologue préféré » (au mépris de sa production théorique) s’inscrit dans le même esprit d’équivoque, renforcé par les contingences affectives.

Mais ce titre est remis en jeu à chaque relecture. Ce qui m’enchantait hier peut demain m’agacer.

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Par ailleurs, dans un coin de la bibliothèque, il y a Les Argonautes du Pacifique qui me fait de l’œil, et je me surprends à rougir de lui avoir refusé la tendresse qu’il mérite. Juste à côté, il y a aussi la Chronique des Indiens Guayaki qui réclame toute mon empathie. Je ne sais plus où donner de la tête tellement il y a de livres et d’auteurs à aimer. En cas d’incendie, pour ne pas faire de jaloux, je pourrais être tenté de laisser les flammes préférer à ma place. Ne plus faire confiance même à la chance. S’en remettre au pur hasard, loin de toute idée de destinée.

Et écouter tout simplement la musique des flammes.

 

 

 

Adolphe Maillot

 

CRLHOI, Université de La Réunion

 

 

Publié sur Fabula L.H.T. le 1 mars 2008.

 

 

 

Notes :

1 V. Debaene, « Ethnographie/Fiction. À propos de quelques confusions et faux paradoxes », L’Homme, n° 175-176, 2005, p. 228.

2 Dans l’ethnologie classique, le « je » était cantonné au carnet d’enquête. Que ce hors-texte soit ensuite érigé en texte, comme ce fut le cas pour le Journal de Malinowski, relève ensuite de stratégies éditoriales.

3 J.-P. Olivier de Sardan, « Le “je” méthodologique – Implication et explicitation dans l’enquête de terrain », Revue Française de Sociologie, vol. 41, n° 3, 2000, p. 417.

4 R. Barthes, Mythologies [1957], Paris, Éditions du Seuil, coll. « Points essais », 1970, p. 10.

5 R. Guidieri, « Introduction », dans B. Malinowski, Journal d’ethnographe [1967], Paris, Éditions du Seuil, coll. « Recherches anthropologiques », 1985, p. 13.

6 L. Dumont, Essais sur l’individualisme. Une perspective anthropologique sur l’idéologie moderne [1983], Paris, Éditions du Seuil, coll. « Points essais », 1991, p. 13.

7 R. Barthes, « Le grain de la voix », Œuvres complètes IV. 1972-1976, Paris, Éditions du Seuil, 2002, p. 149.

8 Ibid., p. 150-151.

9 P. Campion, « De l’anthropologie à la littérature : Tristes tropiques de Lévi-Strauss », La littérature à la recherche de la vérité, Paris, Éditions du Seuil, coll. « Poétique », 1996, p. 338.

10 F. Keck, « Fiction, folie, fétichisme. Claude Lévi-Strauss entre Comte et La Comédie humaine », L’Homme, n° 175-176, 2005, p. 216.

11 J. Gracq, En lisant, en écrivant, dans Œuvres complètes, t. II, Paris, Gallimard, coll. « Bibliothèque de La Pléiade », 1995, p. 674.

12 R. Barthes, « Ecrivains et écrivants », Essais critiques, Paris, Éditions du Seuil, 1964.

13 G. Genette, Fiction et diction [1991], Paris, Éditions du Seuil, « points essais », 2004, p. 87.

14 Ibid., p. 111.

15 On peut supposer que cette gloire par défaut a eu son importance dans le fait qu’il se soit présenté une deuxième fois – illégalement – avec La vie devant soi (sous le pseudonyme d’Emile Ajar), pour l’obtention du prix en 1975. Prix qui lui sera retiré après la découverte de la supercherie.

16 Il s’agit d’un destin provisoire. À tout moment, en effet, il peut perdre sa littérarité. Toutefois, on peut penser que le récit de Lévi-Strauss gardera sa parure littéraire jusqu’à la fin des temps. Comme le note Gérard Genette, « il est plus facile à un texte d’entrer dans le champ littéraire que d’en sortir » (op. cit., p. 108), surtout lorsque ce texte a tout d’un classique.

17 V. Debaene et J.-L. Jeannelle, « Où est la littérature ? », L’idée de littérature dans les années 1950, URL : http://www.fabula.org/colloques/document66.php.

18 « Plutôt qu’anthropologie, il faudrait écrire “entropologie” le nom d’une discipline vouée à étudier dans ses manifestations les plus hautes ce processus de désintégration. » (Lévi-Strauss, Tristes tropiques [1955], Paris, Presses Pocket, coll. « Terre Humaine/Poche », 1984, p. 496). Ce néologisme est construit à partir du substantif « entropie », phénomène physique que Lévi-Strauss considère comme inhérente à la dynamique de toute civilisation.

19 Verlaine, « L’angoisse », Poèmes saturniens, dans Œuvres poétiques complètes, Paris, Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 2002, p. 65.

20 J.-P. Richard, « Fadeur de Verlaine », Poésie et profondeur, Paris, Éditions du Seuil, coll. « Points essais », 1976, p. 175.

21 C. Lévi-Strauss, Tristes tropiques, op. cit., p. 496.

22 Ibid., p. 497.

23 Cet adieu avait déjà eu lieu dans le chapitre VII intitulé « Le coucher de soleil », plus précisément lors du passage « écrit en bateau », détaché du texte principal et retranscrit en italique. Néanmoins l’interprétation de ce passage est ambiguë. Il pourrait tout aussi bien être une « sorte d’adieu à la littérature : comme on quitte ici l’Ancien Monde pour aller vers le Nouveau, on quitterait donc aussi les vieilles formes de l’écriture », que « revêtir la signification exactement opposée » (P. Campion« De l’anthropologie à la littérature : Tristes tropiques de Lévi-Strauss », art. cit., p. 325).

24 C. Lévi-Strauss, Tristes tropiques, op. cit., p. 496.

25 Verlaine, « Ariettes oubliées », Romances sans paroles, op. cit., p. 192.

26 De près et de loin, entretiens avec D. Éribon, Paris, Éditions du Seuil, coll. « Points », 1988, p. 130.

27 C. Lévi-Strauss, Tristes Tropiques, op. cit., p. 453.

28 A. Compagnon, Le Démon de la théorie. Littérature et sens commun [1998], Paris, Éditions du Seuil, coll. « Points essais », 2001, p. 47.

29 « Ces récits mêlent, avec plus ou moins d’art, la description monographique, le témoignage social et l’autobiographie ethnologique. Le genre s’en est institutionnalisé avec le temps, mais il reste terriblement personnalisé et littéraire. » (J. Copans, L’Enquête ethnologique de terrain, Paris, A. Colin, coll. « 128 sciences sociales », 2005, p. 34).

30 C. Dantzig, Dictionnaire égoïste de la littérature française, Paris, Grasset, 2005, p. 477.

31 C. Geertz, Ici et là-bas. L’anthropologue comme auteur, Paris, Métailié, 1996, p. 47.

32 A. Thibaudet, « La ligne de vie », Réflexions sur la littérature, Paris, Gallimard, coll. « Quarto », 2007.

33 DEA de Littérature Comparée : « Lévi-Strauss : de l’ethnologue à l’écrivain », s/d de G. Ponnau, Université de la Réunion, 2003. Ce mémoire a été réalisé en même temps que la première année de doctorat d’ethnologie (double cursus).

34 P. Lejeune, « Michel Leiris : Autobiographie et poésie », Le Pacte autobiographique [1975], Paris, Éditions du Seuil, coll. « Points essais », 1996, p. 265.

35 Pour captivante qu’elle fût, la description de la fabrication d’un « masawa » (canot de haute mer) ne pouvait pas rivaliser avec l’émotion générale qui parcourt l’ouvrage de Lévi-Strauss. Et pour cause, ce n’était pas son but. Pour le pathos, il fallait se tourner vers son Journal (qui n’était pas destiné à la publication).

36 Ce choix pose un problème éthique propre à la discipline, dans la mesure où cela suppose que l’ethnographe agisse comme un rapace : « Il doit se montrer chasseur dynamique, talonner sa proie, la diriger vers les rets et la poursuivre jusqu’en ses derniers retranchements. » (B. Malinowski, Les Argonautes du Pacifique occidental [1929], Paris, Gallimard, coll. « Tel », 2002, p. 65).

37 C. Lévi-Strauss, Tristes Tropiques, op. cit., p. 382.

38 M. Augé, « Voyage et ethnographie – La vie comme récit », L’Homme, n° 151, 1999, p. 16.

39 C. Geertz, Ici et là-bas, op. cit., p. 18.

40 F. Laplantine, Je, nous et les autres, Paris, Le Pommier-Fayard, 1999, p. 117.

41 J.-P. Olivier de Sardan, « Le “je” méthodologique – Implication et explicitation dans l’enquête de terrain », art. cit., p. 421.

42 V. Debaene, « Ethnographie/Fiction. À propos de quelques confusions et faux paradoxes », art. cit., p. 229.

43 J.-C. Passeron, Le Raisonnement sociologique [1991], Paris, Albin Michel, coll. « Bibliothèque de l’Evolution de l’Humanité », 2006, p. 357.

