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SITE INTERNET POUR LES DROITS DE L'HOMME
26 septembre 2009

HOMELIE:DIMANCHE 27 SEPTEMBRE 2009

Vincent Portier par Vincent Portier

Le mot "SCANDALE".Scandale de la rafle de Calais,Scandale de l'affaire Clearstream,Scandale au PS,Scandale en Afghanistan ...
Mais,qu'est ce donc véritablement qu'un scandale?Je vous invite à lire l'homélie de ce dimanche 27 septembre 2009 par un Père Christian Lancrey-Javal plus charismatique
que jamais.

Mais avant,la signification du mot "scandale":

Un scandale a des conséquences politiques et judiciaires. Des politiciens tombent, des criminels sont emprisonnés. Il arrive que de nouvelles lois soient votées pour tenter de prévenir la réitération de scandales.

La délation est à l'origine de l'exposition de scandales par l'intermédiaire de journalistes ou des autorités. Parfois, des journalistes mettent à jour un scandale en effectuant certains recoupements lors d'enquêtes.

l'homélie du curé
"C'est un scandale"

26ème Dimanche du Temps Ordinaire - Année B
27 septembre 2009
Mc 9, 38-48
             

      

 


       Le Père Christian Lancrey-Javal, curé de la paroisse de Saint Louis d'Antin

       

      

« Malheur au monde à cause des scandales ! Il est fatal, certes, qu'il arrive des scandales, mais malheur à l'homme par qui le scandale arrive ! » (Mt 18, 7). Voilà ce que l’évangile de saint Matthieu ajoute dans le texte correspondant à celui de Marc, juste après avoir dit de façon quasi identique que « si quelqu'un doit scandaliser l'un de ces petits qui croient en moi (c’est littéralement ce que signifie ‘faire chuter’, la ‘chute’ = le scandale), il serait préférable pour lui de se voir suspendre autour du cou une de ces meules que tournent les ânes et d'être englouti en pleine mer » (Mt 18, 6).
Autrement dit, il aurait mieux valu que cet homme ne fût point né, comme Jésus le dira de Judas au moment de sa trahison, lorsque Satan entra en lui, en Judas.

      

L’évangile de ce dimanche parle de scandale, c’est le même mot qui revient au long du texte, aussi bien pour la chute que pour l’occasion de pécher : littéralement, si ta main te scandalise, si ton œil te scandalise – « si oculus tuus  scandalizat te » dit la Bible latine, la Vulgate. La traduction liturgique n’a pas retenu le mot, sans doute parce qu’il a, dans le Nouveau Testament, des emplois variables, pas tous négatifs.
Dans le discours du Pain de Vie, par exemple, que nous avons entendu cet été, dans « l'enseignement que Jésus donna dans une synagogue à Capharnaüm, - après l'avoir entendu, beaucoup de ses disciples dirent : "Elle est dure, cette parole ! Qui peut l'écouter ? Mais Jésus, sachant en lui-même que ses disciples murmuraient à ce propos, leur dit : "Cela vous scandalise ? Et quand vous verrez le Fils de l'homme monter là où il était auparavant ? C'est l'esprit qui vivifie, la chair ne sert de rien. Les paroles que je vous ai dites sont esprit et elles sont vie » (Jn 6, 59-63).

      

Vous connaissez aussi la parole de saint Paul dans la Première Lettre aux Corinthiens : « nous proclamons un Christ crucifié, scandale pour les Juifs et folie pour les  païens » (1 Co 1, 23).

      

Le  scandale n’a donc pas de valeur en soi. Le Christ a fait scandale.

      

On a connu cette année des  scandales avec l’Eglise.

      

« Monsieur l’Abbé, vous  n’allez quand même pas encore revenir dessus ? ». Si.

      

Des gens ont quitté l’Eglise. Des Chrétiens, des baptisés ont apostasié : ils ont renié leur foi parce qu’ils étaient scandalisés. Ils ont écrit à leur curé, et cela continue : on écrit à son curé pour se faire rayer des registres de baptême. Ce sont des gestes douloureux et enfantins comme de déchirer sa carte d’identité. Je me souviens d’un match de foot, une demi-finale de Coupe d’Europe, où on jouait les prolongations, l’Equipe de France était menée, c’étaient les derniers instants, et il y en a un qui a hurlé : « s’il ne marque pas, je déchire mes papiers d’identité, je ne suis plus français ! ». Tout ça, devant un poste de télé.

      

Pour reprendre le registre médical de l’évangile, je ne suis pas sûr que l’amputation soit le meilleur remède à l’inflammation.

      

Signalons d’emblée, pour ce passage d’évangile, que la lecture littérale (coupe-le) a toujours été récusée par la Tradition. Ne faites pas ça chez vous.

      

C’est une lecture figurée qu’il s’agit de faire, sachant que ces versets sur la suppression d’une partie du corps ont été compris par les premières communautés chrétiennes comme se rapportant à l’exclusion d’un membre scandaleux de l’Eglise.

      

Nous avons connu trois scandales  successifs cette année :
        Le scandale Williamson, de la  réintégration dans l’Eglise d’un évêque schismatique et révisionniste.
Le scandale de Recife, d’une sentence d’excommunication – dont on sait depuis à quel point elle avait été déformée et instrumentalisée.
Le scandale suscité par les déclarations du Pape sur la politique du tout-préservatif au moment de son voyage en Afrique.

      

On va en reparler parce que c’est le sujet de l’évangile : la question difficile de l’exclusion d’un membre scandaleux de l’Eglise. En faisant attention à la réalité du scandale.

