Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
SITE INTERNET POUR LES DROITS DE L'HOMME
28 janvier 2008

LIVRES:2008

15 juillet 2008

LIVRE:"LE CHEVAL BLÊME/Journal d'un Terroriste" Boris Savinkov

VOICI UN ROMAN QUI APRÈS Winston Churchill devrait être le livre de chevet(si ce n'est pas déja le ka )du général Freddy Padilla de Leon,chef d'état-major des forces armées Colombiennes et grand admirateur du "vieux lion":Voir ou revoir son interview du 11 Juillet 2008/INTERVIEW .Mais aussi le livre de chevet de Monsieur Alfonso Cano,Chef des FARCS:Voir son portrait du 07 Mars 2008/PORTRAIT

Le "Vieux Lion" Sir Winston Churchill en parlant de l'auteur Savinkov cette aventurier écrivain mi-homme mi-démon la chose suivante:
«Malgré les malheurs qu’il a éprouvés, les dangers qu’il a surmontés, les crimes qu’il a commis, il a manifesté la sagesse d’un homme d’État, le talent d’un général d’armée, le courage d’un héros, l’endurance d’un martyr.»
S.W.Churchill

Le cheval blême / journal d'un terroriste, Boris Savinkov -
Savinkov - dont l'œuvre influencera Camus - aura dû longtemps sa notoriété moins à ses écrits (pourtant célébrés par les plus grands) qu'à son action

Mot de l'éditeur sur "Le cheval blême" de Boris Savinkov Édition PHÉBUS/ROMAN
Un «classique» hallucinant, dans la lignée de Dostoïevski, et dont on retrouvera les échos chez Camus et Sartre.

Le terrorisme peut-il avoir une justification éthique? C’est la question que pose Le Cheval blême, au titre tiré de l’Apocalypse, publié en France en russe en 1908, roman en forme de journal intime dont le narrateur est un chef terroriste qui prépare un attentat contre le gouverneur général de Moscou. Politique, mysticisme, amour et sexe, scrupules et cynisme soudent ou opposent les cinq membres du commando, dont un seul échappera à la mort, à la pendaison ou au suicide.
Très largement autobiographique – Savinkov fut notamment le cerveau de l’attentat contre le grand-duc Serge en février 1905 – cette œuvre à la fois poignante et cynique demeure d’une éblouissante modernité.

AUTEUR
Boris Savinkov (1879-1925), né dans une famille aristocratique, adhère au parti socialiste-révolutionnaire qui voit dans l’action directe un moyen de hâter la révolution. Organisateur de nombreux attentats, condamné à mort, il s’évade et gagne la France où il fréquente le cercle des intellectuels et artistes de Montparnasse. Il retourne en Russie après la révolution de février 1917, devient adjoint du ministre de la Guerre, puis passe à l’opposition anti-bolcheviks après la prise de pouvoir de ceux-ci. «Retourné» par la Guépéou, il regagne la Russie en 1924. Il est arrêté, passe en procès, et se «suicide» en 1925.

Posté par VINCENT PORTIER à 03:26 - LIVRES - Commentaires [0] - Rétroliens [0] - Permalien [#]



11 juillet 2008

LIVRE:LES FARC OU L'ECHEC D'UN COMMUNISME DE COMBAT

Les FARC : une guérilla aux abois

article du 06 avril 2008

Après la libération par les FARC de Clara Rojas et Consuelo Gonzales, deux proches d’Ingrid Bétancourt, lemagazine.info revient sur l’origine des FARC avec Eduardo Mackenzie. Ce chercheur associé à l’Institut d’histoire sociale et spécialiste de cette guérilla colombienne.Auteur du livre "Les FARC ou l'echec d'un communisme de combat"

Depuis Ingrid Betancourt est libre,mais le problème reste Entier pour les autres. 

Lemagazine.info : Quelle est l’origine des FARC et de quelle idéologie se revendiquent-ils ?

Eduardo Mackenzie : Le 9 avril 1948 à Bogota a eu lieu le « Bogotazo », une révolte populaire armée qui voulait prendre le pouvoir. À cette époque se tenait la 9e conférence panaméricaine, dont l’objet était de proposer un plan Marshall pour l’Amérique latine. Opposé à ce plan, le communisme international a décidé de saboter la conférence et de tuer Jorge Eliecer Gaitán, une personnalité politique très populaire, progressiste et anti-communiste. Cet assassinat a entraîné des émeutes très violentes, puis une guerre civile entre les libéraux et les conservateurs. Après un accord entre les deux partis, un référendum a été ratifié par la population et les guérillas libérales se sont démobilisées et ont rendu les armes. Mais des petits groupes ont refusé de déposer les armes et sont devenus des bandits et des assassins. C’est à cette époque que Manuel Marulanda, le chef historique des FARC, a été contacté par des éléments du parti communiste colombien, qui l’ont encouragé à continuer la lutte. C’est l’origine des FARC. Ce sont des marxistes et des gangsters. Ils utilisent la criminalité la plus ordinaire pour faire avancer leur cause. Aujourd’hui, ils continuent à croire à l’idéologie léniniste. Ils luttent pour la conquête du pouvoir, pour construire le socialisme en Colombie, pour établir la dictature du prolétariat, tout en pratiquant le narco-trafic, le kidnapping et les massacres de petits paysans. Ce n’est pas incompatible.

Lemagazine.info : Qui sont les otages des FARC ?

Eduardo Mackenzie : Les FARC kidnappent tout ce qui leur tombe sous les mains, des paysans, des enfants, des femmes. Ils détiennent actuellement 775 otages, dont 47 otages politiques. À une époque, ils kidnappaient des riches paysans. Avec l’argent de la culture de coca, ces derniers se sont organisés pour leur protection et pour défendre la population et ont fait venir des instructeurs et des conseillers d’Israël et d’Europe pour se protéger. C’est l’origine des paramilitaires. Ils ont expulsé les FARC du nord de la Colombie, en utilisant les mêmes méthodes que la guérilla. Quand les FARC ont perdu cette zone démilitarisée octroyée par le président Pastrana, ils ont alors kidnappé des personnalités politiques, des députés, des maires, des militaires, des policiers pour forcer le gouvernement à créer une autre zone démilitarisée.

Lemagazine.info : Dans quel contexte a été kidnappée Ingrid Bétancourt ?

Eduardo Mackenzie : À la fin des années 1990, les FARC occupait une zone démilitarisée de 42 000 km2, soit l’équivalent de la surface de la Suisse, sur lequel étaient cultivés le pavot et la coca. Ils en ont fait sortir l’armée et la police colombiennes et ont réussi à convaincre le gouvernement du président Pastrana, nouvellement élu, d’ouvrir des négociations. Elles ont duré trois ans pour un résultat nul, malgré des concessions exorbitantes. Les FARC ont utilisé ces trois années pour négocier la libération des personnes kidnappées et établir des contacts avec des terroristes. Quand Pastrana a ordonné la libération du territoire, Ingrid Bétancourt se trouvait à Bogota. Elle était en campagne. Elle a reçu un appel de ses amis et s’est rendue au nord du pays. C’est là qu’elle a été kidnappée. C’était le 23 février 2002.

Lemagazine.info : Pourquoi accorder autant d’importance à Ingrid Bétancourt ?

