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SITE INTERNET POUR LES DROITS DE L'HOMME
25 juillet 2010

REQUIEM/LECTURE/HOMELIE/PRIERE: LES HEURES DE VISITE DU SEIGNEUR/"Vas-tu vraiment faire périr le juste avec le pécheur ? Oui.

Les 10 justes de Sodome/Requiem de Mozart/Hommage à Monsieur Michel Germaneau

Michel Germaneau,78 ans, retraité, enlevé le 21 Avril 2010 au Niger a été exécuté par AQMI* dans la nuit du 25 au 26 juillet 2010 en l'absence de compromis avec la France."Le juste doit-il périr avec les pécheurs", c’est le sens de la question qu'Abraham pose au Seigneur (Livre de la genèse 18,20-32, première lecture de ce Dimanche, ci-dessous).Nous nous posons tous la même question concernant Monsieur Michel Germaneau. Nous avons semble t-il la réponse depuis vendredi matin...Contre toute attente, le gouvernement Français a décidé de sacrifier sur l'autel de sa politique cette homme de bonne volonté.Il ne nous reste plus qu'à prier... Paix à vos âmes Messieurs... même si seul Jésus sont fils est juste.

"Seigneur, apprends-nous à prier..."(Évangile de Jésus Christ selon saint Luc 11, 1-13, seconde lecture de ce dimanche à lire en bas de page)

* :Al-Qaïda au Maghreb Islamique

Lecture du Livre de la Genèse 18, 20-32

Les trois visiteurs d'Abraham allaient partir pour Sodome.
Le Seigneur dit :
        « Comme elle est grande,
            la clameur qui monte de Sodome et de Gomorrhe !
        Et leur faute, comme elle est lourde !
        Je veux descendre pour voir
        si leur conduite correspond à la clameur venue jusqu'à moi.
        Si c'est faux, je le reconnaîtrai. »
Les deux hommes se dirigèrent vers Sodome,
tandis qu'Abraham demeurait devant le Seigneur.
Il s'avança et dit :
        « Vas-tu vraiment faire périr le juste avec le pécheur ?
        Peut-être y a-t-il cinquante justes dans la ville.
        Vas-tu vraiment les faire périr ?
        Est-ce que tu ne pardonneras pas
        à cause des cinquante justes qui sont dans la ville ?
        Quelle horreur, si tu faisais une chose pareille !
        Faire mourir le juste avec le pécheur,
            traiter le juste de la même manière que le pécheur,
        quelle horreur !
        Celui qui juge toute la terre
            va-t-il rendre une sentence contraire à la justice ? »

Le Seigneur répondit :
        « Si je trouve cinquante justes dans Sodome,
        à cause d'eux je pardonnerai à toute la ville. »
Abraham reprit :
        « Oserai-je parler encore à mon Seigneur,
            moi qui suis poussière et cendre ?
        Peut-être, sur les cinquante justes, en manquera-t-il cinq :
            pour ces cinq-là, vas-tu détruire toute la ville ?
Il répondit :
        « Non, je ne la détruirai pas,
        si j'en trouve quarante-cinq. »
Abraham insista :
        « Peut-être en trouvera-t-on seulement quarante ? »
Le Seigneur répondit :
        « Pour quarante, je ne le ferai pas. »
Abraham dit :
        « Que mon Seigneur ne se mette pas en colère,
        si j'ose parler encore :
        peut-être y en aura-t-il seulement trente ? »
Il répondit :
        « Si j'en trouve trente,
        je ne le ferai pas. »
Abraham dit alors :
        « Oserai-je parler encore à mon Seigneur ?
        Peut-être en trouvera-t-on seulement vingt ? »
Il répondit :
        « Pour vingt,
        je ne détruirai pas. »
Il dit :
        « Que mon Seigneur ne se mette pas en colère :
        je ne parlerai plus qu'une fois.
        Peut-être en trouvera-t-on seulement dix ? »
Et le Seigneur répondit :
        « Pour dix,
        je ne détruirai pas la ville de Sodome. »

Note: pour une interprétation religieuse du dialogue entre Abraham et Yahvé, je vous invite à vous référer à l’intervention du rabbin Rivon Krygier publiée dans le n°571 de L’Arche de novembre 2005.

