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SITE INTERNET POUR LES DROITS DE L'HOMME
7 mars 2010

ENVIRONNEMENT:"GARDER LE CAP..."par Alain Juppé

http://blpwebzine.blogs.com/politicshow/images/2008/02/19/juppe.jpg

depuis le site :http://www.al1jup.com

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"Depuis l’échec de Copenhague, les vents mauvais du doute se sont levés sur le développement durable."

Les climato-sceptiques, comme on dit, se déchaînent. Il ne faut certes pas les traiter par le mépris. La confrontation des points de vue est toujours utile. Mais quelles que soient les imperfections, voire les erreurs des rapports officiels (je pense à ceux du GIEC), même si la climatologie est une science jeune, le consensus scientifique reste solide: les changements climatiques, dans lesquels l’activité humaine a une part de responsabilité, sans doute pas exclusive mais importante, menacent, de multiples manières, nos conditions de vie. Il faut donc nous donner les moyens de les combattre. Qui peut le contester?

Je lis, avec un peu d’amusement, les déclarations fracassantes de Claude Allègre. Quand le bruit médiatique s’apaise, voici ce que je retiens de ses propos:

- “La planète est-elle menacée de réchauffement? Oui, de deux ou trois degrés dans …un siècle. Mais elle est aussi, peut-être, menacée de refroidissement. Faut-il continuer à s’agiter dans des colloques sans rien faire ou faut-il, comme nous le suggérons, s’adapter à toutes les éventualités?

- Le C02 est-il une menace? L’excès de CO2 évidemment. Et cet excès doit être combattu car, par exemple, il acidifie l’océan et de toute manière, il est de bonne pratique d’économiser les énergies fossiles. Mais , en l’état, tout lui imputer, donc tout imputer à l’homme , c’est s’égarer.” (Propos tirés d’un article du Monde en date du jeudi 4 mars 2010)

Sommes-nous si loin d’un terrain d’entente entre responsables de bonne volonté? Je crois que non, à condition de se garder, de part et d’autre, de tout fanatisme.

Il existe un intégrisme vert dans lequel je ne me reconnais naturellement pas. Quand j’entends prôner, en bloc, la “décroissance” comme valeur universelle, je me dis qu’on frise l’indécence. Allons-nous parler décroissance aux hommes, aux femmes, aux enfants qui, par centaines de millions, manquent de tout à travers la planète? Ils ont besoin de manger, d’accéder à l’eau potable, de se loger, de se soigner, de se former… Il faut donc produire de la nourriture, de l’eau propre, des logements, des hôpitaux, des écoles… Et tout cela, c’est de la croissance! En revanche, dans nos pays riches, nous gaspillons sans compter des ressources rares, et c’est à nous d’inventer une nouvelle croissance, une croissance sobre en énergie, en eau, en territoires… Rien ne doit nous détourner de cet impératif de survie, ni la crise qui dure, ni la mode qui change, ni le doute qui s’insinue.

Dans cette mobilisation pour une autre croissance, nos paysans et notre agriculture sont en première ligne. Parce qu’ils nous nourrissent et qu’ils peuvent nourrir, au delà de nos frontières, des millions d’êtres humains. Parce qu’ils donnent vie à la terre qui, sans eux, reste souvent stérile. Or ils traversent aujourd’hui un drame sans précédent et sans exemple. Aucune autre catégorie professionnelle n’a subi un tel effondrement de ses revenus, une chute de 50% en deux ans! Il serait criminel de laisser faire. La collectivité nationale, mais aussi l’Europe, si elle a du coeur, et si elle comprend où est son intérêt supérieur, doivent sans tarder engager des réformes de fond pour garantir à nos paysans des conditions de vie décentes, sur la durée, à l’abri des variations erratiques des cours mondiaux des produits agricoles.

Faut-il pour autant perdre de vue ou différer les efforts que nous devons tous faire pour mieux respecter notre environnement?  Je viens de dire pourquoi, à mes yeux, l’exigence d’un changement drastique de notre modèle de croissance ne devait pas faiblir. Ici encore, il faut éviter de tomber dans l’intégrisme. Agir dans la durée plutôt que dans la précipitation, c’est souvent se donner de meilleures chances de réussite. Certaines transitions sont préférables à de brutales ruptures. Ceux qui travaillent la terre le savent bien. Mais il y a des mouvements de fond qu’il ne faut pas contrarier. Celui qu’a amorcé le Grenelle de l’environnement, dont l’un des plus grands mérites a été d’asseoir autour de la même table des gens qui ne se parlaient pas, et, dès lors, ne se comprenaient pas, et parmi eux, les paysans et les écologistes, est un des plus riches de possibilités. Les choses sont en train de changer, dans la manière de produire et de consommer. Ne brisons pas l’élan.

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