Eduardo Mackenzie : Ingrid Bétancourt a été éduquée politiquement à Paris. Elle avait une idée de la Colombie erronée. Elle pensait que c’était une dictature, que la Colombie était un pays atroce, que l’armée était une armée d’assassins, qui massacre la population. À l’époque, c’était une petite candidate, les FARC la considéraient comme une petite personnalité politique. Mais quand sa famille a commencé à développer la campagne de libération, Ingrid Bétancourt est devenue la poule aux œufs d’or. Sa mère et son ancien mari ont adopté le discours des FARC, en insultant le gouvernement colombien et en attribuant la responsabilité de cette tragédie au président Pastrana. Ensuite, lorsque Uribe a été élu président, ils ont mené campagne contre lui, en déclarant qu’il était autant responsable de la situation que les FARC. Uribe est pourtant est l’ennemi mortel des FARC, qui ont essayé de le tuer à six reprises. Dans le même temps, les FARC ont découvert qu’en France, il y avait un pivot de propagande formidable dont ils pouvaient tirer profit. Pour cette raison, Ingrid Bétancourt sera probablement la dernière otage à être libérée.

Lemagazine.info : Que pensez-vous de la gestion de cette affaire par Nicolas Sarkozy ?

Eduardo Mackenzie : Le 5 décembre 2007, Sarkozy a fait une déclaration directement au chef des FARC, lui attribuant la responsabilité de la vie d’Ingrid Bétancourt, et dénonçant ses méthodes. C’était nouveau. Avant, les appels s’adressaient aux FARC et à Uribe, comme si ce dernier avait la possibilité de libérer Ingrid Bétancourt. Les FARC ont répondu à cette déclaration en libérant Clara Rojas et Consuelo Gonzales. Pour la première fois, Sarkozy opte donc pour une approche différente. Son appel représente une véritable rupture avec la politique de Chirac, qui adoptait la ligne de la famille de Bétancourt. Il considérait Uribe coupable au même titre que les FARC. Sarkozy laisse ce discours et reprend la ligne du président colombien, en disant qu’il faut négocier la libération des otages dans une zone de rencontre, et non une zone démilitarisée comme le souhaitent les FARC. Bogotá a vraiment apprécié que Sarkozy, dans cet appel, ne parle pas de zone démilitarisée.

Lemagazine.info : Les FARC sont-ils toujours aussi puissants ?

Eduardo Mackenzie : Les FARC sont une guérilla aux abois, même s’ils ont réussi à s’installer sur le territoire vénézuelien avec la complicité et l’aide directe de Chavez. En Colombie, ils sont cachés dans la forêt amazonienne, protégés par la géographie. Mais c’est une guérilla qui perd des hommes et des femmes tous les jours. Il y a des désertions de combattants, car au lieu d’être jetés en prison, les guérilleros qui rendent les armes sont placés dans des programmes de réinsertion par le gouvernement colombien. Plus de 1200 guérilleros ont ainsi été démobilisés depuis les trois dernières années. Les FARC sont en train de s’effondrer. C’est la raison pour laquelle Uribe ne veut pas leur donner de zone démilitarisée.

Propos recueillis par

Isabelle Maillet , le 8 février 2008
Eduardo Mackenzie, Les Farc ou l’échec d’un communisme de combat, Colombie 1925-2005, éditions Publibook, 2004.

Posté par VINCENT PORTIER à 16:30 - LIVRES - Commentaires [0] - Rétroliens [0] - Permalien [#]

28 mars 2008

HISTOIRE ORDINAIRE D'UNE COLOMBIE BRISEE

Ordinary history of a broken Colombia.

Lui est anglais et voyageait en Colombie, commençant une carrière de photographe de conflits et de guerres. Elle était jeune, sensuelle et amicale. Ils se sont aimés dans une zone dominée par les paramilitaires, dans le Putumayo, en Colombie. Elle lui a avoué son secret : c'était l'une des tueuses professionnelles des Autodéfenses Unies de la Colombie et aussi une freelance qui tuait pour de l'argent, avec plus de vingt morts à son actif.

The Independent . Londres, le 6 mars 2008.

Il y a un moment dans toute relation où arrivent les confidences. En général, elles sont d'ordre amoureux, sur les fiancés passés - avec quelques oublis de convenances - et ce type de chose. Parfois, le secret avoué peut jusqu'à changer la relation : l'honnêteté a son prix. Et que se passe-t-il si le secret de ta fiancée est beaucoup plus obscur et sinistre qu'une liste de fiancés ?

Assis, nu au bord du lit, d'un hôtel bon marché et crasseux au beau milieu d'une zone de guerre, productrice de drogues, en Colombie, j'ai saisi une cigarette et je me suis mis à écouter la fille avec qui je venais de faire l'amour et qui m'avouait une chose inimaginable.

J'étais depuis déjà un mois en Colombie, apprenant à devenir photographe de presse. Ce n'est pas que je suivais des cours à l'université ou que je faisais des portraits dans un studio. Ce que je faisais, c'était de me jouer à chaque prise. J'étais dans un pays avec de rares moments de paix. Depuis environ quarante ans, le groupe rebelle marxiste des FARC - Forces Armées Révolutionnaires de la Colombie - avait fait la guerre au gouvernement se finançant par des enlèvements contre rançons et en prélevant un impôt sur le trafic de cocaïne. Les escadrons de la mort de droite, connus comme les Autodéfenses, étaient apparus en réponse aux enlèvements de propriétaires terriens et de barons de la drogue. Sous le parapluie des Autodéfenses Unies de la Colombie (AUC), ces milices privées, ces paras (paramilitaires), recevaient un appui secret du gouvernement et des militaires pour leur guerre sale contre les FARC.

Cette guerre à trois bandes avait déjà coûté plus de 200.000 vies et plus de trois millions de personnes avaient été forcées à abandonner leurs maisons, menacées ou victimes de la violence. Ce serait une grossière injustice penser le conflit comme une guerre pour la drogue. Ses racines coulent dans les différences économiques et sociales qui taraudent le pays, avec une énorme partie de la population qui vit dans la pauvreté et une autre infime qui possède 90%de la terre, de l'industrie et des affaires. Mon ambition était de connaître et de photographier des membres de chaque groupe, en essayant d'expliquer le conflit.

J'ai commencé par voyager dans des zones du pays où les FARC sont très présentes et, après beaucoup de tentatives, j'ai convaincu les rebelles qu'ils me permettent d'entrer dans l'un de leurs campements. Après avoir passé quelques jours avec eux, suivre leur vie quotidienne et même voir un combat contre des troupes du gouvernement, c'était le moment de trouver leurs ennemis, les paras. J'ai voyagé au Putumayo, l'un des centres du trafic de stupéfiants et de scènes d'escarmouches interminables entre paras et guérilleros, au sud de la Colombie et près de la frontière avec l'Équateur. Cela m'a pris quelques jours d'omnibus arriver à Puerto Asis, la capitale.

En chemin je me suis mis à parler à d'autres passagers, à une belle fille colombienne, nommée Marylin qui m'a dit qu'elle revenait de faire des achats dans la grande ville. Je lui ai expliqué pourquoi je visitais ce lieu et Marylin m'a dit qu'elle avait des amis dans l'armée et les paras, et qu'elle pourrait m'aider. Elle m'a invité alors à rester chez sa famille, qui avait un magasin et un bar á côté de la route, dans les environs du village. Marylin était très séduisante.