44 A. Thibaudet, « Le liseur de romans », Réflexions sur la littérature, op. cit., p. 1667.

45 Ibid., p. 1669.

46 Ibidem.

47 P. Bourdieu, « L’illusion biographique », Raisons pratiques. Sur la théorie de l’action [1994], Paris, Éditions du Seuil, coll. « Points essais », 2002, p. 81.

48 A. Thibaudet, « La ligne de vie », art. cit., p. 823.

49 B. Lahire, « Sociologie et autobiographie », L’Esprit sociologique, Paris, La Découverte, coll. « Laboratoire des sciences sociales », 2005, p. 162.

50 C. Geertz, Ici et là-bas, op. cit., p. 36.

51 P. Schoentjes, Poétique de l’ironie, Paris, Éditions du Seuil, coll. « Points essais », 2001, p. 61.

52 C. Pavese, Le Métier de vivre [1958], Paris, Gallimard, « folio », 2002, p. 25-26.

53 J. Schlanger, La Vocation, Paris, Éditions du Seuil, coll. « La couleur de la vie », 1997, p. 7

54 Tristes tropiques a poussé beaucoup de jeunes chercheurs vers l’ethnologie (F. Dosse, Histoire du structuralisme : le champ du signe, 1945-1966, Paris, La Découverte, 1991). Ce qui est singulier à chaque trajectoire individuelle, c’est la combinaison entre plusieurs facteurs, ainsi que leur hiérarchie dans la décision finale de devenir ethnologue.

55 A. Tabucchi, Petites Équivoques sans importance [1985], Paris, Gallimard, coll. « NRF », 2006.

56 J. Schlanger, La Vocation, op. cit., p. 80.

57 « Aujourd’hui, je me demande parfois si l’ethnographie ne m’a pas appelé, sans que je m’en doute, en raison d'une affinité de structure entre les civilisations qu’elle étudie et celle de ma propre pensée. » (C. Lévi-Strauss, Tristes Tropiques, op. cit., p. 55).

58 Ibid., pp. 47-48

59 Ibid., p. 48

60 Ibid., p. 49

 

 

 

 

 

Pour citer cet article :

Adolphe Maillot, « L’ethnologue préféré : Le Lévi-Strauss de Tristes tropiques », dans « L’écrivain préféré » , Fabula LHT (Littérature, histoire, théorie), n°4, 1 mars 2008, URL :

 

 

 

Biographie et bibliographie

Claude Lévi-Strauss: Anthropologue, Ethnologue et écrivain français.

Né à Bruxelles de parents français, le 28 novembre 1908, Claude Lévi-Strauss étudie à Paris le droit jusqu'à la licence, et la philosophie; il est reçu à l'agrégation de philosophie en 1931. Tout en enseignant cette discipline, il milite activement à la SFIO. Sa carrière d'ethnologue débute en 1934, lorsqu'il est invité à venir enseigner la sociologie à São Paulo, où il restera jusqu'en 1939. C'est à cette occasion qu'il séjourne parmi les populations indiennes nambikwaras, caduvéos et bororos, et mène ses seules enquêtes de terrain.

Rentré en France, mobilisé au service des PTT, puis affecté au lycée de Montpellier, il réussit, après sa révocation en raison des lois raciales, à se rendre aux Etats-Unis en 1941, sur un paquebot où il voyage avec André Breton. Il enseigne à l'Ecole libre des hautes études, et à la New School for Social Research de New York; c'est alors qu'il découvre les travaux fondamentaux de la linguistique et de l'anthropologie, et notamment ceux de Roman Jakobson (1896-1982) et de Franz Boas (1858-1942).

 

De 1945 jusqu'à la fin de 1947, il est conseiller culturel auprès de l'ambassade de France à Washington. En 1948, il publie la Vie familiale et sociale des Indiens Nambikwara et soutient sa thèse les Structures élémentaires de la parenté. Ces deux premières œuvres, significatives, le font docteur d'Etat. 

D'abord maître de recherches au CNRS puis sous-directeur du musée de l'Homme, il est ensuite nommé directeur d'études à la 5e section (dite des sciences religieuses) de l'Ecole pratique des hautes études, à l'ancienne chaire de Marcel Mauss, rebaptisée «chaire des religions comparées des peuples sans écriture». C'est l'époque de maturation, avec le très célèbre Tristes Tropiques (1955; Race et Histoire était paru en 1952) et le recueil d'articles qui va définir son projet scientifique, Anthropologie structurale (1958). 

La troisième étape de sa carrière est celle de la célébrité internationale. En 1959, il est élu à la chaire d'anthropologie sociale du Collège de France; il y fonde l'année suivante le laboratoire d'anthropologie sociale et la revue l'Homme. Ses travaux sont alors marqués par une double réflexion: d'une part, l'élaboration théorique de l'objet même de l'anthropologie, dans le Totémisme aujourd'hui et surtout dans son œuvre majeure, la Pensée sauvage; d'autre part, l'application de ces principes dans l'imposante tétralogie de plus de 2 000 pages, les Mythologiques (le Cru et le Cuit, Du miel aux cendres, l'Origine des manières de table, et l'Homme nu). La consécration vient en 1973 avec son élection à l' Académie française

L'œuvre n'est pas terminée pour autant. Les recueils d'articles, de comptes rendus de séminaires et d'entretiens se multiplient, même après la retraite, prise en 1982 (le Regard éloigné, 1983; Paroles données, 1984; De près et de loin, 1988; Des symboles et leurs doubles, 1989). Par ailleurs se poursuit la quête des mythologies par une approche esthétique dans la Voie des masques, et la reprise de certains mythes dans la Potière jalouse et Histoire de lynx. Il éclaire les arcanes de sa pensée à travers les essais esthétiques de Regarder Ecouter Lire. 

L'œuvre de Claude Lévi-Strauss symbolise l'avènement de l'anthropologie dans le champ des sciences sociales françaises au cours des années 1960, et elle a participé du courant d'idées qualifié de structuraliste. Fondée sur l'élucidation du fonctionnement de l'esprit humain, l'interprétation théorique manifeste une recherche des liens entre nature et culture, notamment dans les systèmes de parenté et la production des mythes. Sa vision pessimiste de l'évolution actuelle de l'humanité fait aussi apparaître Lévi-Strauss comme un anthropologue philosophe, héritier de Jean-Jacques Rousseau. En outre, il ne cesse de manifester un vif intérêt pour les créations et les conceptions esthétiques des sociétés qu'il étudie et pour celles de la sienne.

Plus sur: http://www.memo.fr/dossier.asp?ID=304

Œuvres (premières éditions)

Photo/Collection DVD:Claude Lévi-Strauss, un film d'entretiens réalisé dans la propriété bourguignonne de Claude Lévi-Strauss en 1972 par Jean José Marchand et Pierre Beuchot.

 

Liste non exhaustive ; la plupart des titres sont aujourd'hui disponibles en collection poche.

  • Gracchus Babeuf et le communisme, publié par la maison d'édition du Parti ouvrier belge L'églantine en 1926.
  • La Vie familiale et sociale des Indiens Nambikwara, Paris, Société des américanistes, 1948.
  • Les Structures élémentaires de la parenté, Paris, PUF, 1949 ; nouv. éd. revue, La Haye-Paris, Mouton, 1968.
  • « Introduction à l'œuvre de Marcel Mauss », dans Marcel Mauss, Sociologie et anthropologie, Paris, PUF, 1950.
  • Race et Histoire, Paris, UNESCO, 1952.
  • Tristes Tropiques, Plon, Paris, 1955.
  • Anthropologie structurale, Paris, Plon, 1958 ; nombreuses rééd. Pocket, 1997. (ISBN 2-266-07754-6)
  • Le Totémisme aujourd'hui, Paris, PUF, 1962.
  • La Pensée sauvage, Paris, Plon, 1962.
  • Mythologiques, t. I : Le Cru et le cuit, Paris, Plon, 1964.
  • Mythologiques, t. II : Du miel aux cendres, Paris, Plon, 1967.
  • Mythologiques, t. III : L'Origine des manières de table, Paris, Plon, 1968.
  • Mythologiques, t. IV : L'Homme nu, Paris, Plon, 1971.
  • Anthropologie structurale deux, Paris, Plon, 1973.
  • La Voie des masques, 2 vol., Genève, Skira, 1975 ; nouv. éd. augmentée et rallongée de « Trois Excursions », Plon, 1979.
  • (en) Myth and Meaning, Londres, Routledge & Kegan Paul, 1978.
  • Le Regard éloigné, Paris, Plon, 1983.
  • Paroles données, Paris, Plon, 1984.
  • Histoire de Lynx, Paris, Pocket, 1991. (ISBN 2-266-00694-0)
  • Regarder écouter lire, Paris, Plon, 1993. (ISBN 2-259-02715-6)
  • Saudades do Brasil, Paris, Plon, 1994. (ISBN 2-259-18088-4)
  • Le Père Noël supplicié aux éditions des Sables, sur la route de l'Eglise à Pin-Balma, 1996 (pour cette édition) (ISBN 2-907530-22-4)
  • Œuvres, préface par Vincent Debaene ; édition établie par Vincent Debaene, Frédéric Keck, Marie Mauzé, et al., Paris, Gallimard, « Bibliothèque de la Pléiade », 2008. (ISBN 978-2-07-0118021) (Ce volume réunit Tristes tropiques ; Le totémisme aujourd'hui ; La pensée sauvage ; La voie des masques ; La potière jalouse ; Histoire de lynx ; Regarder écouter lire avec une bibliographie des oeuvres de et sur Claude Lévi-Strauss).