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc 11, 1-13

Un jour, quelque part, Jésus était en prière.
Quand il eut terminé,
    un de ses disciples lui demanda :
        « Seigneur, apprends-nous à prier,
        comme Jean Baptiste l'a appris à ses disciples. »
Il leur répondit :
        « Quand vous priez, dites :
            "Père,
            que ton nom soit sanctifié,
            que ton règne vienne.
            Donne-nous le pain
            dont nous avons besoin pour chaque jour.
            Pardonne-nous nos péchés,
                car nous-mêmes nous pardonnons
                à tous ceux qui ont des torts envers nous.
            Et ne nous soumets pas à la tentation." »

Jésus leur dit encore :
        « Supposons que l'un de vous ait un ami
        et aille le trouver en pleine nuit pour lui demander :
            "Mon ami, prête-moi trois pains :
            un de mes amis arrive de voyage,
            et je n'ai rien à lui offrir."
        Et si, de l'intérieur, l'autre lui répond :
            "Ne viens pas me tourmenter !
            Maintenant, la porte est fermée ;
            mes enfants et moi, nous sommes couchés.
            Je ne puis pas me lever pour te donner du pain,"
        moi je vous l'affirme :
        même s'il ne se lève pas pour les donner par amitié,
        il se lèvera à cause du sans-gêne de cet ami,
        et il lui donnera tout ce qu'il lui faut.
        Eh bien, moi, je vous dis :
        Demandez, vous obtiendrez ;
            cherchez, vous trouverez :
            frappez, la porte vous sera ouverte.
        Celui qui demande reçoit ;
            celui qui cherche trouve ;
            et pour celui qui frappe, la porte s'ouvre.
        Quel père parmi vous donnerait un serpent à son fils
            qui lui demande un poisson ?
        ou un scorpion,
            quand il demande un œuf ?
        Si donc vous, qui êtes mauvais
            vous savez donner de bonnes choses à vos enfants,
        combien plus le Père céleste donnera-t-il l'Esprit Saint
            à ceux qui le lui demandent ? »

l'homélie du curé

Les heures de visite du Seigneur.
17ème dimanche du Temps Ordinaire - Année C
Dimanche 25 juillet 2010
Lc 11, 1-13

CHRISTIAN

par le Père Christian Lancrey-Javal, curé de la paroisse Saint Louis d'Antin, Paris

L’été est le temps des visites. On profite des vacances pour se rendre visite, en famille, aux amis, temps heureux de retrouvailles ? Non, temps plus ou moins heureux parce que les relations se sont parfois distendues, ou des contentieux s’en sont mêlés. L’été est aussi le temps des visites aux destinations et aux pays de nos rêves : on « fait » le Pérou, on « fait » la Chine, on va là où on rêvait d’aller.

Ces visites sont plus ou moins organisées, planifiées, conformes à nos attentes, et certaines tombent mal comme celle de la parabole de l’évangile, même si elle finit bien, et qu’on pourrait commenter interminablement tant elle est bizarre… Un peu comme la parabole des vierges folles, qui doivent aller en pleine nuit acheter de l’huile pour leurs lampes !

La pleine nuit dans l’évangile dit le besoin de l’homme.

Ce qui l’empêche de dormir est ce qui est nécessaire à son repos : elle est l’expression du manque, et bien évidemment du manque de lumière. Vous pourriez, sur l’air d’Au clair de la lune, mon ami Pierrot -, raconter à peu près la même chose : « ouvre-moi ta porte que j’y voie un peu » ; ce n’est pas de pain que cet homme a besoin en pleine nuit, c’est de lumière, et en ce sens, c’est une parabole sur l’Eucharistie. La communion que nous désirons au plus profond est la communion à la Lumière du monde.

Rappelez-vous le Prologue de saint Jean : « Le Verbe était la lumière véritable, qui éclaire tout homme ; il venait dans le monde. Il était dans le monde, et le monde fut par lui, et le monde ne l'a pas reconnu. Il est venu chez lui, et les siens ne l'ont pas accueilli » (Jn 1, 9-11).

Cette parabole est bizarre parce qu’à bien y réfléchir, elle parle autant de nos prières qui ne sont pas exaucées, que de notre propre résistance à entendre celle des autres, et pire, à entendre l’appel de Dieu : cet homme qui veut dormir, c’est moi. Cet homme qui ne veut pas être dérangé, c’est moi : Seigneur ! ce n’est pas l’heure de prier !

Tel que nous connaissons l’Evangile, il est plus raisonnable d’imaginer le Christ comme celui qui est à la porte que comme celui qui ne veut pas se réveiller !

Le Christ est celui qui vient nous visiter. Il est venu nous visiter, et il reviendra dans la Gloire.

Et pour beaucoup, cette venue se fera dans les larmes.

Quand on parle des larmes, des pleurs de Jésus, on pense surtout à la mort de son ami Lazare, en y voyant un beau signe d’humanité, et de la réalité d’une proximité humaine et divine dans le déchirement. Mais on oublie trop souvent les larmes de Jésus devant Jérusalem, dans l’évangile de saint Luc. La référence est mnémotechnique : 1941 (Lc 19, 41).

C’est après l’entrée triomphale des Rameaux, et avant l’expulsion des vendeurs du Temple : « Quand il fut proche, à la vue de la ville, il pleura sur elle, en disant : "Ah ! si en ce jour tu avais compris, toi aussi, le message de paix ! Mais non, il est demeuré caché à tes yeux. Oui, des jours viendront sur toi, où tes ennemis t'environneront de retranchements, t'investiront, te presseront de toute part. Ils t'écraseront sur le sol, toi et tes enfants au milieu de toi, et ils ne laisseront pas en toi pierre sur pierre, parce que tu n'as pas reconnu le temps où tu fus visitée !" »

La douleur est celle de celui qu’on rejette, dont on ne veut pas, et cette douleur est immense du côté de Dieu, du côté du Père dont l’enfant s’en va, puisque c’est SA Ville qui le rejette.