J'ai passé quelques semaines avec sa famille, en parcourant les champs, en photographiant les champs de coca et en essayant d'établir un contact avec les paras. Marylin et moi passions de longues après-midi ensemble dans son réseau, se tenant par la main et nous embrassant parfois, mais rien de plus. Soudain je n'ai plus eu de temps ni d'argent, et j'ai du retourner en Grande-Bretagne. Après nous être faits nos adieux je lui ai promis que j'essaierai de revenir et Marylin m'a dit que maintenant je faisais "partie de la famille".

Six mois plus tard, j'étais de retour, disposé à arriver au fond du conflit, à apprendre le plus possible et peut-être à écrire un livre. Je suis allé à Puerto Asis pour rester avec Marylin et sa famille, mais une surprise m'attendait : elle avait joint les Autodéfenses et elle avait pris part dans un combat au village voisin El Tigre. Une amie qui combattait à ses côtés était tombée, morte, á côté d'autres 25 paras et d'au moins 15 guérilleros. Tous les habitants de El Tigre avaient fui.

Le frère de Marylin travaillait maintenant dans une plantation de coca et portait toujours un pistolet qu'il gardait la nuit sous son oreiller. Ce n'était pas trop voyant dans un pays brisé par toutes les violences possibles, dans lequel la chance, bonne ou mauvaise, marquait dans quelle faction on finissait. Des mois ont passé, j'ai voyagé dans tout le pays pour mon projet, j'ai obtenu qu'ils me prêtent attention, même que j'ai gagné un prix international et ils m'ont offert d'aller en Irak pour suivre la guerre. Mais après six mois passé entre les voitures-bombe et les mortiers à Bagdad, je ne pensais qu à retourner en Colombie.

Un an après notre première rencontre, je suis revenu à la maison de Marylin dans un taxi vétuste. Je me suis assis pour prendre une bière fraîche avec son père tandis que nous attendions qu'elle revienne "de faire une commission". Puis nous sommes allés marcher avec sa fille de quatre ans, Nathalie, et nous nous sommes baignés dans la rivière. J'ai pu sentir qu'il y avait eu un changement chez elle, mais je n'ai pas bien su lequel .

Je lui ai demandé si les choses avaient changé entre nous, si mieux ce n'était pas mieux que je reste dans un hôtel. Elle m'a dit que oui, qu'il serait plus facile pour nous de nous trouver. La même nuit elle est venue diner avec moi, nous partageons une bouteille de vin et j'ai commencé à penser qu'un an de patience aurait enfin des résultats. Marylin est resté cette nuit, dans la chaleur tropicale de l'hôtel où ne marche pas l'air conditionné. À l'aube, en entendant les premières autos et les premiers marchands ambulants, Marylin m'a dit qu'elle avait quelque chose à me dire.

C'était alors, qu'elle m'a lancé une confession qui m'a excité et confondu à la fois. Elle m'a dit que durant les mois que je fus en Irak, elle avait changé de position dans les Autodéfenses, elle avait joint la milice urbaine et devenue une tueuse. Son travail était d'éliminer des informateurs et des traîtres. Jusqu'à présent, m'a t-elle raconté, elle avait tué dix personnes dans la zone. J'ai saisi une cigarette et j'ai aspiré fort, tandis qu'elle me regardait entre la fumée pour voir comment je réagissais. Curieusement, de façon inespérée, je n'ai pas senti d'horreur. Les mois que j'avais passés en Colombie et en Irak m'avaient changé. Ce n'est pas que j'étais moins sensible à la mort ou à la souffrance, mais certainement il était plus difficile de me choquer. La différence entre une victime et un bourreau, un rebelle et un réfugié, me paraissait beaucoup plus une question de perspective.

Il m'a toujours plu d'être avec les gens qui font des choses, les rebelles et les soldats qui croyaient à ce qu'ils faisaient. Les reines de beauté riches et bien habillées des clubs chics de Bogotá me laissaient froid. Bien que plus tard je me sentirais très différent, ma première réaction sur ce que Marylin me disait a été une acceptation qui touchait presque à l'approbation. Je suppose que si j'avais une maîtresse dans une zone de guerre, elle serait des plus cool.

Au début, ses visites à mon hôtel, toujours avec un pistolet, ne me rendaient pas nerveux. Je crois je n'avais pas enregistré les conséquences de ce que Marylin m'avait raconté. J'était jeune et vivait une grande aventure dans laquelle j'étais sûrement déjà arrivé au degré maximal d'immersion dans ce conflit. La femme avec qui je venais de commencer à faire l'amour était régulièrement une tueuse à gage qui laissait sur ma table de chevet son pistolet. Je la voyais enlever l'arme du ceinturon, enlever ses vêtements et entrer dans mon lit, et je ne pouvais pas mettre en rapport cette femme avec les cadavres que je voyais à la morgue, avec la tête explosé par des coups de fusil à bout portant, comme elle m'avait raconté qu'elle le faisait. Je marchais propulsé par la chaleur tropicale, le rhum fort, la cocaïne de première choix et les bras d'une fille nubile de 22 ans, par la quelle se me mélangeaient la réalité et les illusions. C'était comme vivre dans un film de Tarantino.

Un matin, Marylin m'a raconté que la nuit précédente elle avait convaincu un ami de ses amis à l'aider à décapiter et démembrer une femme. Cette fois, ce n'était pas une informatrice : une amie lui avait passé contrat pour qu'elle liquide une maîtresse de son fiancé. Elle m'avait raconté dans le détail ce qu'elle avait fait, et fait si froidement, que finalement je suis tombé dans la réalité. Mes sentiments envers elle ont commencé à changer, le romantisme a commencé à s'éteindre. Elle ne me semblait déjà plus une partie légitime d'une guerre civile mais elle s'était mise à être une tueuse à gage, tuant pour de l'argent, ni plus ni moins.

Bien je la encore trouvait sexuellement attractive et voulait être avec elle, quelque chose me rebondissait dans la tête. C'était des pensées qu'à d'autres leur étaient venues à l'esprit beaucoup plus tôt mais qui à la fin s'infiltraient dans mon cerveau. Dans les derniers mois, je l'avais photographiée en nageant dans la rivière avec sa fille et en lui lisant un conte avant de dormir. Dernièrement, les images que je prenais d'elle se concentraient presque exclusivement sur son autre visage : la réduisaient à un article, à un sujet. Je lui ai demandé si elle était prête à me permettre de l'interviewer. Elle s'est mis un masque de ski et, et pistolet à la main, m'a permis de faire un vidéo. J'ai commencé par demander sur comment elle est entrée chez les paramilitaires et comment ils l'ont convaincu de tuer pour la première fois. Elle a commencé par douter, mais elle a gagné en aisance au fur à mesure qu'elle racontait son histoire.