CULTUREINTERNET/S.I.D.H

http://www.dailymotion.com/CULTUREINTERNET 

Page dédiée à Survival International pour son action dans le Monde à défendre et faire respecter les droits des peuples indigènes, continuant ainsi le travail de Claude Lévi-Strauss et la transmission de son message aux générations futures..Remerciement à Patrick Menget, Anthropologue, Président de Survival International France, élève de Claude Lévi-Strauss.

Survival.

www.survivalfrance.org

10 juillet 2011

SITE FRANCE/CHARTRES: CAPITALE MONDIALE DES LUMIERES...

 

 

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La ville de Chartres méritait d'avoir une fête populaire, la qualité du patrimoine s'impose naturellement dans une ville aussi riche historiquement, dominée par cette superbe cathédrale classée patrimoine mondial de l'UNESCO.

Naturellement s'est imposée la mise en valeur d'un patrimoine que beaucoup nous envient. Chartres, connue aussi par la qualité de ses vitraux, le lien était créé : le patrimoine et la lumière.

 

 

Ainsi est née Chartres en Lumières. Septembre 2003 fut le début d'une grande aventure, une aventure artistique, humaine et surtout une rencontre avec les Chartrains et un public.

A travers ce site internet, nous vous proposons de découvrir ou de redécouvrir la ville de Chartres comme vous ne l'avez jamais vue.

 

 

2011, vous permettra d'avril à septembre de découvrir 26 sites parsemés dans notre belle ville, pour conclure les 17 et 18 septembre sur le grand moment de l'année, La Fête de La Lumière. Bonne visite et à bientôt dans les lumières d'un soir d'été.

 

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© PRODUCTION MAIRIE DE CHARTRES
© XRS - SCENOGRAPHIE, Xavier DE RICHEMONT - Crédit Photos F. DELAUNEY
Conception & Réalisation du site Internet ©
GFCOM - [2006 - 2010]

     

© Site Officiel : www.chartresenlumieres.com

 

3 juillet 2011

ECHO D'AFRIQUE: UNE OMBRE PLANE SUR LES MONTS NOUBA...

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N'oublions pas le peuple Nouba!

par Hervé Cheuzeville

Le 9 juillet, le Sud Soudan sera indépendant. Temps de réjouissance pour les Sud-Soudanais, après deux terribles guerres qui durèrent respectivement 16 et 22 années. Cependant, l’indépendance du Sud-Soudan risque d’avoir un effet pervers : celui d’aggraver la situation des minorités ethniques et religieuse dans ce qui restera du Soudan. Avec la sécession du Sud à majorité chrétienne, les non Musulmans du reste du Soudan vont se retrouver encore plus minoritaires, encore plus isolés, face à une dictature militaro-islamiste au pouvoir à Khartoum depuis le 30 juin 1989 (22 ans!)

Je pense en particulier (mais pas seulement) au peuple Nouba. Ce peuple vit dans une zone montagneuse du Sud-Kordofan, une région située au sud de ce qui restera du Soudan après le 9 juillet. Ce peuple a une histoire peu ordinaire : il est constitué des débris de tribus africaines qui, venus de régions différentes d’Afrique, avaient trouvé refuge dans ces montagnes pour échapper aux chasseurs d’esclaves arabes. C’est pourquoi les Noubas parlent une multitude de dialectes d’origines fort différentes. Certains ont gardé leur religion traditionnelle, tandis que d’autres ont adopté (parfois de manière superficielle) le Christianisme ou l’Islam. Ces Monts Noubas sont entourés de populations entièrement arabisées et islamisées. Vivant à l’écart du monde moderne, les Noubas ont acquis une certaine notoriété dans les années 60 grâce aux photos de Leni Riefsenthal, la cinéaste d’Hitler qui passa de l’exaltation cinématographique des athlètes aryens (Les Dieux du Stade, 1936) à celle, photographique cette fois, des athlètes noubas.

Pendant la deuxième guerre du Sud-Soudan (1983-2005), les Noubas se sont majoritairement ralliés à l’Armée de Libération des Peuples du Soudan (SPLA) dans la lutte contre le régime de Khartoum. Ils ont payé très cher ce choix, et ils n’ont malheureusement pas fini de le payer. L’armée du dictateur Omar Hassan al-Béchir les a impitoyablement réprimés, se livrant à un véritable nettoyage ethnique dans les Monts Noubas, loin des caméras des grands médias internationaux. Je devais d’ailleurs décrire ces évènements dans mon premier livre, paru en 2003: « Kadogo, enfants des guerres d’Afrique Centrale » (L’Harmattan). Même les Noubas musulmans ne furent pas épargnés par la soldatesque d’al Béchir, leurs pratiques religieuses n’étant sans doute pas assez orthodoxes aux yeux des islamistes au pouvoir à Khartoum. Nombre de mosquées (et d’églises) furent ainsi brûlées par l’armée du régime, et la population massivement déplacée dans des camps en dehors des Monts Noubas, afin de la garder sous contrôle.

En janvier 2005, la SPLA et le régime d’al Béchir ont signé un accord de paix à Nairobi. Conformément à cet accord, un référendum a été organisé dans la partie sud du Soudan en janvier 2011. Les Noubas n’ont pas pu y participer, puisque les Monts Noubas ne sont pas situés, tant géographiquement qu’administrativement, au Sud. Les Sud-Soudanais ont massivement voté pour l’indépendance, et cette dernière deviendra effective le 9 juillet. Le destin des Noubas semble donc scellé : ils vont rester « Soudanais » et vont continuer à faire face à la politique sectaire et brutale des autorités de Khartoum. Voici le contenu d’une dépêche de l’agence Fides du 16 juin dernier :

Les combats se poursuivent à Kadugli, la capitale du Sud Kordofan, à la frontière entre le nord et le Sud Soudan, entre l’armée du nord et celle du sud. « Sur les Monts Nuba, les écoles sont fermées et les enseignants ont été évacués » déclare à l’Agence Fides Sœur Carmen, une missionnaire combonienne mexicaine qui œuvre dans la zone. Les Monts Nuba font partie du Sud Kordofan. « Les hôpitaux continuent à être opérationnels. Dans l’un d’entre eux, géré par les missionnaires, ont été hospitalisés 85 militaires blessés lors des affrontements à Kadugli. Il faut plus de personnel pour faire face à l’urgence » ajoute la missionnaire.

« De jour, la population fuit sur les hauteurs qui entourent les villages pour revenir dans leurs maisons le soir. De nuit en effet, il n’y a pas de bombardements parce que les avions de Khartoum ne disposent pas de systèmes de visée nocturne » déclare Sœur Carmen, qui a assisté personnellement à un bombardement effectué par les avions de Khartoum. « Voici deux jours, alors que j’accompagnais un certain nombre de personnes dans la zone de Kauda – raconte Sœur Carmen – j’ai assisté personnellement à un bombardement aérien. J’ai vu des avions de combat s’approcher rapidement et, après une rapide reconnaissance, revenir à basse altitude pour lancer les bombes et faire feu avec les armes du bord. Nous nous sommes jetés à terre alors qu’autour de nous les bombes explosaient. Cela a été terrible ».

Une jeune Nouba de Korongo transportant sur sa tête un pot de bière locale. Les scarifications de sa poitrine sont obtenues en incisant la chair et en mêlant à la plaie de la cendre de bois. Soudan, Kordofan, 1949_http://jacqver.pagesperso-orange.fr/texte/noubas/noubas.htm

 

Sœur Carmen conclut en indiquant la question que lui pose continuellement la population locale : « Mais où est la communauté internationale ? » Selon un communiqué envoyé à Fides par la Caritas internationalis, plus de 60.000 personnes ont été contraintes à fuir les combats au Sud Kordofan alors que la situation humanitaire est grave du fait du manque de nourriture, d’eau et de médicaments. (L.M.) (Agence Fides 16/06/2011)

Il est à craindre que cette guerre secrète – mais néanmoins meurtrière -  contre le peuple Nouba se poursuive et s’aggrave après le 9 juillet, à l’abri des regards de la communauté internationale. Il est donc urgent de sensibiliser cette dernière au sort de cette minorité, afin qu’elle puisse être protégée des exactions du régime militaro-islamiste de Khartoum.

