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SITE INTERNET POUR LES DROITS DE L'HOMME
18 avril 2010

CEREMONIE RELIGIEUSE EN DIRECT DE CRACOVIE & HOMELIE:LA LECON DE NOS ECHECS...

Les obsèques du président polonais Lech Kaczynski auront lieu ce Dimanche 18 avril (AP/JOSEK)

lech_kaczynski_46Lech Kaczynski,le 7ème Président de la République de Pologne a trouvé la mort  dans l'exercice de ses fonctions.Il est au nombre des victimes qui ont péri ce 10 avril 2010 dans la catastrophe aérienne de Smolensk en Russie.Qu'ils reposent en paix...

Retransmission en direct de la cérémonie religieuse sur France 3:

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l'homélie du curé

La leçon de nos échecs
3ème Dimanche de Pâques
Dimanche 18 avril 2010
Jn 21, 1-19

par Le Père Christian Lancrey-Javal, curé de la paroisse Saint Louis d'Antin à Paris

Le départ à la pêche, au début de ce dernier chapitre de l’évangile de saint Jean, autrement dit la reprise par les disciples d’une activité civile ordinaire a tout d’un constat d’échec. Ce n’est pas un retour au point de départ, puisque, justement chez saint Jean, au départ les disciples n’étaient pas à la pêche mais déjà auprès de Jean-Baptiste. Ce n’est pas un retour au point de départ mais un échec. D’ailleurs ils sont bredouilles.
A quoi cela leur a-t-il servi de passer trois ans avec le Christ, le Fils de Dieu ?

Et nous qui espérions tant qu’il serait le Sauveur d’Israël !

Faites résonner en vos mémoires la déception des deux disciples qui s’en repartaient le jour de Pâques vers Emmaüs. Ou alors reprenez l’une ou l’autre phrase des disciples :
De Pierre, jurant à Jésus qu’il ne l’abandonnerait jamais !
De Thomas, lorsque Jésus décide d’aller voir Lazare, s’écriant : allons mourir avec lui !
De Nathanaël que Jésus avait vu sous le figuier, disant : « Rabbi, tu es le Fils de Dieu, le roi d’Israël ! » (Jn 1, 49).
Des fils de Zébédée demandant à siéger avec Jésus dans sa Gloire : la liste des noms qui est donnée ici, Pierre, Thomas, Nathanaël, les fils de Zébédée, est significative : tous ont nourri de grands espoirs, et pris une grande claque.

Nous avons connu nous prêtres certains de nos camarades ou confrères quitter le ministère : re-partir à la pêche. Comment disait-on naguère : jeter la soutane aux orties ? défroquer ? Bien sûr, c’est sans comparaison avec la grande hémorragie post-soixante-huitarde. Ils s’étaient trompés sur leur appel ?

Je me souviens d’une réunion où nous venions d’apprendre le départ d’un prêtre connu de tous. Dans ces cas-là, l’autorité est muette. Certains d’entre nous, qui venions de la société civile et qui étions habitués aux debriefings, voulaient comprendre. Nous reçûmes une réponse brutale : « On ne va pas faire une pastorale de l’échec ! ».

Pourtant, toute une sagesse des nations s’est ainsi construite, sur des erreurs humaines, et c’est même une composante importante du texte biblique ; c’est l’héritage de l’humanité. Nombre d’interdits dans la Bible relèvent de précautions d’expérience. Les expériences malheureuses font partie de l’héritage humain, constitué de biens et de tares. « C’est par atavisme, grand-père », répondait ingénument une petite fille à son grand-père qui la traitait d’imbécile.

On peut lire l’évangile en regardant les déconvenues des disciples. Se rassurer en voyant dans la Bible tous ceux qui se sont pris une bonne claque, et que ça a re-mis sur le bon chemin. Mieux que la pastorale de l’échec : la théologie de la claque. Moïse est champion : lui, l’homme le plus humble que la terre ait porté, connaît un premier et retentissant échec quand il arrive, jeune diplômé auprès de ses frères ; il s’enfuit. Bien plus tard, quand il redescend de la montagne avec les tables de la Loi, il prend encore une belle claque avec le veau d’or.