"Quand j'ai tué pour la première fois j'ai paniqué, j'ai eu peur. J'ai tué pour voir si je pouvais le faire. Mais il est obligatoire de tuer, si tu n'en tues pas un, ils te tuent. Le premier a été très difficile parce qu'il était à genoux, en priant, en pleurant et en demandant que je ne le tue pas pour ses enfants. C'est pourquoi ce fut si difficile. Mais si ne le tuais pas, un autre me tuait. Après l'avoir fait on continue à trembler, on ne peut pas manger, dormir, ni parler à personne. Je me suis enfermé dans moi même. Mais avec le temps on oublie. Mes supérieurs me disaient que la deuxième fois allait être plus facile. Mais on continue à trembler."

"La deuxième fois m'a semblé un peu plus facile. C'est comme ils disent par ici, si tu tues une fois, tu tues plusieurs. Il faut aller en perdant la peur. Maintenant je continue de tuer et je ne sens rien, tout est normal. Avant ils m'ordonnaient de tuer, c'était une obligation. Mais depuis que j'ai laissé l'organisation je le fais pour de l'argent et rien de plus."

"J'ai tué l'un de mes amis parce que sinon ils allaient me tuer moi. Mes amis m'ont raconté qu'ils travaillaient pour l'autre faction, parce c'étaient eux ou moi. J'ai confirmé aux Autodéfenses qui étaient effectivement des guérilleros et j'ai demandé la permission de les tuer. Ce fut été très douloureux. Je suis allée à leur veillée et à leur enterrement. Il a été très difficile de voir leur mère en pleurant, en sachant que j'étais responsable de cette douleur. Mais c'étaient eux ou moi et dans les Autodéfenses ils t'apprennent que d'abord faut faire attention à soi. Jusqu'à présent, j'ai tué 23 personnes."

Cela fut terriblement triste d'écouter cette femme jeune et intelligente, si proche, parler ainsi. Marylin était une victime de circonstances extrêmes. Son ennui et sa recherche de quelque chose qui l'excitait, l'avaient portée chez les paras qui l'avaient fait perdre tout respect pour la vie humaine. Mais ses excuses, ou le manque d'excuses, m'avaient secoué et je lui ai dit qu'elle représentait tout celui qui était mal dans son pays. Depuis mon lieu privilégié et externe d'observateur je ne pouvais pas m'identifier à elle, seulement me mettre en colère et la juger. Cela n'avait pas fonctionné de la réduire à un sujet, je ne pouvais pas prendre de la distance. D'un côté c'était un ravissement tout ce qui était passé dans les derniers mois, d'un autre c'était le prix qui fallait payer pour arriver au fond. J'avais vu et écouté des choses qui me faisaient comprendre la Colombie comme jamais avant, mais je me rendais aussi compte que j'étais touché.

Je retournais en Irak et tout de suite je suis allé à la guerre en Afghanistan. Pendant un an nous nous sommes envoyés des mails avec Marylin. Elle me demandait par où je traînais et me demandait de ne pas l'oublier. Elle m'a raconté que ce que je lui avais dit après l'interview vidéo l'avait secouée, que personne ne lui avait jamais parlé ainsi, en lui demandant pourquoi elle faisait ce qu'elle faisait. Et m'a dit qu'elle voulait commencer de nouveau, mais que les AUC ne laissaient personne sortir de l'affaire. Tout au moins vivant.

Après un long silence, j'ai commencé à craindre qui lui soit arrivé quelque chose. J'ai décidé de revenir au Puerto Asis la voir. Cela m'a pris du temps de ramasser mon courage et d'aller à sa maison et voir si sa famille vivait encore là. Je me demandais si elle avait réellement commencé une nouvelle vie dans un autre lieu ou si, plus probable, sa vie passée enfin l'avait atteinte. Comme je savais dans quelles horreurs avait vécue Marylin, j'étais préparé à recevoir de mauvaises nouvelles. Ce à quoi je ne m'attendais pas c'était le trouble de les recevoir. Sa famille a été surprise, comme toujours, de me voir d'un coup à sa porte. Mes craintes se sont confirmées après avoir vu son père qui, avec les yeux pleins de larmes, m'a dit que Marylin était morte. Elle avait vingt-cinq ans et deux mois quand elle a été enlevée de sa maison et lapidée. Ses bourreaux lui avaient écrasée la tête avec une pierre et tirée dessous à plusieurs reprises.

Le jour suivant, sa fille de six ans s'est réveillée orpheline. Ses parents avaient perdu leur troisième enfant et son frère était si brisé qu'il n'arrêtait pas de pleurer et ne pouvait pas marcher ni parler. Marylin n'a pas été tuée par quelqu'un du coin, dans une vengeance pour un de ses "travaux" comme tueuse. Son propre groupe l'a assassinée dans une lapidation symbolique qui est le châtiment pour les « crapauds », comme les Colombiens appellent les informateurs. Son dernier fiancé avait été un soldat, quelque chose de convenable pour les deux, tandis que paras et militaires travaillent ensemble dans la guerre pour le contrôle des champs de coca du Putumayo, mais suffisant pour que quelqu'un meure quand cette relation s'est terminée.

La mort de Marylin a été très spéciale pour moi, pour notre intimité. Nous avons été amis et amoureux. Nos vies n'ont jamais beaucoup eu beaucoup en commun, excepté l'accolade en fer de la guerre civile colombienne. Il m'était difficile de parler, je ne savais pas réellement ce que je sentais. Sentais-je de la peine pour cette femme qui avait pris tant de vies et était tombée par la même justice de la rue qu'elle exerçait ? Conversais-je encore une fois avec elle sur comment changer sa vie après m'avoir parlé ? Me demandais-je si je n'aurais pu avoir fait plus pour elle ? Avais-je de la peine pour ses parents et sa jolie fille qui un jour pouvait découvrir pourquoi l'ont-ils tuée et comprendre les horreurs qui se passaient tandis qu'elle était un bébé ? Me souvenais-je comment était de l'embrasser avant de savoir que c'était une tueuse ? M'imaginais-je ou essayais-je de ne pas m'imaginer comment elle est restée avec le visage défoncé par la roche ? En réalité, je pensais, sentais et imaginais tout cela. Et en même temps je savais que la douleur de sa famille était la même qu'elle avait causé beaucoup d'autres familles.

De retour dans l'hôtel j'ai continué de fumer et de voir le ventilateur faire des tours, en pensant à mes guerres, ma fiancée morte et mon actuelle situation. Au matin suivant, très tôt, nous sommes allés avec la mère et la fille de Marylin, les deux sur leur trente et un et avec des fleurs, la visiter au cimetière. Son cercueil était dans une niche en ciment, juste au-dessus de celui de sa sœur, aussi morte dans la guerre. Il y a bien longtemps que les morts ont surpassé la capacité du cimetière. À son côté il y avait une autre tombe, beaucoup plus petite, de l'autre sœur morte à trois mois de causes naturelles. Je ne voulais pas n'imaginer ce que sentait la mère de Marylin embrassée sa petite - fille en voyant les tombes de trois de ses filles. Mon idée, de rentrer par le Putumayo pour photographier, les paras déjà ne me semblait pas si intéressante. Marylin m'avait toujours indiqué où suivre et m'avait averti où s'arrêter. Je voulais plus apprendre sur sa vie et sa mort, mais elle ne voulait pas qu'ils me tuent pour avoir demandé à celui à qui ne correspondait pas.