Hervé Cheuzeville

(auteur de trois livres: « Kadogo, Enfants des guerres d’Afrique centrale », L’Harmattan, 2003; « Chroniques africaines de guerre et d’espérance », Éditions Persée, 2006; « Chroniques d’un ailleurs pas si lointain – Réflexions d’un humanitaire engagé », Éditions Persée, 2010).

crédit photos: LES NOUBA DE KAU/Edition du Chêne:Cliquez sur le lien ci-dessous

http://www.autourdumonde.biz/soudan/13962-les-nouba-de-kau-9782842770389.html

30 juin 2011

MUSIQUE:PRINCE EN CONCERT: REAL MUSIC BY REAL MUSICIANS...PURPLE RAIN TO PARIS 2011

Un contrôle total de son art

Musicien autodidacte, Prince est capable de jouer de plus de 20 instruments et enregistre ses albums entièrement seul. À l'instar de Stevie Wonder, il enregistre chaque instrument l'un après l'autre pour former la chanson complète. On relate ainsi son processus de création : partant d'un instrument (par exemple le piano), il compose sa mélodie. Puis, il ajoute ou supprime d'autres instruments au fur et à mesure, jusqu'à ce que le résultat lui convienne. Il termine en général par les voix.

En étant seul dans le studio, il peut enregistrer sans aucune limite, avec des ingénieurs du son effectuant un roulement toutes les huit heures à la console. Certaines de ses compositions ont nécessité plus de 24h de travail en continu. Il passe ensuite derrière la console et enregistre lui-même les voix et s'occupe du mix final. À ce rythme, il indiquait à la fin des années 1990 avoir en réserve plus d'un millier de chansons inédites soit l'équivalent de plus de 60 albums d'avance (si on compte 15 titres par album).

Sur scène, Prince est aussi considéré comme un artiste majeur. Ses spectacles reposent sur une structure musicale souvent agrémentée de longs passages improvisés. Le contenu change ainsi très régulièrement. Bien que certaines tournées aient été très élaborées, Prince n'a jamais eu besoin de recourir à des effets spéciaux ou des chorégraphies millimétrées. Ses talents de danseur, de guitariste, de chanteur et de meneur de revue suffisent à produire un spectacle de grande qualité.

Pour arriver à ce niveau de performance, Prince est un perfectionniste : il filme tous ses concerts puis revisionne les bandes dans la nuit et décide de ce qui est à modifier le lendemain.

Les concerts officiels se prolongent occasionnellement dans des salles plus petites. Ce sont les fameux « aftershows », des prestations largement improvisées et jouées jusqu'au lever du jour… ou jusqu'à la fermeture de la salle. Ces concerts intimistes permettent de présenter un autre aspect de l'œuvre de Prince, et parfois d'assister à la création en direct de nouvelles œuvres musicales.

« Real music by real musicians » : tel était son mot d'ordre lors de la tournée de 2002, un principe appliqué depuis les débuts de sa carrière...

http://www.musicme.com/#/Prince/concerts/

 

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1 janvier 2011

MUSIQUE: "PLUS VIVANT" Pascal Lokua Kanza


LOKUA - KANZA : PLUS VIVANT...
envoyé par afriqueredaction. - Clip, interview et concert.

Lokua_Kanza

Lokua Kanza, Pascal Lokua Kanza, est un musicien, auteur, compositeur et chanteur né le 11 avril 1958 à Bukavu en République démocratique du Congo.

Lokua Kanza est issu de l'union d'un père congolais et d'une mère rwandaise à Bukavu au Kivu dans la République démocratique du Congo, le Congo belge à l'époque. Très vite, la famille Kanza s'installe à Kinshasa, la capitale; une occasion pour le jeune Pascal de fréquenter les chorales chrétiennes mais aussi de se laisser gagner par l'ambiance musicale de l'époque, dominée par des "monstres sacrés" comme Grand Kalle ou Franco Luambo Makiadi. Initié à la musique par Ray Lema, avec lequel il collaborera, il s'inscrit au Conservatoire de Kinshasa avant de prendre la tête, à 19 ans seulement, du Ballet national de Kinshasa.

Cette opportunité lui permet de joindre la formation d'Abeti Masikini, auprès de laquelle il acquiert une expérience sans précédent. Il vit en France depuis 1984, année durant laquelle il suit un temps les cours de jazz de Pierre Cullaz à Paris. Il retrouve ensuite Ray Lema et participe à l'album "Bwana Zoulou Gang".

Lokua Kanza & Gerald Toto

Il devient l'arrangeur de la star Papa Wemba, notamment sur l'album "Le Voyageur". En 1991, il joue avec Manu Dibango, qui l'aide à lancer sa carrière solo. En octobre 1992, il fait la première partie de la béninoise Angélique Kidjo à l'Olympia. C'est à cette époque qu'il rencontre sa choriste, la sénégalaise Julia Sarr, et son percussionniste, Didi Ekukuan, auxquels il reste depuis indéfectiblement lié.

Déjà auteur de 4 albums qui puisent l'inspiration dans son riche bagage multiculturel et multilingue (swahili, kinyarwanda, lingala, français, anglais), il sort en 2005 Plus Vivant, album entièrement écrit en français. On y trouve le titre éponyme, chanté en duo avec Corneille. Ses collaborations artistiques sont nombreuses.

Miriam Makeba, Mama Africa

Il compose pour la diva sud-africaine Miriam Makeba et participe à la confection de la bande originale du film "Saraka Bô" de Denis Amar (1996).

Lokua Kanza Albums, Ecoute & Concert en France:

 

 

 

JUIL

 

 

Samedi 10 juillet 2010 à 19:00
Youssou N'dour+Lokua Kanza+j.marley - Montjoux festival
THONON LES BAINS
Domaine De Montjoux
30,00€


Lokua Kanza : plus vivant - écoute gratuite et téléchargement MP3
album proposé par musicMe


Lokua Kanza : nkolo - écoute gratuite et téléchargement MP3
album proposé par musicMe

17 août 2010

WORLDMUSIQUE: CHARIOT OF FIRE BY ME...

15 août 2010

FRANCE/18 BRUMAIRE ANS II*:PARIS BRULE-T'IL OU L'EMPIRE CONTRE-ATTAQUE?

machine
Photo/No comment: Visage mi-Homme, mi-Rolex/1 montre Rolex contre la nourriture pour une famille de 4 personnes durant 10 ans...

      Vincent Portier Vincent Portier ASSURES DES PROMESSE AUXQUELLES ILS AVAIENT CRU...

      Christophe Nigon: La France ne va si bien que cela Vincent; violence , chomage , mal"bouffe" perte d'identité etc.. 

      Vincent Portier Et si c'était vrai*...?

      *:9 Novembre: Coup d'Etat de Napoléon & Mort de Charles de Gaulle

      A la question: Doit-on éteindre l'incendie?
      Réponse: Je doute que Monsieur Prieur, Général Commandant la brigade des Sapeurs Pompiers de Paris puisse éteindre un incendie allumé par les Français. Les flammes ravagerons l'édifice sans aucun doute, mais Dieu reconnaîtra les siens la haut... Monsieur Sarkozy avais raison sur un point, il aurait été plus en sécurité aux Invalides, voir ailleurs.Je ne m'inquiète pas, je suis Maître d'Oeuvre, et comme pour ground zéro, il y a certaines démolitions qui sont un préalable pour aller vers une réhabilitation, surtout lorsqu'il s'agit de la France. Notre patrie.Ce ne sera pas une première après la Bastille, l'Hôtel de Ville et les Tuilleries...La preuve, le temps passe, les Hommes restent et la France restera Grande, comme les Etats-Unis.


      Il ne faut pas s'y tromper Messieurs, Dieu est derrière. Contredire un Gaulliste, c'est contredire Dieu.
      Nous, nous prierons le 22 Novembre au matin, à Lilles, à Saint-André, pour la naissance du Général de Gaulle et le repos de votre âme. La Croix de Lorraine est morte, vive la Croix d'Anjou, la seule, la vraie. Celle du Roi, celle du coeur de la France, celle de mon pays, celle de ma région, Mauves-Sur-Loires, 44, Loire-Atlantique. Le nom de ma famille et en haut d'une plaque en marbre, à l'entrée de la Chapelle sous l'Epitaphe; Mort pour la France..Et vous Monsieur Sarkozy, qui est mort pour la France dans votre famille? Vous ou personne...? Bonne fin d'année Monsieur le Président d'un pays en ruine, 2010 a continuer votre politique autistique sera votre sacre en enfer.
      MSVP

      François D'alayrac : LETTRE AU PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE FRANÇAISE. - CNI Rhône

      cnirhone.canalblog.com

      CNI

      LETTRE AU PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE FRANÇAISE.