Se laisser visiter, c’est pourtant le deuxième mystère joyeux après l’annonce de sa Venue. Dans ce mystère joyeux de la Visitation, que l’Eglise célèbre à la fin du mois de mai (naguère, c’était début juillet), on peut relever deux notations sur ce que Marie nous enseigne.

D’abord que l’accueil de Dieu est un dérangement supportable.

Nous vivons sur la défensive : confrontés depuis notre naissance – et même bien avant, ayant accumulé de génération en génération, le souvenir de tant d’hostilités, nous sommes légitimement craintifs. Sensibles ou écorchés. Assumons cette réalité, et en même temps dépassons-la : apprenons à accepter et à accueillir l’imprévu.

La 1ère vertu chrétienne n’est pas l’amabilité, mais la disponibilité.

Nous sommes souvent de ceux qui ne veulent pas goûter : ‘essaye !’ Non, j’aime pas. Comment le sais-tu si tu n’essayes pas ? Bien sûr, nous sommes assaillis de sollicitations et de propositions de toutes sortes, qui fait que nos contemporains nous répondent lorsque nous leur parlons de Dieu : « Merci, mais non, j’en ai pas besoin ». Et nous-mêmes, au sein de l’Eglise, quand la proposition nous est faite, du linceul de Turin aux apparitions de Fatima, nous entendons : « merci, mais je n’en ai pas besoin ».

La loi de l’hospitalité est la loi du dérangement positif : l’accueil d’une visite imprévue. Elle fait l’objet d’un enseignement explicite de la 1ère Lettre de saint Pierre : « Pratiquez l’hospitalité entre vous sans récriminer ».

« Frères, la fin de toutes choses est proche. Soyez donc sobres et raisonnables en vue de la prière. Avant tout, conservez entre vous une grande charité, car la charité couvre une multitude de péchés. Pratiquez l'hospitalité les uns envers les autres, sans murmurer. Chacun selon la grâce reçue, mettez-vous au service les uns des autres, comme de bons gérants de la grâce de Dieu sous toutes ses formes » (1 P, 4, 7-10).

Dans le mystère de la Visitation, de la visite de Marie à sa cousine Elisabeth, qui peut penser qu’à vues humaines, Elisabeth était dans les meilleures conditions pour accueillir chez elle sa jeune cousine ?

Se laisser bousculer, c’est la parabole du bon Samaritain. Parce que l’hospitalité est un signe de fraternité.

L’évêque d'Agen, Mgr Hubert Herbreteau, a publié un livre sur la fraternité (« La Fraternité entre utopie et réalité ») où il explique l’actualité du sujet. Il souligne les temps historiques où nous sommes, puisque « en 2007, l'humanité a franchi un cap historique : pour la première fois, il y a autant de citadins que de ruraux sur la planète. Dans trente ans, les deux tiers de l'humanité vivront dans les villes ».

Voilà ce qu’il dit de l'hospitalité : « visiter quelqu'un suppose la disponibilité et la gratuité. On prend rendez-vous ou bien on accueille quelqu'un à l'improviste et commence alors le plaisir de la rencontre, des bavardages et du repas partagé. Bien plus, une visite peut changer considérablement l'existence. Se laisser atteindre par les paroles, les attitudes, le visage et la présence d'autrui, tout cela constitue une manière de construire concrètement la fraternité ».

Dans le mystère de la Visitation, le signe d’hospitalité, ce signe de fraternité nous est donné par deux femmes. Ce n’est pas le seul endroit de l’évangile – on pourrait aussi parler de la maison de Marthe, avec Marie sa sœur, de la leçon donnée chez Simon le Pharisien : tu vois, Simon, tu ne m’as pas accueilli comme cette femme que tu réprouves.

Constatons plutôt, et c’est ma deuxième remarque : Marie nous enseigne que Dieu nous visite pour nous réunir. Le Magnificat prend place à la Visitation et non à l’Annonciation, parce que Marie rend grâce au travail de l’Esprit chez sa cousine. C’est au moment où je transmets ce que j’ai reçu que l’Esprit-Saint me fait entrer dans la louange.

Voilà pourquoi le visiteur demande trois pains : un pour son propre visiteur (son ami qui arrive de voyage), un pour lui-même, et le troisième pour qui, Sinon pour celui à qui il les emprunte. Autrement dit, il ne lui demande pas seulement de se lever, mais de les rejoindre. Voilà le signe qui nous est donné en ce jour, qui est en vérité le signe du Bon Pasteur : il vient à nous pour nous réunir. Voilà ce que nous allons célébrer dans cette Eucharistie.

Père Christian Lancrey Javal
curé de Saint-Louis d'Antin

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