Cette nuit, en mangeant entre coup de klaxons et des moteurs, une voisine m'a raconté un peu plus sur ce qui était arrivé à Marylin. En prenant une soupe, elle m'a raconté que Marylin avait été avec les AUC beaucoup plus de temps de ce qu'elle s'était confessée et que dans le village tous affirmaient qu'elle avait participé au massacre de 26 personnes du village El Tigre. Plusieurs de ces morts dans ce massacre avaient été décapités et étripés avant qu'ils ne les tirassent à la rivière. La même nuit j'ai pris un billet dans le premier avion.

Tandis que je voyais Puerto Asis se rapetisser jusqu'à disparaître, l'avion est resté enveloppé dans un nuage. Dans mon iPod une voix chantait que "cette ville nous rend fous et il faut partir". J'écris cela à quinze mille kilomètres de distance dans un hôtel glacé de Kaboul, où je couvre une autre guerre interminable et je me demande quoi d'autre j'aurais pu faire. Marylin a-t-elle été assassinée parce qu'elle était réellement une informatrice ou parce qu'elle voulait commencer une autre vie, comme elle me le disait dans ses mails ? Je veux croire que fut pour cela, je veux croire qu'elle a réussi à changer, qu'elle n'était pas la dure, la tueuse cruelle et froide, qu'elle m'avait révélé. Qui je veux tromper ?

Traduction de l'anglais par Página/12 .

* Jason P. Howe est un correspondant de guerre connu et l'auteur de 'Colombie : Between the Lines' (Colombie : entre les lignes). L'histoire incroyable de sa romance avec Marylin a été publiée dans le quotidien britannique The Independent, á côté d'un essai photographique sur sa vie et sa mort. L'histoire de Jason et de Marylin a été achetée par Hollywood et elle est en pre-production pour un film à grand budget.

Traduction de l'espagnol au français pour El Correo de : Estelle et Carlos Debiasi

ARTICLE PUBLIE PAR http://www.elcorreo.eu.org/article.php3?id_article=4025

Par Jason Howe *

Posté par VINCENT PORTIER à 23:52 - LIVRES - Commentaires [0] - Rétroliens [0] - Permalien [#]

13 mars 2008

LIVRE:"COLOMBIE,DERRIERE LE RIDEAU DE FUMEE"de Calvo Ospina Hernando

Colombie, derrière le rideau de fumée. Histoire du terrorisme d’Etat de CALVO OSPINA Hernando

Le Temps des Cerises éditeurs, mars 2008, 400 pages, 20 Euros

 

L’affaire Ingrid Betancourt et la question des otages ont mis la Colombie sous les feux de l’actualité… Mais, derrière le rideau de fumée médiatique, que se passe-t-il vraiment dans ce pays ?

La violence politique, conséquence de l’intransigeance de l’Etat et des énormes inégalités sociales, est au cœur de cet ouvrage,

Au fil de l’histoire, l’oligarchie nationale vorace, les Etats-Unis et certaines puissances européennes, avides de soumettre un peuple pour s’emparer de ses immenses richesses naturelles, ont fait de la violence leur spécialité.

Si par le passé, les troupes officielles semaient la barbarie, aujourd’hui ce sont les paramilitaires, qu’elles ont engendrés, qui ont pris le relais. Pourtant, sans relâche, d’importants secteurs de la population organisent la résistance en adoptant diverses formes de lutte.

« Un travail impressionnant, habilement développé grâce à un style caractéristique de la culture colombienne, et qui présente les faits les plus dramatiques sous une forme littéraire. » François Houtart, professeur émérite de l’Université de Louvain-la-Neuve

« Même s’il développe un thème complexe et cruel, chaque page invite à poursuivre la lecture. » Jean Ziegler, rapporteur spécial de l’ONU


Les éditions du Temps des cerises ont le plaisir de vous annoncer la parution du livre Colombie, derrière le rideau de fumée. Histoire du terrorisme d’Etat du journaliste et écrivain Hernando Calvo Ospina, en librairie à partir du 21 mars 2008.

Pour toute demande de service de presse ou contact avec l’auteur, merci de contacter Karine Alvarez par mail

karine_tdc@yahoo.fr ou au 06 62 97 21 35

Colombie, derrière le rideau de fumée. Histoire du terrorisme d’Etat

Le Temps des Cerises éditeurs, mars 2008, 400 pages, 20 Euros

Préface d’Ignacio Ramonet

Hernando Calvo Ospina, Colombien résidant en France, est écrivain, journaliste et collaborateur du Monde Diplomatique. Il a participé à des documentaires pour la chaîne de télévision britannique BBC, la franco-allemande Arte et l’allemande ARD. Il est l’auteur de plusieurs livres qui ont été traduits en plus de dix langues.

www.letempsdescerises.net

Posté par VINCENT PORTIER à 19:42 - LIVRES - Commentaires [0] - Rétroliens [0] - Permalien [#]

12 mars 2008

LIVRE:"INGRID" hommage par Sergio Coronado edition FAYARD

« C’est ça Ingrid Betancourt, c’est toujours de front »

Dimanche 02/03/2008 | Posté par Romain Santamaria

Alors qu’elle entame sa sixième année de captivité aux mains de la guérilla colombienne des FARC, la biographie de Sergio Coronado retrace les étapes cruciales de celle que tout le monde appelle par son prénom."POUR NE PAS OUBLIER"

 -- Cliquez pour voir l'image en entier

D'Ingrid, on ne sait presque rien. Controversée dans son pays, un livre à succès en France, son enlèvement par les FARC, la durée extraordinaire de sa détention dans des conditions terribles, la ténacité de sa famille à la faire vivre dans les médias contre l'oubli, et ces quelques images d'elle, la tête baissée, amaigrie, malade. On ne sait pas pourquoi on l'aime et on s'explique mal les raisons de la détester. Mais tous, nous sentons concernés par cette femme déterminée, que l'on s'approprie volontiers et que tout le monde appelle Ingrid. C'est justement ce titre qu'a retenu Sergio Coronado pour sa biographie. Je le retrouve ce matin-là, encore sous le coup du décalage horaire, revenant de Bogota où l'on commémorait la sixième année d'Ingrid aux mains de la plus vieille guérilla d'Amérique latine.

Lorsque vous la rencontrez pour la première fois, Ingrid vous fait bonne impression. Malgré tout, vous restez méfiant vis-à-vis de
« ces Latino-Américaines issues de la grande bourgeoisie ».

C’est toujours un peu surprenant quand on connaît les codes latino-américains. C’est quelqu’un de direct, c’est une lame. Elle ne correspond pas aux canons de beauté colombiens, mais elle dégage un sentiment de détermination, d’ambition. Elle est très lumineuse quand on la voit.

On lui reproche son enfance bourgeoise et bohème.

Elle a une enfance de fille de parents diplomates à Paris, dans un milieu privilégié, protégé, comme partout ailleurs. Ceux qui le lui reprochent, ce sont aussi ceux qui ont la même vie. Ce qu’on lui reproche c’est de cracher dans la soupe. On peut faire partie de la grande bourgeoisie sans pourtant rester cloisonner. C’est plutôt méritoire.

Elle épouse un diplomate français, Fabrice Delloye, qui refuse de vivre en Colombie. Pourquoi ?