      Partager

      Monsieur le Président,

      Je vous fais cette lettre que vous ne lirez probablement pas, même si vous avez le temps. Je suis né sur cette terre que l'on appelle la France. Je suis enfant du sol ancestral de mes pères. C'est pour cela que la France est ma patrie et que je suis patriote. Je suis né sous le président Coty, un mois avant le retour du Général De Gaulle. J'ai donc grandi sous De Gaulle. Nourri par l'éducation paternelle, par l'instruction publique des «hussards de la république». J'ai appris à aimer la France, son drapeau, sa Marseillaise, ses valeurs. Et l'amour inconditionnel n'allait pas sans un respect absolu. J'ai appris que des étrangers furent abattus par les balles nazis en criant la France. Que des hommes et des femmes sacrifièrent leur vie pour elle. Et qu'il était de mon devoir d'en faire autant si besoin était. J'ai eu la chance de ceux qui n'ont pas connu la guerre et le prix du sang. Et je ne veux pas que mes enfants les connaissent.
      Pourtant. Quand je vois ceux que vous qualifiez hier de racaille, cracher sur nos valeurs, s'essuyer les fesses avec nos trois glorieuses couleurs, siffler notre chant national, insulter mon pays et ses filles, les miennes aussi, quand je les vois jouer les caïds dans nos rues, nous imposer leurs coutumes, violer les lois sacrées de notre république, quand je les vois bien décidés à dynamiter notre république, j'ai peur. Oh, pas pour moi. A mon âge, on ne redoute rien pour soi. Mais pour la France, pour la France et ses enfants, pour notre liberté, trop souvent chèrement conquise. Je croyais la France éternelle et je ne puis aujourd'hui que constater qu'elle saigne des blessures que cette racaille lui inflige.
      Monsieur le Président, je ne veux que la France meure, je ne veux pas mourir en exil dans ma patrie. Je ne veux pas que mes enfants fassent leurs enfants dans les ruines de ce pays où jadis, dieu aimait à vivre.
      Monsieur le Président, je ne voudrais pas fermer la porte à toutes ces années mortes qui sont mon passé et partir sur les chemins qui ne seront plus de France, pour y mendier le toit où je finirai ma vie.
      N'entendez vous pas le grondement pour l'instant sourd qui monte de nos cœurs douloureux ? Pensez-vous que le peuple de France acceptera encore longtemps de se soumettre à cette plèbe qui souille nos villes et nos campagnes? Croyez-vous que la jeunesse de France ne réagira jamais contre cette oppression ?
      Je ne désire pas la guerre. Mais si cela continue, le peuple reprendra les armes.
      Monsieur le Président remettez ce vieux et cher pays sur ses rails. Ou partez. Vous êtes là où vous êtes par la volonté du peuple. N'oubliez pas que le peuple est souverain et qu'il peut vous chasser de cet éden doré où vous êtes enfermé. Ce qui perdit la monarchie, c'est de s'être coupé du peuple dans les fastes de Versailles, la corruption de ce qui n'était plus l'aristocratie, l'impuissance d'un roi qui laissait faire, l'autorité de l'état détruite. Méditez les leçons de l'histoire.
      Je termine, Monsieur le Président, en saluant respectueusement non votre personne, mais votre fonction.

      http://cnirhone.canalblog.com/archives/2010/08/10/18785784.html

    10 août 2010

    BOTSWANA/COUPE DU MONDE DE L'INDIFFERENCE(2): LA MORT POUR UNE POIGNEE DE DIAMANTS...

    Survival Survival

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    Vincent Portier Vincent Portier De Beers, Gem-Diamonds, Démocratie du Botswana...Si les Diamants sont éternelles! Pas les Hommes...SIGNEZ LA PETITION CONTRE LES DIAMANTS DU DIABLE SUR:http://survivalfrance.org/agir/lettres/bushmen/lettres

    L’interdiction d’accès à l’eau prononcée contre les Bushmen du Botswana suscite l’indignation

    Un juge botswanais a statué que les Bushmen de la Réserve du Kalahari central n’avaient pas le droit de forer un puits. Cette décision les condamne à parcourir 380 km pour s’approvisionner en eau dans une des régions les plus arides du monde.

    Les touristes visitant la réserve qui séjourneront au lodge Wilderness Safaris jouiront d’une piscine et d’eau à profusion, tandis que le projet diamantifère de Gem Diamonds bénéficiera de toute l’eau nécessaire à son exploitation – à condition de ne pas en fournir aux Bushmen.

    Le porte-parole bushman Jumanda Gakelebone se désespère : ‘Si nous n’avons pas d’eau, comment allons-nous vivre ?’

    Ecrivez au président botswanais Ian Khama : op.registry@gov.bw pour lui exprimer votre indignation. Si cette boîte ne fonctionne plus, écrivez une lettre postale dont vous trouverez un modèle sur notre site internet.

    http://survivalfrance.org/agir/lettres/bushmen/lettres/done

    L’interdiction d’accès à l’eau prononcée contre les Bushmen du Botswana suscite l’indignation
    7 août 2010

    DIMANCHE 8 AOUT 2010: LECTURE DU LIVRE DE LA SAGESSE/ "Assurés des promesses auxquelles ils avaient cru.."

    Le Jugement Dernier par Rogier van der Weyden - Beaune : musée de l'Hôtel Dieu /La cantate n°147 de Bach -Jésus, que ma joie demeure-par le chœur des étudiants en musicologie de l'université de st-etienne.

    "La foi est le moyen de posséder déjà ce qu'on espère..." (Hébreux. 11. 1) "Dieu éternel et tout-puissant, toi que nous pouvons déjà appeler notre Père, fais grandir en nos coeurs l'esprit filial, afin que nous soyons capables d'entrer un jour dans l'héritage qui nous est promis." (Prière d'ouverture de la liturgie)
     

    soeur_emmanuelle5Préambule:

    L’amour, voilà bien un thème récurrent dans la littérature, la chanson, le cinéma et tout simplement dans nos vies. N’est-il pas d’une banalité de parler d’amour et de ses blessures ? Si c’est peut-être banal d’en parler, nous sentons bien que l’amour est essentiel pour vivre. Sœur Emmanuelle, dont la France s’est émue du décès, nous donne le témoignage d’une vie donnée par amour. J’entends encore, cette petite sœur, il y a vingt ans à Poitiers, dire : « L’amour est plus fort que la mort », expression qu’elle empreinte au Cantique des Cantiques (Ct 8, 6). Elle n’a cessé de le répéter jusque dans son testament spirituel.

        L’Amour, tel est le thème de l’Évangile d’aujourd’hui. D’ailleurs, c’est le thème de toute la Bible qui est une histoire de relations, d’Alliance entre Dieu et son peuple. Cette relation d’alliance n’est pas sans règle, sans loi. C’est vrai pour le peuple d’Israël, c’est vrai pour notre société : il n’y a pas de vie sociale sans code, sans loi.

        C’est justement sur la Loi que les pharisiens interrogent Jésus : « Maître, dans la Loi, quel est le grand commandement ? » Il faut dire qu’il y a 613 commandements dans la Loi. Même si la question est un piège tendu à Jésus, elle me semble essentielle. Nous avons des lois civiles, morales et religieuses, des règles personnelles, mais demandons-nous quel est le plus important parmi elles ? Faut-il mettre toutes les règles sur un même plan ? Jésus, qui est Juif, connait bien la Loi : il répond à la question en citant la Bible. « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton esprit » (Dt 6, 5). C’est un extrait de la prière juive Shema Israël (« Ecoute Israël ») qui exprime la foi au seul Dieu, au Dieu unique. Ainsi, aimer Dieu, « voilà le grand, le premier commandement ».

    Homélie du père Jacques Fournier pour le dimanche 8 août 2010

    Références bibliques

    Lecture du livre de la Sagesse : "Assurés des promesses auxquelles ils avaient cru.."
    Psaume 32 : "Dieu veille sur ceux qui mettent leur espoir en son amour."
    Lecture de la lettre de saint Paul aux Hébreux :" La foi est le moyen de posséder déjà ce qu'on espère et de connaître des réalités qu'on ne voit pas."
    Evangile de Jésus-Christ selon saint Luc : 12. 32 à 48 :"Là où est votre trésor, là aussi sera votre coeur."

    Pour quatre dimanches, la
    liturgie nous propose, comme deuxième lecture un passage de l'épître aux Hébreux. Le développement principal de cette lettre est consacré au sacrifice du Christ : en quoi accomplit-il tous les sacrifices de l'Ancienne Loi en son unique sacrifice ? En quoi, bien qu'unique, a-t-il une portée éternelle ?

    Ce que nous y lisons semble assez éloigné de ces perspectives car il s'agit plutôt d'exhortations à tenir fermes dans la foi. Le tournant a été pris au chapitre 10, les versets 19 à 22 :" Ayant donc, frères, l'assurance voulue pour l'accès au
    sanctuaire par le sang de Jésus ...et un prêtre souverain à la tête de la maison de Dieu, approchons-nous avec un coeur sincère, dans la plénitude la foi."

