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SITE INTERNET POUR LES DROITS DE L'HOMME
2 janvier 2010

HOMELIE ET EDITO DU DIMANCHE 3 JANVIER 2010

édito
du dimanche 3 janvier 2010

par le Père Christian Lancrey-Javal

Epiphanie du Seigneur

2010. Chapitre20, verset 10.

« Les disciples s’en retournèrent alors chez eux ». C’est dans l’évangile selon saint Jean, le chapitre 20, verset 10 : la réaction des disciples, au matin de Pâques, à l’événement de la Résurrection. Pierre et Jean ont trouvé le tombeau vide : « Jusque-là en effet, les disciples n’avaient pas vu que, d’après l’Écriture, il fallait que Jésus ressuscite d’entre les morts. Les disciples s’en retournèrent alors chez eux » (Jn 20, 9-10).

C’est un bon écho à la phrase de conclusion de l’évangile de ce premier dimanche de l’année, des mages qui s’en retournèrent chez eux.

Permettez-moi d’y lire trois vœux pour cette nouvelle année.

1er vœu que je vous – que je nous adresse, est de savoir cette année retourner chez soi, dans notre vie spirituelle. Ce que saint Jean dit dans son évangile du matin de Pâques s’applique au Chrétien et au Dimanche, et devrait caractériser l’attitude dominicale, d’une conversion intérieure, d’une proximité familiale.
Le dimanche, cette année, les Chrétiens feront cet effort de prière, après la messe le matin (ou quel que soit le moment de la journée) de ne pas se dissiper mais de rentrer chez eux.

Mon 2ème vœu pour 2010 vient du contexte de cette phrase dans l’évangile de saint Jean : littéralement, ils vont chez eux là où Marie-Madeleine (qui entre en scène au verset suivant) ira leur porter la Bonne Nouvelle. Mon vœu est que nous apprenions davantage à écouter les femmes. C’est vrai dans l’Église, pour nous prêtres, en cette année du Prêtre. En commençant bien sûr par la Vierge Marie. En l’appliquant à l’Église, et plus largement à toutes celles qui savent la valeur de la Vie.

Le 3ème vœu, pour que nous ne fassions pas de cette attitude un but en soi, est que nous faisions vraiment comme les disciples : demandez l’Esprit-Saint ! Le dimanche est jour de Pâques, de la Résurrection ; il est aussi jour de Pentecôte, du don de l’Esprit.

Prendre du temps pour la prière, respecter les femmes, écouter l’Eglise, et demander l’Esprit-Saint. Puisque ce sont finalement quatre vœux, je vais en ajouter un cinquième : priez pour les Vocations ! C’est l’année du Prêtre.

Père Christian Lancrey-Javal, Curé

l'homélie du curé

L’éternelle épiphanie de la beauté.
Dimanche de l’Epiphanie du Seigneur
3 janvier 2010
Mt 2, 1-124

Il y a deux tableaux distincts dans cette page d’évangile.

Dans le premier tableau, les mages sont chez Hérode, à Jérusalem, dans la profusion et dans une certaine confusion. Ce qui domine est l’apparat : on est en ville. C’est une scène bavarde, agitée et bruyante.
Le deuxième tableau est à l’intérieur de la maison, à Bethléem. Le premier tableau était d’inquiétude et de conspiration, celui-là est de plénitude et d’adoration. L’étoile s’est arrêtée « au-dessus du lieu où se trouvait l’enfant », les mages sont entrés « dans la maison », ils sont agenouillés, ils ont ouvert leurs coffrets, qu’ils tiennent devant eux comme des prie-dieu. Ce n’est pas
un rêve, même s’il est question à la fin d’un songe.

Les deux tableaux sont faciles à fusionner. Les peintres, de Rembrandt au Perugin, ont représenté une foule nombreuse qui se presse devant l’Enfant. Ils ont anticipé ce qui se passe plus tard dans l’évangile, et nos crèches sont plus proches de la réalité quand, à l’image de Jérôme Bosch, elles préfèrent le dépouillement.

L’épiphanie du Seigneur se fait dans le dépouillement. Les cadeaux des mages viennent autant honorer l’Enfant que purifier l’homme : c’est un or qui ne peut rien acheter, un encens pour un pouvoir bien trop grand, et la myrrhe, l’aromate d’ensevelissement des morts, sera soufflée par la Résurrection !

La Tradition n’a retenu que trois mages pour cette scène, pour signifier la paresse du monde : on est à une heure de marche du palais d’Hérode : je l’ai fait plusieurs fois à pied, on fait l’aller-retour en une demi-journée. Si proche et si loin.