Dans la continuité de Moïse, on trouve davantage Paul que Pierre – Paul est plus proche par ses capacités, ses diplômes, son rayonnement. Mais ici, on a Pierre.

Et on peut effectivement regarder son évolution, d’une pêche miraculeuse à l’autre, de celle de saint Luc (au chapitre 5) à celle que nous venons d’entendre : on verrait deux changements majeurs, dans l’absence d’objection de Pierre à mettre en œuvre la parole du Christ ; et dans la différence entre sa frayeur initiale - « éloigne-toi de moi ! », et son empressement à se jeter dans l’eau. Pierre a bien changé.

On peut faire ça ; on en resterait sur le plan de la psychologie humaine. Voire de la morale. Et c’est dommage quand il s’agit de rencontrer le Christ ressuscité !

Alors je vous propose autre chose, pour comprendre ce qui véritablement est en jeu, à savoir le travail et la puissance de l’Esprit-Saint.

Il se manifeste de façon éclatante, par le miracle : 153 ! autant dire une quantité énorme et crédible. Le miracle donc, précédé de façon très discrète et presque absurde, par ce détail curieux, qu’aucun des copistes de l’évangile n’a voulu gommer, à savoir que Pierre passe un vêtement pour se jeter à l’eau.

Le verbe employé sonne mal en français, il est difficile à l’emploi à l’oral : c’est le verbe « ceindre ». « Tunica succinxit se », dit la Bible latine, il se ceignit d’un vêtement (erat enim nudus), qui est un verbe décisif puisqu’il est repris dix versets plus tard par le Christ : « un autre te mettra – te ceindra ta ceinture » (on aurait pu au moins utiliser dans la traduction le même verbe : un autre te passera la ceinture) – alius te cinget.

Tu as cru ou tu as voulu te reprendre de toi-même, mais tu devras un jour te laisser faire et conduire par l’Esprit.

Voyons ces deux temps.

1er temps : Pierre s’habille, non pas pour plonger, mais pour rencontrer Jésus. Bien sûr, on peut invoquer des raisons de convenance : si on s’habille, ce n’est pas seulement pour nous protéger du froid ou des intempéries ; c’est par pudeur, pour ne pas exhiber des parties du corps qui n’ont pas à l’être. C’est, en un mot, pour être présentable. Mais c’est aussi pour assumer notre identité, et dans certains cas notre mission. C’est le rôle de l’habit – notamment ecclésiastique : signifier une appartenance.

Il faut rappeler cela parce que nous vivons une dérive très nouvelle, où on s’habille pour se masquer, pour se faire passer pour plus séduisant qu’on n’est. L’habit n’est plus une manière d’être habituelle (c’est l’étymologie), mais un outil de séduction ou de diversion.

Or, si Pierre s’habille pour aller à la rencontre de Jésus, c’est parce qu’il a renoncé à être autre chose que lui-même. Me voilà tel que je suis, non pas nu, ce qui est le fait des animaux, mais avec mon histoire, ma culture, mon travail, mes faiblesses et mes défauts. Et mieux encore, avec la tunique que moi je portais au moment de mon reniement : « tu sais tout, Seigneur, tu sais bien qui je suis ».

2ème temps : Jésus annonce à Pierre un baptême de sang : « par quelle mort il allait mourir ». Une mort qui ne sera pas une humiliation, comme le fait d’arriver trempé comme un chien mouillé, en sortant de l’eau. Sa mort, ta mort ne sera pas une humiliation mais la glorification du Père. Ce n’est pas en s’humiliant qu’on glorifie Dieu !

C’est en étant dans la vérité. On n’a pas besoin de passer par l’échec pour comprendre cela : le jeune David, au moment d’affronter Goliath, renonce d’emblée à endosser l’armure du roi Saül. Ce n’est pas lui.

Tu crois que c’est en te jetant dans l’eau, avec cette tunique que tu portais au moment de ton reniement, en la trempant dans l’eau, en t’y plongeant tout entier, comme tu voulais déjà le faire au dernier repas – que tu te laves de ton péché ?