    En fait, les Hébreux sont invités, exhortés, à vivre, comme leurs pères dans la foi, la foi d'Abel, d'Hénoch, de Noé et d'Abraham.

    Abraham prêt à sacrifier son fils Isaac, Jan Victors (1642), Musée de Tel Aviv.

    La foi d'Abraham

    La foi fait coïncider ces patriarches avec l'Esprit de Dieu, les met en harmonie avec lui, et, par là, à être juste. La foi a toujours un rapport à la vie même si, dans le cas d'Abel, c'est la mort qui semble l'emporter, et pour Abraham, si le sacrifice d'Isaac peut conduire à l'extinction de la Promesse. Enfin la foi permet de voir le réel, au lieu d'être séduit par l'apparence.

    La foi d'Abraham est aussi une réponse personnelle à un appel personnel :"Il partit sans savoir où il allait." Héb.11. 8) mais il était sûr de celui qui l'avait appelé, et cela au moment même de l'épreuve. A quoi, pour lui, s'ajoute le fait qu'il ne s'agit plus de sa seule personne, si typique soit-elle, mais d'un Peuple dépositaire d'une promesse qui commence de se réaliser, même si elle n'a pas encore atteint son plein accomplissement.

    Le débouché de la foi d'Abraham en cette page de l'épître aux Hébreux, c'est l'Apocalypse de saint Jean :"Je vis un ciel nouveau et une terre nouvelle. Je vis la cité sainte, Jérusalem nouvelle. De mort, il n'y en aura plus car l'ancien monde s'en est allé." (Apoc. 21. 1 à 4)

    BonSamaritan_IconeTenez vous prêts

    La lecture continue de saint Luc place, auprès de cette foi d'Abraham, la parabole du serviteur qui attend son maître. Elle peut nous servir à méditer l'attitude que Jésus attend de ses fidèles. Le serviteur sait, il en est assuré, que son maître reviendra. Mais il connaît pas à quelle heure cela se fera. Il se tient disponible.

    Les
    disciples du Christ doivent se souvenir de ce qu'est leur avenir et, comme tels doivent se comporter dès maintenant avec les exigences de ce royaume qu'ils connaissent dans la foi. C'est là qu'est leur trésor, c'est là que doit être leur coeur.

    Et la tenue de service, c'est de quitter ce que nous considérons comme un trésor, les parures pour que nous fassions notre "parade". Quitter cela pour nous tourner vers celui qui ne s'use pas.

    Nous retrouvons le thème de dimanche dernier, que nous avons prié :"Seigneur, libère-moi de cette envie sournoise et masquée de ces choses qui pourtant n'arrivent pas à me satisfaire et qui font qu'envenimer mes désirs insensés, de cette cupidité et de cette suffisance qui défigurent mon visage qui est à ton image."

    Vitraux de l’église Saint Barthélémy à Mont Saint Martin / Jésus le fils de Dieu- Dieu le Père / Images mises à disposition par la paroisse Saint Martin de Longwy.

    Une écoute d'amour

    La foi n'est pas au terme d'une logique rationnelle. Elle ne vit que de la confiance qui naît d'un amour intense et partagé.

    Si elle devient "obéissance" en cette confiance, elle n'est pas servile soumission. D'ailleurs le mot même d'obéissance a une étymologie significative. En elle, il y a le verbe latin :"Audire", entendre, écouter, être attentif. Ce que l'on a entendu et reçu devient notre ligne de conduite.

    Les paroles du Christ au soir du Jeudi-Saint prennent ainsi toute leur dimension :"Ce que j'ai entendu de mon Père..." (Jean 15. 16) et que nous entendons au jour du
    Baptême et de la Transfiguration : "Celui-ci est mon Fils bien-aimé, écoutez-le." (Matthieu 17)

    Le trait caractéristique de toute foi, c'est de se référer à l'invisible auquel nous nous sentons reliés, devenant ainsi attentifs au plus profond de la vie, dans le langage indicible de l'amour.

    L'amour ne peut être plénitude que par l'échange le plus intime. Croire, c'est vivre cette relation qui s'impose à nous sans que nous sachions jusqu'où cela nous entraînera. Mais nous avons foi en celui qu'ainsi nous découvrons. C'est ainsi que nous pouvons aussi relire l'évangile de Jean 14. 17 et le relier à Jean 16. 24 : la paix, la joie !

    Le dépassement par la foi

    Croire dépasse l'impression superficielle. L'invisible devient une évidence parla présence, le rayonnement de cette personne rencontrée. Et cette évidence nous entraîne dans un dynamisme de vie qui nous pousse à mieux connaître la réalité entrevue et à mieux nous connaître, à mieux comprendre cette réalité et à mieux nous comprendre.

    Les
    disciples d'Emmaüs avaient perdu toutes leurs illusions. Ils n'avaient pas la foi. Ils rencontrent l'inconnu du chemin et tout change. Leurs yeux s'ouvrirent et ils le reconnurent : "Notre coeur n'était-il pas brûlant au-dedans de nous quand il nous parlait en chemin ?" (Luc 24. 31 et 32)

    Le croyant n'en sera pas meilleur pour autant. Il garde son tempérament, son hérédité, ses problèmes, ses limites. On croit avec ce que l'on est, mais l'horizon s'élargit et le
    mystère n'est plus un obstacle. Voyant les choses et les êtres autrement, on ne peut plus vivre comme avant. "Dieu est là, et je ne le savais pas", répétons-nous comme dimanche dernier avec Jacob.

    L'avenir est à celui à qui l'on a donné sa vie et qui désormais "modèle" notre vie :"Que tout se passe comme tu me l'as dit." (Luc 1. 38) dit Marie quand elle répond par sa foi à l'attente divine.

    Commentaires de Marie Noëlle Thabut

    Marie Noëlle Thabut 

  • PREMIERE LECTURE - Sagesse 18, 6-9

    6 La nuit de la délivrance pascale
    avait été connue d'avance par nos Pères ;
    assurés des promesses auxquelles ils avaient cru,
    ils étaient dans la joie.
    7 Et ton peuple accueillit à la fois
    le salut des justes
    et la ruine de leurs ennemis.
    8 En même temps que tu frappais nos adversaires,
    tu nous appelais pour nous donner ta gloire.
    9 Dans le secret de leurs maisons,
    les fidèles descendants des justes offraient un sacrifice,
    et ils consacrèrent d'un commun accord cette loi divine :
    que les saints partageraient aussi bien le meilleur que le pire ;
    et déjà ils entonnaient les chants de louange des Pères.

    Le premier verset nous met tout de suite dans l'ambiance : l'auteur du Livre de la Sagesse se livre à une méditation sur « La nuit de la délivrance pascale », c'est-à-dire la nuit de la sortie du peuple d'Israël, fuyant l'Egypte, sous la conduite de Moïse. De siècle en siècle, et d'année en année, depuis cette fameuse nuit, le peuple d'Israël célèbre le repas pascal pour revivre ce mystère de la libération opérée par Dieu : « Ce fut là une nuit de veille pour le Seigneur quand il les fit sortir du pays d'Egypte. Cette nuit-là appartient au Seigneur, c'est une veille pour tous les fils d'Israël, d'âge en âge. » (Ex 12, 42). Célébrer pour revivre, le mot n'est pas trop fort ; car, en Israël, le mot « célébrer » ne signifie pas seulement commémorer ; il s'agit de laisser Dieu agir à nouveau, de s'engager soi-même dans la grande aventure de la libération, dans la dynamique de Dieu, si l'on peut dire ; c'est ce que l'on appelle « faire mémoire » ; cela implique donc de se laisser transformer en profondeur. Nous sommes loin d'un simple rappel historique.

    Cela est tellement vrai que, depuis des siècles, et encore aujourd'hui, lorsque le père de famille, au cours du repas pascal, initie son fils au sens de la fête, il ne lui dit pas : « Le Seigneur a agi en faveur de nos pères », il lui dit : « Le Seigneur a agi en ma faveur à ma sortie d'Egypte » (Ex 13, 8). Et les commentaires des rabbins confirment : « En chaque génération, on doit se regarder soi-même comme sorti d'Egypte. » Cette célébration de la nuit pascale comporte donc toutes les dimensions de l'Alliance vécue par le peuple d'Israël depuis Moïse : l'action de
    grâce pour l'oeuvre de libération accomplie par Dieu et l'engagement de fidélité aux commandements ; car on sait que libération, don de la Loi, et alliance, ne font qu'un seul et même événement. C'est le message même de Dieu à Moïse et, à travers lui, au peuple, au pied du Sinaï : « Vous avez vu vous-mêmes ce que j'ai fait à l'Egypte, comment je vous ai portés comme sur des ailes d'aigle et vous ai fait arriver jusqu'à moi. Et maintenant, si vous entendez ma voix et gardez mon alliance, vous serez ma part personnelle parmi tous les peuples - puisque c'est à moi qu'appartient toute la terre - et vous serez pour moi un royaume de prêtres et une nation sainte. » (Ex 19, 4-6).