      

Vous noterez que Jésus parle de « la  chute - en grec scandalôn – d’un seul de ces petits qui croient en moi ». Que le monde au sens de ceux qui ne croient pas en Lui, qui ne croient pas au Christ – puisse être scandalisé par un certain nombre d’enseignements du Christ et de l’Eglise est inévitable. « Celui qui aura rougi de moi et de mes paroles dans cette génération adultère et pécheresse, le Fils de l'homme aussi rougira de lui, quand il viendra dans la gloire de son Père avec les saints anges » (Mc 8, 38).

      

Vous aurez également à l’esprit que nous appelons excommunication, ou ‘exclusion’ dans l’Eglise une restriction de responsabilité. D’ailleurs Origène, l’homme de diamant, le grand commentateur de l’Ecriture, au IIIème siècle, explique que, dans ce passage d’évangile, le pied est la faculté motrice de l’âme. Et que l’œil est sa faculté visuelle. Autrement dit, en cas de faute, il s’agit d’enlever, provisoirement, une partie de la faculté dont le fautif a abusé. Le pouvoir par exemple de parler ou d’enseigner au nom de l’Eglise.
Et Origène en faisait cette lecture ‘ecclésiale’, reprise par ses successeurs, notamment l’évêque Chromace d’Aquilée (au tout début du Vème siècle), un proche de saint Jérôme, en appliquant ces paroles du Christ aux ministres de l’Eglise, et en lisant l’œil, la main et le pied comme les trois degrés du sacrement de l’Ordre : l’œil, c’est l’évêque, la main, c’est le prêtre, et le pied le diacre. Voici ce que Origène dit (dans une homélie sur Josué  traduite par Rufin) : « tu es l’œil du Christ, toi qui présides l’Eglise (…) si moi, qui passe pour ta main droite, je suis appelé prêtre et parais prêcher la parole de Dieu » (comme on dit de quelqu’un de proche qu’il est la pupille de mes yeux, qu’il est ma main droite ou mon bras droit, etc.).

      

Telle serait l’interprétation ecclésiale de ce passage d’évangile : elle porterait sur des responsabilités qui sont confiées. Coupe-le signifie : retire lui sa mission. Pour Williamson (sauf qu’il n’en avait pas). Pour l’Archevêque de Recife à entendre tous ceux qui se sont exprimés sur la foi d’une présentation médiatique et tronquée. Et enfin pour le Pape lui-même, certains en ont rêvé …

      

Le « hic », si je puis m’exprimer ainsi, est que cette interprétation ecclésiale est en parfaite contradiction avec le début du texte qui parle de quelqu’un qui agit sans mandat : Maître, nous avons vu quelqu'un qui expulsait des démons en ton nom, quelqu'un qui ne nous suit pas, qui ne fait pas partie de tes disciples, et nous voulions l'empêcher, parce qu'il n’est pas des nôtres (cf. Mc 9, 38). Jean interroge Jésus, comme Josué interrogeait Moïse dans la 1ère lecture, sur des hommes qui agissent sans mandat. Sans avoir été missionné. Il n’est pas des nôtres ?! Pourtant, il fait du bien.

      

C’est pourquoi, frères et sœurs, je vous propose une autre clef pour ce texte difficile, qui consiste à revenir à la démarche initiale.
        Relisons les trois affaires qui  ont fait scandale cette année en fonction de ce critère :
L’affaire Williamson concerne un évêque excommunié, qui n’avait plus de mandat dans l’Eglise, et à qui la réintégration (collective) n’en donnait aucun.
L’affaire de Recife concerne un évêque parfaitement légitime qui a vécu avec son Eglise un échec pastoral dans l’accompagnement d’une victime.
L’affaire du préservatif concerne le Pape dans un voyage également pastoral, où il a répondu au nom de l’Eglise, et parce que l’action de l’Eglise dans ce domaine lui donne une parfaite légitimité, à une question de santé (physique et morale).

      

Ce sont trois démarches extrêmement différentes. Faisons un parallèle avec un autre type de scandales de cette année, dans le domaine des affaires économiques et financières.

      

A quelles figures du monde  économique vais-je comparer ces trois évêques ?

      

Williamson est comparable à un trader mû par la recherche personnelle de son bonus. Comme un trader, il recherchait son profit, au point d’être devenu schismatique : il avait fait passer sa vision personnelle avant l’unité. Et voilà qu’il enfreint la Loi. Les dommages sont considérables.
L’Archevêque de Recife a connu avec son Eglise un échec pastoral.
Et voilà qu’au moment de laisser cette affaire s’en aller, il a donné l’impression, par une parole inadaptée (le seul mot d’excommunication), de chercher à en retirer un bénéfice légal comme ces patrons qui s’en vont avec un parachute doré : c’est légal. Et déplacé.
Enfin l’évêque de Rome, le Pape, avec sa déclaration contre la politique du tout-préservatif, est comparable à un haut dirigeant qui, dans le contexte de Crise où nous vivons, rappellerait – il y en a qui le font – que l’aide publique ne suffit pas, que la responsabilité de chacun est engagée, qu’il faut travailler davantage, qu’on ne peut pas vivre indéfiniment de subventions.

      

Ces comparaisons n’ont d’autre objet que de vous inviter à considérer la démarche initiale – en un mot l’esprit dans lequel quelqu’un agit : cherche-t-il votre bien, comme le Pape ? Cherche-t-il son intérêt, comme Williamson ? Ou cherche-t-il à faire prévaloir le Droit quand les circonstances invitent à la discrétion ?

      

Savoir quel est l’esprit qui agit est indispensable pour comprendre où cela peut nous mener. Pour, comme le dit l’évangile, couper court quand vous savez que cela va vous perdre. « C'est l'esprit qui vivifie. Les paroles que je vous ai dites sont esprit et elles sont vie ».

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