Si Jésus à Cana fait remplir six grandes cuves destinées aux ablutions, c’est bien sûr parce que ce sont des récipients pratiques, mais il aurait tout aussi bien pu utiliser les outres ou les amphores qui avaient servi pour le vin dont il ne restait plus. Désormais le signe du pardon, de la rémission des péchés, passe par le partage du repas : « venez manger ».

Sachant que ce partage du repas du Christ est tôt ou tard le partage complet de sa condition, de son offrande, de son sacrifice, de sa mission : « Faites cela en mémoire de moi ».

Père Christian Lancrey Javal
curé de Saint-Louis d'Antin

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean 21, 1-19

Jésus se manifesta encore aux disciples sur le bord du lac de Tibériade, et voici comment. Il y avait là Simon-Pierre, avec Thomas, dont le nom signifie "Jumeau", Nathanaël, de Cana en Galilée, les fils de Zébédée, et deux autres disciples. Simon-Pierre leur dit : « Je m'en vais à la pêche. » Ils lui répondent : « Nous allons avec toi. » Ils partirent et montèrent dans la barque ; or, ils passèrent la nuit sans rien prendre.

Au lever du jour, Jésus était là, sur le rivage, mais les disciples ne savaient pas que c'était lui. Jésus les appelle : « Les enfants, auriez-vous un peu de poisson ? » Ils lui répondent : « Non. »
Il leur dit : « Jetez le filet à droite de la barque, et vous trouverez. » Ils jetèrent donc le filet, et cette fois ils n'arrivaient pas à le ramener, tellement il y avait de poissons. Alors, le disciple que Jésus aimait dit à Pierre : « C'est le Seigneur ! »
Quand Simon-Pierre l'entendit déclarer que c'était le Seigneur, il passa un vêtement, car il n'avait rien sur lui, et il se jeta à l'eau. Les autres disciples arrivent en barque, tirant le filet plein de poissons ; la terre n'était qu'à une centaine de mètres.
En débarquant sur le rivage, ils voient un feu de braise avec du poisson posé dessus, et du pain. Jésus leur dit : « Apportez donc de ce poisson que vous venez de prendre. » Simon-Pierre monta dans la barque et amena jusqu'à terre le filet plein de gros poissons : il y en avait cent cinquante-trois. Et, malgré cette quantité, le filet ne s'était pas déchiré. Jésus dit alors : « Venez déjeuner. » Aucun des disciples n'osait lui demander : « Qui es-tu ? »  Ils savaient que c'était le Seigneur. Jésus s'approche, prend le pain et le leur donne, ainsi que le poisson. C'était la troisième fois que Jésus ressuscité d'entre les morts se manifestait à ses disciples.

Quand ils eurent déjeuné, Jésus dit à Simon-Pierre : « Simon, fils de Jean, m'aimes-tu plus que ceux-ci ? » Il lui répond : « Oui, Seigneur, je t'aime, tu le sais. » Jésus lui dit : « Sois le berger de mes agneaux. »
Il lui dit une deuxième fois : « Simon, fils de Jean, m'aimes-tu ? » Il lui répond : « Oui, Seigneur, je t'aime, tu le sais. » Jésus lui dit : « Sois le pasteur de mes brebis. »
Il lui dit, pour la troisième fois : « Simon, fils de Jean, est-ce que tu m'aimes ? » Pierre fut peiné parce que, pour la troisième fois, il lui demandait : « Est-ce que tu m'aimes ? » et il répondit : « Seigneur, tu sais tout : tu sais bien que je t'aime. » Jésus lui dit : « Sois le berger de mes brebis. Amen, amen, je te le dis : quand tu étais jeune, tu mettais ta ceinture toi-même pour aller là où tu voulais ; quand tu seras vieux, tu étendras les mains, et c'est un autre qui te mettra ta ceinture, pour t'emmener là où tu ne voudrais pas aller. » Jésus disait cela pour signifier par quel genre de mort Pierre rendrait gloire à Dieu.

Puis il lui dit encore : « Suis-moi. »

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