Beaucoup de gens refuseraient de vivre en Colombie. Je pense qu’il ne se voit pas de vivre entouré de garde-du-corps, de se soucier de la protection de ses enfants en permanence. Et puis, quand ils se marient dans les années 80, c’est le déclenchement de la guerre des cartels de la drogue, d’assassinats de politiques, de policiers, d’attentats dans les villes.

Vous dressez un tableau bien sombre de la Colombie : « La vie y est dure et violente » et qui héberge « 80 % des enlèvements » mondiaux. Peut-on faire le parallèle avec l’Irak ?

Non. En Irak, il y a une force d’occupation. Même si la présence des États-Unis en Colombie y est forte. C’est un pays où la violence est enracinée dans un contexte national – dans l’affrontement qui naît à la fin des années 1940 entre les libéraux et les conservateurs –, aux racines sociales évidentes de distribution de la terre et de partage des richesses. Cette période qu’on appelle Violencia fera plus de 300 000 morts et sera un contexte qui donnera naissance aux premières guérillas telles que les FARC.

Les médias utilisent, en parlant de cette violence, les termes de "guerre civile".

C’est une guerre civile au moment de la Violencia. Cette violence mute et perdure, et a des conséquences pérennes. Aujourd’hui, c’est un conflit armé. Les populations ne s’affrontent plus en tant que tel : ce sont des organisations insurgées dont le champ de bataille est la société colombienne.

Malgré tout, Ingrid décide de revenir en Colombie. A quel moment et pour quelles raisons décide-t-elle de s’engager politiquement ?

Elle est attachée à ses origines et elle avait une volonté réelle de s’engager politiquement. Et puis quand on est la fille de Betancourt, un ancien ministre de l’Éducation, on a déjà un nom, c’est plus facile de se faire connaître.

Quelle étiquette prend-t-elle ?

Elle choisit le Parti libéral, qui est un parti de centre gauche et appartient à l’Internationale socialiste. Elle se définit comme une femme de gauche avec un positionnement radicale. Après, il faut considérer la scène politique dans toute la complexité colombienne : quand Pablo Escobar [ndlr : chef du cartel de la drogue de Medellin] se fait élire député, il le fait dans la sphère d’influence libérale.

En 1994, elle fait donc campagne pour la Chambre des représentants en ciblant la classe moyenne jeune et urbaine de Bogota et en distribuant des préservatifs…

Sa campagne électorale a été réduite à sa distribution de préservatifs parce que c’est un truc assez violent en Colombie : une fille de bonne famille, dans un pays où l’Église catholique garde une grande influence. Donc ça avait été une sorte d’entrée en campagne par effraction, un plan un peu polémique. En même temps ça me semblait étrange qu’on élise une personne uniquement sur un coup de com’. En fait, lorsque j’ai étudié les archives de la campagne électorale, je me suis rendu compte qu’elle avait mené une campagne assez moderne sur le thème des Verts. Mais le coup de com’ en dit beaucoup sur sa personnalité.

Son message principal, et celui qu’elle utilisera durant toute sa carrière, est la dénonciation de la classe politique colombienne.

J’ai visionné beaucoup d’interventions d’Ingrid au Congrès. La politique, c’est un monde de codes, il y a beaucoup d’omerta, des choses qu’on ne dit jamais ouvertement. On peut dénoncer la corruption en Colombie, plein de gens le font. Le problème c’est qu’elle donnait des noms, des chiffres et le faisait assez ouvertement à la tribune de l’Assemblée. Dans sa démarche, il y avait une certaine dimension de justicière. Mais c’est ça Ingrid Betancourt, toujours de front. Je trouve ça un peu inconscient et en même temps assez admirable. C’est quelqu’un qui ne louvoie pas.

A la même époque, séparée de son mari, elle a une relation avec un ex-guérillero des M-19, Carlos Alonso Lucío. Pouvez-vous nous en dire plus sur ce mouvement et comment cette relation fut vécue par son entourage ?

Le mouvement M-19 est un mouvement de guérilla colombienne créé en 1970 pour protester contre la fraude électorale qui priva le général populiste Gustavo Rojas Pinilla de sa victoire à l’élection présidentielle. C’est une guérilla assez romantique en fait, avec une forte influence dans les milieux de la bourgeoisie urbaine et universitaire, et qui avait une préparation intellectuelle. Puis en 1989, ils cessent les hostilités et se constituent en parti : l’Alliance démocratique. C’était assez étonnant de voir cette femme issue de la bourgeoisie colombienne avec cet homme au passé radical.

Peu après avoir soutenu Ernesto Samper à remporter les élections présidentielles de 1994, elle se rend compte rapidement à quel point le narcotrafic infiltre les arcanes du pouvoir.

Personne à l’époque ne pense que Samper est corrompu. Après la mort d’Escobar, en 1993, les gens veulent croire que la page est tournée. Ce n’est qu’au bout d’un certain temps qu’on apprendra que sa campagne avait été financée par un cartel de la drogue.

Pour cela, elle entamera une grève de la faim.

Non, en fait, Samper voulait constituer une commission d’enquête au sein du parlement pour savoir s’il devait être déféré devant la Haute Cour de justice colombienne. Sauf qu’il a été élu et que le parlement lui était largement acquis. Elle voulait être une voix dissonante et se lance dans une voie un peu périlleuse.

Son mariage avec le Colombien Juan Carlos Lecompte en 1997 sera un soutien tant dans sa vie familiale que politique.

C’est une sorte d’oxygène pour elle qui a une vie dense et tendu. Et ce type est un créatif qui n’est pas dans la politique. C’est quelqu’un qui l’a beaucoup fait rire.

Par la suite, elle décide de briguer un mandat au Sénat. Pourquoi ne le fait-elle pas sous la bannière de son parti, le Parti libéral ?

Parce qu’elle rompt. D’abord en raison de Samper, ensuite en raison de sa marginalisation au sein même du parti en devenant la voix de l’opposition. Elle décide donc de créer Oxigeno liberal, une bouffée d’oxygène dans un parti corrompu.

Sur quoi d’autre que la corruption s’articule son thème de campagne ?

Très vite ce discours reposant sur la corruption connaît une maturation, Ingrid comprend qu’il faut un projet pour mettre un terme à cette pandémie. C’est pour le thème de la réforme politique qu’elle opte, une nouvelle forme de rapport à l’État. Elle s’en fait la principale porte-voix, devient l’incarnation aux yeux des Colombiens de la nécessité de faire cette réforme. Ce n’est plus la justicière, mais la femme d’État.

Elle est élue au Sénat.

Oui, elle a toujours fait de très bons scores. D’ailleurs, en 1994, c’est la meilleure députée libérale élue !

Elle se lance ensuite dans la course aux présidentielles en soutenant le conservateur Andrès Pastrana, l’adversaire d’hier.

Elle paie assez cher sa naïveté – c’est une ingénue en politique, elle est trahie en permanence. Elle soutient Samper alors qu’il est totalement corrompu. Elle soutient Pastrana, joue un rôle important dans sa victoire, elle parle d’égal à égal avec un président et elle aime ça, d’être considérée comme une femme d’État.

Pourquoi, si elle n’a pas concouru pour son propre parti, n’obtient-elle pas au moins une place au sein de son gouvernement ?