    Ces deux dimensions de la célébration pascale, action de
    grâce pour l'oeuvre de libération accomplie par Dieu et engagement de fidélité aux commandements se lisent à travers les quelques lignes du livre de la Sagesse qui nous sont proposées ici. Commençons par l'action de grâce : « La nuit de la délivrance pascale avait été connue d'avance par nos Pères ; assurés des promesses auxquelles ils avaient cru, ils étaient dans la joie... et déjà ils entonnaient les chants de louange des Pères. » De quelles promesses parle-t-on ici ? Le mot « promesses », à lui seul, est intéressant : qui l'eût cru, qu'un dieu s'engagerait par serment envers un homme ou un peuple ? Là encore, pour que l'homme ose y croire, il a fallu une Révélation ! Et pourtant, le récit de la grande aventure des patriarches n'est qu'une succession de promesses : d'une descendance, d'un pays ; ici, arrêtons-nous aux seules promesses de la sortie d'Egypte ; par exemple, « Dieu dit à Abram : Sache bien que ta descendance résidera dans un pays qu'elle ne possédera pas. On en fera des esclaves, qu'on opprimera pendant quatre cents ans. Je serai juge aussi de la nation qu'ils serviront, ils sortiront alors avec de grands biens. » (Gn 15, 13-14). La même promesse a été répétée à tous les patriarches, Abraham, Isaac, Jacob ; voici ce que Dieu dit à Jacob pour l'encourager à descendre en Egypte, au moment d'aller retrouver Joseph : « Je suis le Dieu de ton père. Ne crains pas de descendre en Egypte, car je ferai là-bas de toi une grande nation. Moi, je descendrai avec toi en Egypte et c'est moi aussi qui t'en ferai remonter. » (Gn 46, 3-4).

    Bien sûr, évoquer la fuite d'Egypte et la protection de Dieu en faveur de son peuple, c'est aussi, inévitablement évoquer la déconfiture de leurs ennemis du moment, les Egyptiens : « Et ton peuple accueillit à la fois le salut des justes et la ruine de leurs ennemis. En même temps que tu frappais nos adversaires, tu nous appelais pour nous donner ta gloire. » Plus que du triomphalisme, c'est une leçon à méditer, que l'auteur de notre texte propose à ses contemporains, à savoir : en faisant le choix de l'oppression et de la violence, les Egyptiens ont provoqué eux-mêmes leur perte. Le peuple opprimé, lui, a bénéficié de la protection du Dieu qui vient au secours de toute faiblesse. Sous-entendu, à bon entendeur, salut ! La lumière que Dieu a fait briller sur nous au temps de notre oppression, il la fera tout aussi bien briller sur d'autres opprimés... C'est ainsi qu'on interprète la présence de la colonne de feu qui protégeait le peuple et le mettait à l'abri de ses poursuivants : « Tu a donné aux tiens une colonne flamboyante, guide pour un itinéraire inconnu et soleil inoffensif pour une glorieuse migration. Quant à ceux-là, ils méritaient d'être privés de lumière et emprisonnés par les ténèbres, pour avoir retenu captifs tes fils, par qui devait être donnée au monde la lumière incorruptible de la Loi. » (Sg 18, 3-4).

    Deuxième dimension de la célébration de la nuit pascale, l'engagement personnel et communautaire : « Dans le secret de leurs maisons, les fidèles descendants des justes offraient un sacrifice, et ils consacrèrent d'un commun accord cette loi divine : que les saints partageraient aussi bien le meilleur que le pire ; et déjà ils entonnaient les chants de louange des Pères. » En quelques lignes, notre auteur n'a pas pu tout dire ; mais il est très remarquable justement qu'il ait mis en parallèle la pratique du culte (« ils offraient un sacrifice ») et l'engagement de solidarité fraternelle (« les saints, entendez les fidèles, partageraient aussi bien le meilleur que le pire »). La Loi d'Israël, on le sait bien, a toujours lié la célébration des dons de Dieu et la solidarité du peuple de l'Alliance. Rien d'étonnant donc ; Jésus-Christ fera le même rapprochement : on sait bien que « faire mémoire de lui » c'est du même mouvement pratiquer l'
    Eucharistie et se mettre au service de nos frères, comme il l'a fait lui-même, la nuit de la délivrance pascale (c'est-à-dire le jeudi saint), en lavant les pieds de ses disciples.

    http://www.eglise.catholique.fr/foi-et-vie-chretienne/commentaires-de-marie-noelle-thabut.html

    Iconographie:

    HISTOIRE DE L'ICÔNE NOTRE DAME DE KAZAN 

    HISTOIRE DE L'ICÔNE NOTRE DAME DE KAZAN 

    La toute sainte Mère de Dieu est représentée sur l’icône de Kazan avec l’enfant sur son côté gauche. C’est la seule icône, parmi les icônes miraculeuses, sur laquelle il n’y a qu’une seule main : La main du Christ qui bénit; les autres mains ne sont pas visibles, elles sont sous les vêtements. L’Enfant Jésus est représenté debout face à celui qui regarde l’icône, à l’opposé des diverses autres positions qu’Il a sur d’autres icônes.


    Sans nul doute, c’était la volonté de Dieu que la foi orthodoxe resplendisse sur la Russie après plusieurs siècles de sévices exercés par les Tatares sur les âmes de son peuple. Voilà pourquoi la campagne du Tsar Ivan le Terrible contre le royaume de Kazan fut bien moins une conquête territoriale qu’un triomphe religieux.
    Dans l’église de campagne, pendant la liturgie, à l’instant même où le diacre prononça les paroles : «Que soit soumis sous ses pieds tout ennemi et tout adversaire», la terre trembla et les bannières de l’église vacillèrent : les guerriers russes avaient fait exploser les murs de Kazan et pénétraient dans la ville.


    Ils se battirent comme des lions et le jour même ils prirent Kazan, capitale et rempart du royaume tatare. C’était la fête de la protection de la toute sainte Mère de Dieu. Ainsi se confirmait la foi inébranlable du peuple russe dans notre Mère céleste, la Mère de Dieu .
    Le Tsar Ivan considéra cette victoire comme un don de Dieu. Immédiatement après la prise de Kazan, il donna l’ordre de poser les fondations de la cathédrale principale, dédiée à la fête de l’Annonciation, pour la gloire de la Reine des cieux. Il précisa ensuite l’emplacement d’autres églises en divers endroits de la ville. Cela se passait en 1552.
    Pendant toute la durée de la libération du joug tatare dans le sud de la Russie, Dieu ne cessa d’apporter son aide. Le royaume tatare d’Astrakhan fut soumis peu de temps après.
    A son retour à Moscou, pour fêter la victoire définitive sur les tatares, Ivan le Terrible fit construire une cathédrale magnifique à la gloire de la toute sainte Mère de Dieu, dédiée à sa Protection pendant le siège de Kazan.
    Les fondations furent posées en 1555 et les travaux étaient terminés cinq ans plus tard. Elle se trouve sur la place rouge à Moscou et on l’a longtemps appelée «Cathédrale de la Protection sur le fossé». Sa fameuse architecture traduit magnifiquement le génie artistique russe. Elle est composée d’une église centrale dédiée à la Protection de la Toute Sainte et de huit églises latérales plus petites qui, vues d’en-haut, représentent une étoile, symbole de virginité.
    Cette cathédrale fut rapidement surnommée par le peuple «Eglise de saint Basile le bienheureux», du nom d’un fol-en-Christ mort en 1552 pendant le siège de Kazan et enterré dans la crypte qui sert de fondation à la cathédrale. Ce saint était vénéré par toute la ville de Moscou.
    Pendant les premières années de l’occupation, Kazan dépendait directement du métropolite de Moscou mais déjà en 1555, un archevêque indépendant fut intronisé à Kazan. L’archevêque Goury sut s’entourer d’hommes spirituels de premier plan, comme l’higoumène Germain qui devint son successeur.
    Après la mort de saint Germain en 1567, les musulmans résistèrent farouchement et menèrent une lutte acharnée contre l’orthodoxie. Mais la Toute Pure défendit la foi et glorifia Kazan par l’apparition de son icône.
    En 1579 Kazan fut dévastée par un incendie. Les musulmans en profitèrent pour répandre l’idée qu’il s’agissait là d’un jugement de Dieu contre les orthodoxes. Une petite fille de neuf ans, Matrona, eut alors une vision de la Mère de Dieu qui lui indiquait un endroit dans la ville où il fallait creuser pour trouver son icône. Les parents de l’enfant crurent à une fable mais la vision se répéta de manière terrifiante. «Après cela, la petite fille dormant au milieu de la journée, elle se retrouva au milieu de la cour; l’icône lui apparut en émettant des rayons menaçants, comme si elle allait la brûler. Une voix terrible en sortit et dit : si mes paroles ne sont pas rapportées, afin que mon icône soit sortie de terre, j’ai l’intention d’apparaître ailleurs».