Le mot épiphanie ne vous parle peut-être pas. Le pape Jean-Paul II en a fait un emploi décisif dans la Lettre aux Artistes adressée à tous ceux qui « cherchent de nouvelles épiphanies de la beauté ». Je voudrais célébrer à mon tour le 10ème anniversaire de cette Lettre aux Artistes à l’occasion de cette visite des mages, et vous dire quelques mots de la relation de l’Eglise et de l’Art, en reprenant quelques éléments du discours prononcé fin novembre par Benoît XVI pour ce 10ème anniversaire, qui était aussi le 45ème anniversaire de la rencontre du Pape Paul VI avec les artistes, en la même Chapelle Sixtine.

Ces trois papes, Paul VI, Jean-Paul II et Benoît XVI ont considéré comme une priorité de renouer les relations de l’Eglise catholique avec les artistes. Jean-Paul II l’a fait à sa façon en proclamant le Bienheureux Fra Angelico patron des artistes, reconnaissant « en lui un modèle de parfaite harmonie entre foi et art ».
Benoît XVI insiste sur une volonté d’amitié, au nom de l’affinité entre le parcours de foi et l’itinéraire artistique. Les Mages sont venus ensemble d’Orient : ils ont voyagé ensemble, et s’ils n’étaient pas très proches au départ, ils sont devenus des amis.

Un voyage ensemble est une étape dans une amitié. Je n’ai pas d’amis avec qui je n’ai voyagé (j’espère que certains ne vont pas mal le prendre …). Et pas seulement dans une amitié : l’usage voulait que les nouveaux mariés partent en voyage de noces. Pour cimenter leur union. Parfois, ce n’était pas tout à fait ça … « Mon père, me dit un fiancé, on n’est pas censé coucher avant le mariage : comment savoir si on s’entendra sexuellement ? Imaginez qu’on ne s’entende pas ? ». Je suis allé demander à la génération du dessus, celle qui ne couchait pas. Leur réponse ? Je vous le dirai une autre fois : revenons aux mages et à la beauté.

La recherche des mages, leur voyage et leur découverte, l’expérience qu’ils font de la présence de Dieu est comparable à la démarche des artistes, et elles sont l’une et l’autre un signe lumineux dans notre monde désorienté : « Qu'est-ce qui peut redonner l'enthousiasme et la confiance, qu'est-ce qui peut encourager l'âme humaine à retrouver le chemin, à lever le regard vers l'horizon, à rêver d'une vie digne de sa vocation sinon la beauté ? ».

« Chers artistes, vous savez bien que l'expérience du beau, du beau authentique, pas éphémère ni superficiel, n'est pas quelque chose d'accessoire ou de secondaire dans la recherche du sens et du bonheur, car cette expérience n'éloigne pas de la réalité, mais, au contraire, elle mène à une confrontation étroite avec le vécu quotidien, pour le libérer de l'obscurité et le transfigurer, pour le rendre lumineux, beau ».

Une deuxième piste de réflexion que je garde du discours de Benoît XVI est la façon dont il met l’art au-dessus de la science. Il donne cette citation du peintre Georges Braque : « L'art est fait pour troubler, alors que la science rassure ».

« Une fonction essentielle de la véritable beauté, déjà évidente chez Platon, consiste à donner à l'homme une ‘secousse’ salutaire, qui le fait sortir de lui-même, l'arrache à la résignation, au compromis avec le quotidien, le fait souffrir aussi, comme un dard qui blesse, mais précisément ainsi le ‘réveille’, en lui ouvrant à nouveau les yeux du cœur et de l'esprit, en lui donnant des ailes, en le poussant vers le haut. L'expression de Dostoïevski que je vais citer est sans aucun doute hardie et paradoxale, mais elle invite à réfléchir : « L'humanité peut vivre - dit-il - sans la science, elle peut vivre sans pain, mais il n'y a que sans la beauté qu'elle ne pourrait plus vivre, car il n'y aurait plus rien à faire au monde. Tout le secret est là, toute l'histoire est là ».

On fait des Mages les parents de nos scientifiques. C’est un anachronisme. Ils ont un savoir, mais le savoir ne fait pas la science, et encore moins la sagesse. C’est ce que le même Benoît XVI a tenu à souligner, dix jours après sa rencontre des artistes, en présidant le 1er décembre dernier une messe avec les membres de la Commission Théologique Internationale : il leur a expliqué que le théologien ne doit pas céder à « la tentation de mesurer le mystère de Dieu à l’aune de son intelligence ». Et il a pris l’exemple des Mages : « ce sont de grands spécialistes : ils peuvent dire où naît le Messie », mais la nouvelle « ne touche pas leur vie, ils restent extérieurs ». Ils peuvent « donner des informations, mais l’information ne devient pas formation pour leur vie ». Ils ont plus de savoir que de sagesse. Ils figurent les limites de l’intelligence humaine : venus de loin, ils repartent aussi loin. Pour les artistes, ce n’est pas l’information, ni le savoir indispensable qui devient ‘formation pour leur vie’ mais l’inspiration. L’inspiration rapproche croyants et artistes dans la présence de l’Esprit au plus profond de nous-mêmes.