Des rumeurs la voyaient vice-présidente, mais Ingrid est un chiffon rouge dans la société colombienne, un piment qui met une partie des gens dans tous leurs états. L’establishment colombien la hait. Les gens ne lui pardonnent pas d’être bien née et de vouloir « rompre » dans une société conservatrice.

En 1999, l’Oxigeno liberal se met au vert.

Elle visait l’international, c’est une forme de reconnaissance et de protection. Et puis elle n’avait plus de parti, elle n’était plus avec les libéraux, mais elle n’était pas non plus conservatrice. Tandis que l’écologie faisait partie de ses thèmes de campagne. Et à la fin des années 1990, les Verts représentent une famille progressiste et moderne.

Son livre, La Rage au cœur, connaît un formidable succès lors de sa sortie en France, en 2001. Pourquoi n’a-t-il pas été écrit en espagnol et d’abord édité en Colombie ?

C’est compliqué. Elle a d’abord eu une proposition intéressante de l’éditeur XO. En outre, elle avait déjà écrit un livre sur Samper qui n’avait pas été un succès en librairie, dans un pays où les livres coûtent de toute façon très chers. Et ça, je crois qu’elle le paie beaucoup.

Lors des présidentielles de 2002 dans lesquelles elle se lance en son propre nom cette fois-ci, elle fait face à ceux qui deviendront ses futurs ravisseurs, les dirigeants des FARC.

C’est une période de négociation de paix, les FARC recevaient dans une zone démilitarisée des journalistes, des ONG, des politiques. Mais les discussions n’avancent pas.

Quelle est la différence avec les paramilitaires ?

Les paramilitaires sont des milices privées, généralement liés aux narcotrafiquants pour protéger la production de la drogue contre les guérillas. Ils sont recrutés aussi par des entreprises ou des paysans pour protéger leurs biens. Depuis un an et demi, le scandale du paramilitarisme montre bien cette pénétration dans l’appareil d’État, avec une quarantaine de congressistes impliqués et placés en prison.

Ingrid fait campagne en chiva ?

Dans une sorte de camionnette typique de la Colombie, elle traverse le pays. Le but, c’était de faire une campagne populaire, d’aller au devant des gens. C’est une manière de découvrir la Colombie, dans sa diversité, ses contrastes.

Lors d’une interview à Baranquilla, elle rencontre son adversaire indépendant, l’actuel président Alvaro Uribe. S’en suit une joute verbale dans laquelle elle dénonce ses liens aujourd’hui avérés avec les paramilitaires de la région d’Antioquia.

Oui, et qu’au fond Uribe n’a jamais caché. Pour lui, ce ne sont que des milices de défenses citoyennes. On peut pinailler sur les mots…

Vous revenez tout juste de Bogota où l’on a commémoré le 23 février le 6e anniversaire de l’enlèvement d’Ingrid.

Six ans, c’est énorme. Et cette dernière image que l’on voit d’Ingrid, décharnée, a provoqué un choc dans l’opinion colombienne. Le gouvernement actuel qui a toujours eu une position belliqueuse et guerrière vis-à-vis des FARC ne favorise pas une avancée dans les accords humanitaires. C’est le refus de céder aux FARC.

La « starification » d’Ingrid a permis qu’elle ne soit pas oubliée. D’un autre côté, écrivez-vous dans votre livre, « la garder est pour les FARC un moyen de pression extrêmement fort sur le gouvernement ».

Oui c’est à double tranchant. En même temps, toutes les causes ont besoin d’être incarnées et, aujourd’hui, elle incarne la cause des otages en Colombie.

Quelles sont les revendications des FARC ? 

C’est très compliqué. Les revendications immédiates sont d’être considérés comme un interlocuteur et donc la reconnaissance du conflit armé qu’une partie de la classe politique nie : « Il n’y a pas de conflit politique armé, juste une guerre contre le terrorisme. » Et puis la démilitarisation de deux municipalités dans le sud du pays pour procéder à des accords d’échanges humanitaires avec le gouvernement. Ça c’est, de fait, la reconnaissance d’un statut de belligérant.

Peuvent-ils du jour au lendemain quitter la marginalité dans laquelle ils vivent depuis plus 40 ans et les millions que leur rapporte le narcotrafic ?

C’est un gros problème en effet. La question que je me pose, c’est quel rôle peut jouer une organisation qui est coupée des réalités du pays depuis quarante ans. Et en même temps, ils disent : « On n'est pas coupés des problèmes des paysans et de la misère. » Je pense que c’est très difficile, ce sont des gens qui ne connaissent que la guerre. Et quels partenaires démocratiques peuvent-ils être après des décennies d’engagement militaire ?

Son enlèvement a fait l’objet d’un certain scepticisme. Beaucoup ont critiqué son « imprudence », sa « légèreté » ce jour-là.

Ce n’est pas un argument recevable dans un pays qui connaît des milliers d’enlèvements par an et où l’on va même jusqu’à détourner l’avion d’un ministre. C’est une façon à l’époque pour le gouvernement Pastrana de s’en laver les mains, de montrer que cela résulte d’une responsabilité personnelle et qu’au fond ce n’est pas celle de l’État de protéger ses citoyens.

Comment expliquez-vous que cette femme controversée dans son pays ait rencontré un tel succès en France ?

La redécouverte d’un pays lointain, la Colombie. Ingrid, c’est un exotisme qui rassure, quelqu’un qui présente un visage avenant du pays. Et puis elle parle avec des mots que l’on comprend, de manière accessible. Sans compter son combat, présenté de manière héroïque dans son livre : c’est quelqu’un à qui l’on peut s’identifier.

Pourquoi avoir intitulé votre livre d’un simple « Ingrid » ?

En Colombie, on appelle les parlementaires par tous leurs noms, des noms à rallonge. Ainsi qu’avec le doctor, doctora, qui sont des signes de respect. Mais pas elle. C’est une sorte de personnage très proche des gens, que tout le monde appelle Ingrid. Même ceux qui la détestent.

Propos recueillis par Romain Santamaria  Article paru sur Bondy Blog www.bondyblog.fr

Sergio Coronado, Ingrid, Paris, Fayard, 2008, 18 €.

Posté par VINCENT PORTIER à 21:02 - LIVRES - Commentaires [1] - Rétroliens [0] - Permalien [#]

20 février 2008

LIVRE:INGRID BETANCOURT femme courage! Eric Raynaud publiée chez Alphée-Jean-Paul-Bertrand

Biographie Ingrid Betancourt 20/02/2008
Une biographie d'Ingrid Betancourt publiée cette semaine
Crédit photo : DR

Une biographie d'Ingrid Betancourt publiée cette semaine

A l'occasion du sixième anniversaire de la capture d'Ingrid Betancourt, le samedi 23 février prochain, les éditions Fayard publient une biographie signée par Sergio Coronado, tête dirigeante du parti des Verts français.

En vente à 25.000 tirages
à partir du mercredi 20 février,
Ingrid s'inscrit dans un mouvement littéraire lié à ce sixième anniversaire du rapt de la candidate à la présidence colombienne. Le 31 janvier dernier, une première biographie avait été publiée par le journaliste Eric Raynaud, Ingrid Bétancourt, femme courage publiée chez Alphée-Jean-Paul-Bertrand.