    La fillette resta comme morte pendant des heures. Une fois l’enfant réanimée, la mère crut au récit et alerta les autorités qui ne prêtèrent aucune attention et renvoyèrent la femme. Cette dernière se rendit alors chez l’archevêque Jérémie qui ne l’écouta pas davantage. Désespérée, la mère de Matrona entreprit de creuser la terre elle-même avec l’aide de plusieurs voisins. C’est seulement quand Matrona prit une pioche et creusa près de l’ancien four à pain qu’on trouva l’icône, enveloppée dans un paquet recouvert d’un linge mauve foncé. C’était une très belle icône de la Mère de Dieu de laquelle émanait une lumière indescriptible. La foule se signa et se mit à genoux; la présence de la Mère de Dieu se sentait dans tous les coeurs. Cela se passait le 8 Juillet 1579.
    La nouvelle concernant l’icône nouvellement apparue se propagea dans toute la ville. Des foules entières se précipitèrent vers la maison de l’archer. L’icône était là, par terre et tous se prosternaient devant elle. Enfin arrivèrent les autorités de la ville et l’archevêque de Kazan Jérémie avec le clergé. Le «Prologue» dit : «L’archevêque et le voyvode (chef de l’armée) priaient en pleurant, demandant à la très sainte Mère de Dieu de leur pardonner leur manque de foi».
    Une action de grâce fut dite sur place, ensuite l’icône fut transportée en l’église de Nicolas de Toula qui se trouvait à proximité et qui avait été épargnée par le feu.
    Le recteur de cette église était à l’époque le prêtre Germain, plus tard Métropolite de Kazan, ensuite Patriarche de toutes les Russies et qui périt pour l’Orthodoxie en 1612, lors de l’époque trouble. De l’église de Nicolas de Toula, l’icône fut transportée dans la cathédrale de l’Annonciation. C’était une procession tout à fait triomphale. Il était très difficile de protéger la sainte icône de la pression de la foule.
    Un aveugle, du nom de Joseph, s’arrêtant devant l’icône, stoppa la procession. En pleurant, il pria la Mère de Dieu et, instantanément, sur place, il recouvra la vue. Lorsque l’icône fut rentrée dans la cathédrale de l’Annonciation, le «Prologue» raconte : «Les uns poussaient les autres, certains marchaient sur la tête des autres afin de toucher l’icône miraculeuse». A nouveau un autre aveugle, Nikita, recouvra la vue instantanément et pour toujours.
    Bientôt le récit détaillé de ce qui était arrivé fut envoyé à Moscou, au Tzar Ivan le Terrible. L’icône apparue de la Mère de Dieu fut également envoyée à Moscou. Le Tzar fut frappé par la grandeur spirituelle de l’icône et ordonna immédiatement ceci : «A l’endroit où fut trouvée l’icône, il faudra ériger une église en bois, dédiée à la toute sainte Mère de Dieu et fonder un monastère de jeunes filles et distribuer de larges aumônes de sa trésorerie royale. Il ordonna aussi d’attribuer les récoltes de l’été à ce couvent, ce qui fut fait.
    Le Tzar Ivan le Terrible envoya à nouveau la sainte icône, richement ornée à Kazan dans le couvent nouvellement fondé. L’adolescente Matrona et sa mère devinrent les premières moniales de ce couvent. Matrona reçut le nom de Mavra; plus tard elle devint l’higoumène de ce couvent. Peu de temps après, l’église en bois du couvent, où se trouvait l’icône, fut remplacée par une autre en pierre. Ensuite, 100 paysans furent donnés pour l’entretien du couvent . En 1594, les fondements d’une nouvelle et vaste cathédrale de la Dormition de la Mère de Dieu furent jetés. L’année suivante, elle fut consacrée par le Métropolite Germain. Le nombre de moniales fut augmenté jusqu’à 60. Le couvent commença à recevoir des dons en objets du culte, en icônes, en chasubles, etc. Grâce aux dons du Tzar, l’icône miraculeuse fut recouverte d’or, de pierres précieuses et de perles. Plus tard, de nouveaux revêtements furent faits par l’impératrice Catherine.
    Avec les 25000 roubles attribués par cette même impératrice, en 1798, les fondements d’une nouvelle cathédrale furent jetés pour remplacer l’ancienne qui, après 200 ans était devenue vétuste. La cathédrale fut consacrée en 1808. La Reine des cieux, la Mère de Dieu, distribuait généreusement son aide et elle continue à le faire à tous ceux qui ont recours à son icône miraculeuse de Kazan. L’apparition de cette icône miraculeuse était non seulement un signe de la victoire de notre foi orthodoxe sur les autres religions qui abondaient en Russie, mais aussi de la protection par la Mère de Dieu de notre Orient russe.
    Tant que la présence de la Reine des cieux se manifestait à Kazan par son icône, tout fut calme dans cette partie de l’Orient. La malheureuse guerre de 1904 eu lieu après la catastrophe morale, lorsque dans la nuit du 29 Juin 1904, quelques bandits pénétrèrent dans la cathédrale du couvent à Kazan et, après l’avoir pillé, emportèrent l’icône miraculeuse. Toute la Russie fut plongée dans l’affliction. Les pillards furent retrouvés mais l’icône disparut. C'est le 28 août où elle fut remise par le Vatican à la Russie.
    ***


    Traduit du livre : «Histoire de l’icône de Kazan de la toute sainte Mère de Dieu». A. MERSLUKINE. Paris 1964.


    http://homepage.mac.com/thm72/orthodoxievco/icone/vierge/htm/kazan.htm http://homepage.mac.com/thm72/orthodoxievco/icone/vierge/htm/kazan.htm

    Christ est ressucité! Христос Воскресе! 

    Christ est ressucité! Христос Воскресе! 

    Le Christ est ressuscité des morts, par sa mort il a triomphé de la mort, il nous délivre du tombeau / pour nous donner la vie.

    Homélie pascale de saint Jean Chrysostome

    Que tout homme pieux et ami de Dieu jouisse de cette belle et lumineuse solennité! Que tout serviteur fidèle entre joyeux dans la joie de son Seigneur!

    Que celui qui s’est donné la peine de jeûner reçoive maintenant le denier qui lui revient! Que celui qui a travaillé dès la première heure reçoive à présent son juste salaire! Si quelqu’un est venu après la troisième heure, qu’il célèbre cette fête dans l’action de grâces! Si quelqu’un a tardé jusqu’à la sixième heure, qu’il n’ait aucune hésitation, car il ne perdra rien! S’il en est un qui a différé jusqu’à la neuvième heure, qu’il approche sans hésiter! S’il en est un qui a traîné jusqu’à la onzième heure, qu’il n’ait pas honte de sa tiédeur, car le Maître est généreux, il reçoit le dernier aussi bien que le premier. I1 admet au repos celui de la onzième heure comme l’ouvrier de la première heure. Du dernier il a pitié et il prend soin du premier. À celui-ci il donne; à l’autre il fait grâce. Il agrée les œuvres et reçoit avec tendresse la bonne volonté. Il honore l’action et loue le bon propos. Ainsi donc, entrez tous dans la joie de votre Seigneur et, les premiers comme les seconds, vous recevrez la récompense. Riches et pauvres, mêlez-vous, abstinents et paresseux, pour célébrer ce jour. Que vous ayez jeûné ou non, réjouissez-vous aujourd’hui. La table est préparée, goûtez-en tous; le veau gras est servi, que nul ne s’en retourne à jeun. Goûtez tous au banquet de la foi, au trésor de la bonté.


    Christ est ressucité! Христос Воскресе! 

    Que nul ne déplore sa pauvreté, car le Royaume est apparu pour tous. Que nul ne se lamente sur ses fautes, car le pardon a jailli du tombeau. Que nul ne craigne la mort, car celle du Sauveur nous en a délivrés: il l’a fait disparaître après l’avoir subie. Il a dépouillé l’Enfer, celui qui aux Enfers est descendu. Il l’a rempli d’amertume pour avoir goûté de sa chair. Et cela, Isaïe l’avait prédit: l’Enfer, dit-il, fut irrité lorsque sous terre il t’a rencontré; irrité, parce que détruit; irrité, parce que tourné en ridicule; irrité, parce qu’enchaîné; irrité, parce que réduit à la mort; irrité, parce qu’anéanti. Il avait pris un corps et s’est trouvé devant un Dieu; ayant pris de la terre, il rencontra le ciel; ayant pris ce qu’il voyait, il est tombé à cause de ce qu’il ne voyait pas. Ô Mort, où est ton aiguillon? Enfer, où est ta victoire? Le Christ est ressuscité, et toi-même es terrassé. Le Christ est ressuscité, et les démons sont tombés. Le Christ est ressuscité, et les Anges sont dans la joie. Le Christ est ressuscité, et voici que règne la vie. Le Christ est ressuscité, et il n’est plus de mort au tombeau. Car le Christ est ressuscité des morts, prémices de ceux qui se sont endormis. À lui gloire et puissance dans les siècles des siècles. Amen.


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