Ne durcissons pas l’opposition entre l’Art et la Science : aucune d’elles n’est à proprement parler « au-dessus » de l’autre. Disons plutôt que l’une – l’Art est fait pour entraîner l’autre, pour stimuler, pour motiver, et pas seulement pour réjouir.
« La beauté frappe, mais précisément ainsi elle rappelle l'homme à son destin ultime, elle le remet en marche, elle le remplit à nouveau d'espérance, elle lui donne le courage de vivre jusqu'au bout le don unique de l'existence. La recherche de la beauté dont je parle ne consiste bien évidemment en aucune fuite dans l'irrationnel ou dans le pur esthétisme ».

Les artistes sont des visionnaires – le dictionnaire le définit comme celui qui a ou croit avoir des visions surnaturelles : illuminé, mage, prophète. Ou bien celui qui a l’intuition de l’avenir. Les peintres qui voyaient des foules à la crèche avaient cette vision de l’avenir.

Cela m’amène à une troisième réflexion sur les offrandes déposées par ces mages, l’or, l’encens et la myrrhe.

Il y a de l’or dans les tableaux de Rembrandt comme dans les plus belles de nos icônes, mais ce n’est pas cela qui en fait la valeur : cet or leur donne leur lumière. C’est un or immatériel, si l’on me permet l’expression, que les mages déposent, de la même façon que l’encens devra être brûlé au feu pour donner son parfum, et la myrrhe devra être mélangée à l’huile pour devenir un onguent. Tout est encore à faire, mais tout est déjà là.

Alors bien sûr, on les retrouve dans l’Eglise, l’or de nos calices, l’encens de nos célébrations, et sinon la myrrhe, du moins l’huile de nos sacrements. Et les trois sont partie intégrante de la beauté de nos rites.

Mais pour les mages, ces offrandes ont un caractère inachevé, dans ces présents comme dans leur retour chez eux, ce caractère inachevé qui est la grande souffrance de tous les artistes : l’artiste est celui qui n’arrive jamais à toucher la perfection de ce qu’il avait pu entrevoir.

Ne croyons pas que cela nous sépare : au contraire, cela nous rapproche. La sainteté est pour nous cette œuvre ultime qui ne nous satisfait jamais en ce monde, mais dont nous savons au moins qu’elle est présente, que nous savons au moins où contempler. Comme les Mages : dans le Christ, notre Dieu.

Père Christian Lancrey-Javal

A PROPOS DE L'EPIPHANIE:

Epiphanie

LES ROIS MAGES

Venus d'Orient, trois rois se mirent en route en suivant la lumière de l'étoile qui les guida jusqu'à Bethléem.

Ils y trouvèrent l'enfant Jésus, qui appelèrent le " Nouveau Roi des Juifs ".
Quand ils le découvrirent dans l'étable, près de ses parents, Marie et Joseph, ils s'agenouillèrent devant lui en signe de respect et lui apportèrent de l'or, de la myrrhe et de l'encens.

L'origine des Rois mages est aujourd'hui encore obscure. On les dits savants, riches mais errants. Ces mystérieux personnages alimentèrent l'imaginaire qui enveloppe Noël.

Une chanson populaire raconte comment les Rois mages sont venus d'Afrique.
Pour l'Evangile, ils arrivèrent de l'Orient. Peut être viennent ils tout simplement du mystérieux pays d'où sont originaires les Saintes Maries de la Mer et qui porta longtemps le nom d'Egypte.
Longtemps, le 6 janvier (Epiphanie) fût plus important que le jour de Noël.

La symbolique des cadeaux en portait témoignage :

l'or de Melchior célébrait la royauté,
l'encens de Balthazar la divinité
et la myrrhe de Gaspard annonçait la souffrance rédemptrice de l'homme à venir sous les traits de l'enfant.

Longtemps ce jour là, on célébra le miracle de Cana : de l'eau changée en vin.
Un rituel de quête terminait jadis la période des 12 jours de fêtes.
Les quêteurs recevaient souvent en guise de présent une part de galette.

Source: http://www.joyeux-noel.com/epiphanie.html.

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