Un troisième ouvrage devrait paraître le 21 avril chez Latitude, collection "Regard latino", intitulé Ingrid Betancourt, par-delà les apparences.

Un livre audio enrichi de six album cd, La rage au coeur, sera édité le samedi 23 février chez Livrior et composé de textes autobiographiques d'Ingrid Betancourt lus par la comédienne Valérie Charpinet.

Posté par VINCENT PORTIER à 20:14 - LIVRES - Commentaires [1] - Rétroliens [0] - Permalien [#]

09 février 2008

DETENTE:Ingrid Betancourt:HISTOIRE DE COEUR OU RAISON D'ETAT?Editions Hugo&Cie

Ingrid Betancourt : Histoire de coeur ou raison d’état ?
de Jacques Thomet

Ingrid Betancourt : Histoire de coeur ou r... de Jacques Thomet

[Histoire et Actualité]

Ingrid Betancourt : Histoire de coeur ou raison d’état ?

Editeur : Hugo&Cie
Publication :26/1/2006

En savoir plus sur "Ingrid Betancourt : Histoire de coeur[...] " avec Yahoo Search

NOTE DE L'ADMINISTRATEUR DE CE BLOG:Bien que n'ayant pas eu le plaisir de lire ce livre,j'ai décidé pour des raisons d'équités et pour respecter les droits de chacun de donner un droit de réponse à Jacques Thomet face aux questions que ce pose Nicolas Joxe dans l'article "Quelques vérités sur Alvaro Uribe" du 8 février 2008 publié sur ce blog .Je laisse à chacun le soin de trouver la juste vérité dans les propos de l'un et de l'autre de ces deux journalistes de qualité.Bonne lecture à tous.



Résumé du livre

Quand l'état français outrepasse son rôle dans l'affaire Ingrid Betancourt, il y a lieu de se poser des questions. Cette enquête, menée par l'ancien patron de l'AFP en Colombie, nous mène au coeur de la Colombie, des relations franco-colombiennes et de la diplomatie internationale. Ingrid Betancourt est enlevée par les FARC en février 2002 ; son enlèvement devient vite une affaire d'Etat en Colombie et en France, tant pour ses secrets que pour ses graves répercussions sur les relations franco-colombiennes. Si les hautes autorités de l'Etat feignent de les ignorer, elles pénalisent lourdement la France sur le plan diplomatique, économique et militaire. L'affaire Betancourt relèverait du vaudeville, si elle n'impliquait pas les plus hautes sphères de l'Etat français, les relations franco-colombiennes, la crédibilité internationale de la France et l'utilisation de moyens et de fonds publics à des fins privées.

Informations [pratiques]

Prix éditeur : 16 euros - Prix alapage.com : 15.2 euros

Nombre de pages : 200 pages     ISBN : 2755600721

Commandez le livre "Ingrid Betancourt : Histoire de coeur ou raison d’état ?"
avec 5% de remise sur alapage.com [Frais de port inclus]

Posté par VINCENT PORTIER à 17:09 - LIVRES - Commentaires [1] - Rétroliens [0] - Permalien [#]

Lettres à maman par - delà l'enfer EDITION SEUIL

Lettres à maman par - delà l'enfer EDITION SEUIL

"Je dédie ces lignes aux êtres qui sont mon OYYGENE,ma vie.A ceux qui me maintiennent la tête hors de l'eau,qui ne me laissent pas couler dans l'oubli,le néant et le désespoir.Ce que vous avez accompli pour nous fait toute la différence:nous nous sommes sentis des êtres humains." Ingrid Betancourt

Préface d'ELIE WIESEL :

Lisez cette lettre.Lisez-la bien.La voix qui s'adresse à vous vous tiendra éveillée la nuit.

Son quotidien dans les jungles parmi les adeptes de la violence et de la haine:elle le décrit dans une langue simple et déchirante.

Son sentiment de solitude,sa nostalgie des siens,ses angoisses proches du désespoir.

Emprisonnée,tourmentée,torturée,abandonnée par trop de dirigeants,pendant trop longtemps,enfouie dans les ténèbres lointaines de la terreur,on la croyait muette,morte.

Ses geôliers s'efforcent de la priver de ses dons d'intelligence et de sensibilité.Ils essaient de l'isoler encore plus en la rendant folle.

Mais Ingrid Betancourt reste lucide.Et courageuse,héroîque.Et libre.

Et oui,cettecombattante pour la liberté des hommes"n'a envie de rien pour demeurer au moins libre de désirs".

Mais ses désirs sont simples et bouleversants:tenir tête aux tortionnaires,aux bourreaux.Face à la brutalité du mal,sauvegarder malgré tout sa dignité,et sa foi en l'homme.

AU NOM DE SON HUMANITE ET DE LA VOTRE,JE VOUS DEMANDE D'ECOUTER SA VOIX.

Pour vous,c'est si peu.Pour elle,c'est un message,sinon une émouvante offrande de solidarité.

                                                                 ELIE WIESEL.

EXTRAIT:  "Il y a pourtant beaucoup de gens que je voudrais remercier car ils ont contribué à réveiller les esprits et à faire grandir la Colombie"   "Que Dieu nous vienne en aide et nous protège.Pour toujours et à jamais.Ta fille.   Ingrid Betancourt,15h34.

"Cette lettre n'est pas une lettre d'adieu.C'est une lettre de retrouvailles.A bientôt,maman."Mélanie et Lorenzo

Pour commander ce livre cliquez ici ==>
http://www.editionsduseuil.fr/

Posté par VINCENT PORTIER à 17:08 - LIVRES - Commentaires [0] - Rétroliens [0] - Permalien [#]

28 janvier 2008

TOI,JE T'AVAIS DANS LE REGARD

TOI,JE T'AVAIS DANS LE REGRET  de Jessica Soror  Editions de l'Amandier

Dedicace de l'auteur:cette invite à l'alterité absentée qui fait passer la parole de l'autre côté de la barriére des mêmes...Pour rendre et être la voix du silence des absents.Puisse ce recueil nous aider à honorer ceux qui n'ont pas la voix. Jessica Soror 27 janvier 2008

4ème de couverture:

Je parle aux absents

comme l'une des leurs

par éclair et par demeure  J.S.

Jessica Soror,âgée de vingt-et-un ans, publie ici son premier recueil de textes, sous le triple signe de l'inévidence du désir, de la dépossession de soi, et de l'altérité absentée-
Altérité qui fait défaut, et qui, déjà, en la présence de l'autre, est affliction déchirante.        Ce n'est cependant pas tant "la promesse" du manque qui provoque la souffrance qu'elle souhaite énoncer, que l'ambivalence qui réside en chaque chose et que l'écriture ou la voix attestent.
Ainsi, fort singulièrement, son verbe imagé dit cette angoisse d'être au monde, les faux semblants de celui-ci et l'horreur ressentie par la sensibilité exacerbée du poète.

EXTRAIT :
Je saurais te donner vie
Comme la main tendue de l'amant
Je saurais assécher les étangs
Pour que tes pas ne foulent pas leurs plis.
Sur la dune où tu marches, j’avalerai les calculs des pierres
Pour que soie te soient devenus sable
Et le silence des brûlures.

BONNE LECTURE

Pour commander ce livre cliquez ici ==>  http://www.editionsamandier.fr

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité