Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
SITE INTERNET POUR LES DROITS DE L'HOMME
10 janvier 2010

EDITO ET HOMELIE DU DIMANCHE 10 JANVIER 2010

édito
du dimanche 10 janvier 2010
Par l'Abbé Yves Rozo

Baptême du Seigneur

Baptême du Christ. Enluminure. Lyon, 1450-1500 Missel franciscain. (Lyon, B.m.)

Le Baptême du Seigneur

Le baptême de Jésus est encore une épiphanie, c’est-à-dire une manifestation du Christ au monde. C’est le mystère du sacre messianique, c’est le départ en mission sous l’impulsion de l’Esprit. L’Église, en le célébrant, célèbre son Sauveur inaugurant la Nouvelle Alliance qu’il scellera de son sang à Pâques.

C’est le baptême chrétien qui allume au cœur de l’homme le feu de l’amour divin.
Mais, il y a deux manières pour le feu de brûler.
Il y a la flamme haute, claire, brillante, visible pour tous. Certains chrétiens sont ainsi des enfants de Dieu qui rayonnent, que tous voient de loin. Ainsi les saints et les saintes entre autres

Mais il y a aussi la braise, le feu sous la cendre. On ne voit pas grand chose à l’extérieur, mais si on met la main dessus, on se brûle. Ainsi en est-il de certains chrétiens qui peuvent passer inaperçus si des circonstances exceptionnelles ne les révèlent pas.
Ainsi peut-il en être de nous.

Notre baptême n’a pas toujours le rayonnement de la haute flamme. Qu’il ressemble du moins à la braise qui dure et qui permet
de communier toute une vie à la Pâque du Seigneur.

Abbé Yves Rozo

l'homélie du curé

Le baptême de Jean baptisé par Jésus
Baptême du Seigneur
10 janvier 2010
Lc 3, 15-16. 21-22


par Le Père Christian Lancrey-Javal, curé de la paroisse Saint Louis d'Antin à Paris   

Est-ce que Dieu est moins Dieu lorsqu’il se fait homme ?
Est-ce que la Vierge est moins Vierge lorsqu’elle enfante ?
Est-ce que l’homme est moins homme lorsqu’il est mauvais ?

Ces trois questions trouvent réponse dans ce baptême du Seigneur qui vient chaque année clore le temps de Noël. Nous venons en effet de célébrer en ce temps de Noël les trois mystères de l’Incarnation, de la maternité divine, et du Salut de l’homme : « la grâce de Dieu s’est manifesté pour le salut de tous les hommes », dit la 2ème lecture de cette fête (Tite 2, 11-14) qui était la 2ème lecture de la nuit de Noël.

La 1ère question sur Dieu, de savoir s’il est moins Dieu lorsqu’il se fait homme, a troublé les premiers siècles et continue de troubler les croyants des autres religions. Elle rebondit au baptême de Jésus avec la descente de l’Esprit : pourquoi l’Esprit descend-il sur Lui qui l’avait déjà en plénitude par sa divinité ? Pourquoi reçoit-il ce baptême de conversion, Lui qui n’a pas connu le péché ?
Le Christ n’a pas connu le péché. Marie n’a pas connu d’homme. Et l’homme a tant de mal à connaître Dieu.

A cette 1ère question de savoir si Dieu est moins Dieu lorsqu’il se fait homme, l’Eglise a apporté une réponse dogmatique, sur l’union hypostatique : Jésus-Christ est vrai Dieu et vrai homme, et cette union se fait sans fusion, sans mélange, sans altération.

Sans altération : Dieu reste lui-même. Son action ad extra - dans le monde ne modifie pas sa nature ad intra - dans la vie divine. Dieu peut recevoir en Jésus le baptême de Jean, un baptême de conversion, pour la purification des péchés, Lui qui ne connaît pas le péché, parce qu’il le reçoit par son humanité sans rien altérer de sa divinité.

L’action humaine de Dieu en son Fils Jésus ne modifie pas sa nature divine. Ce qu’il fait dans l’économie du Salut rejaillit de son être éternel, le révèle à l’humanité, mais ne peut pas diminuer sa divinité.

Cette intégrité absolue est le propre de Dieu. Nous ne pouvons pas la comprendre, parce que nous vivons l’inverse : l’inconnue des conséquences est le tourment de l’homme. En quoi ce que je fais, qui je rencontre, là où je vais – va modifier ce que je suis ?

En quoi le baptême que j’ai reçu – et la confirmation qui l’a consacré, et sans laquelle je ne suis pas dans la pleine communion de l’Eglise, en quoi ce baptême m’a-t-il « changé » comme l’enseigne l’Eglise ?

Disons d’abord que la fête de ce jour indique qu’avant que ce soit l’homme qui soit changé par le baptême, c’est le baptême de Jean, le baptême qui existait avant Jésus, qui est changé par le Christ. D’une certaine façon le baptême de Jésus ‘baptise’ le baptême de Jean. Ce baptême était rituel : le Christ le rend sacramentel.

Dans le texte de Luc, la voix venue du Ciel s’adresse à Jésus : tu es mon Fils. Et certaines variantes citent alors le Psaume 2 : « aujourd’hui, je t’ai engendré », qui n’est pas une naissance à la vie comme à Noël, mais une naissance à sa Mission. Moi aujourd’hui, je te donne pour Mission de révéler mon Amour, de révéler aux hommes que Moi Dieu, Je suis ce que Je suis et Je suis l’Amour. Autrement dit, le Christ Jésus, au moment de son baptême par Jean, reçoit de son Père sa mission.

Il reçoit ce baptême humain dans sa divinité, et il l’assume pleinement : il le divinise. Ce qui était un rite devient un sacrement, même si, pour nous, pour son Eglise, cela ne se fera qu’après la Pentecôte.

Tout sacrement est une aide pour la Mission. La grâce que nous recevons chaque dimanche à la messe, trois ou quatre fois par an à chaque confession, est une aide pour la Mission. Elle n’a de sens que pour l’annonce du Salut et la priorité à l’Amour.

L’Eglise n’est pas une foule. Elle n’est pas un corps social. Elle est un corps mystique. Ses rites et en particulier ses sacrements ne sont pas des rites d’agrégation et de socialisation, mais des actes de transformation divine. Le sacrement est un acte de participation à la Mission du Christ. M’unir à Lui, me rapprocher de Lui pour vivre comme Lui de l’Amour du Père dans l’Esprit.

Le baptême de Jean-Baptiste était une agrégation spirituelle à un peuple messianique, un « peuple en attente » dit l’évangile. Il ne transformait pas de l’intérieur celui qui le recevait. Le baptême chrétien transforme le baptisé, parce que le Christ l’a lui-même transformé de l’intérieur.

On peut certes appréhender le baptême chrétien comme une agrégation de surface, comme un rattachement au peuple de Dieu, à la famille des enfants de Dieu. Sauf que la vie divine a été donnée.

La 2ème question sur la Vierge Marie, de savoir si la Vierge est moins Vierge une fois qu’elle a enfanté – lorsqu’elle devient Mère - se situe dans notre même réflexion de ce temps de Noël : elle est indispensable à la compréhension de l’Eglise, et de ses sacrements, de l’Eglise une, sainte, catholique et apostolique, qui partage avec Marie le signe de la pureté et de la maternité.
J’aurais pu demander : est-ce que l’Eglise est moins sainte en étant composée de pécheurs ?

A cette question sur la Virginité de Marie, la réponse est donnée par le Christ, sur la Croix, lorsqu’il dit au disciple bien-aimé : voici ta mère, et l’évangéliste ajoute : à partir de ce moment-là, il la prit chez lui. Le disciple accomplit alors le même geste que celui qui avait été ordonné à Joseph par l’Ange : ne crains pas de prendre Marie chez toi. Et le texte dit que lorsqu’il se réveilla, Joseph prit chez lui son épouse ce qui est exact dans l’ordre historique, mais en vérité, il prit chez lui l’épouse de l’Esprit-Saint. Fille bien-aimée du Père, Mère bien-aimée du Fils, Marie est l’épouse fidèle de l’Esprit.

Pas plus que la mort de son Fils sur la Croix ne la fait cesser d’être Mère, la naissance de son Fils parmi les hommes ne la fait cesser d’être Vierge.

Marie devient Mère sans cesser d’être Vierge, la Vierge Marie. Nous l’avons célébré au 1er janvier, au premier jour de l’année civile. Marie, à la naissance du Sauveur, ne se sépare pas de l’ordre des Vierges : par elle, cette virginité qui était plus un statut provisoire ou par défaut devient une condition spirituelle pour le Royaume. Marie rend la virginité spirituelle. Ce qui était jusqu’alors défini en négatif, comme le fait pour une femme de ne pas connaître d’homme, garantissant pour l’aîné la filiation paternelle, devient en Marie la condition d’accueil de la grandeur de Dieu. Une virginité pour le Royaume. Pour entrer dans le Royaume, la seule condition requise, révélée en Marie, est d’avoir la simplicité et la confiance de l’accueillir.

En vivant la virginité, le célibat ou la chasteté, suivant mon état de vie, je fais de mon corps le Temple de l’Esprit. Cet accomplissement est signifié par le vêtement blanc remis au baptisé lors du sacrement de son baptême. Pour Joseph, pour le disciple, comme pour chacun de nous, prendre Marie chez soi, c’est reconnaître en elle la Volonté du Père, pour participer comme elle et avec elle à la Mission du Christ.

Et cela nous conduit à la 3ème question, qui trouve ainsi sa réponse : Est-ce que l’homme est moins homme lorsqu’il est méchant, mauvais, qu’il se comporte mal ? La question vient de notre conscience, du sentiment qu’on peut avoir de ne plus savoir qui on est.

L’homme est pleinement homme lorsque ce qu’il fait participe à la Mission du Christ. Ce qui fait l’humanité de l’homme est la façon dont il vit l’Amour du Père, par sa prière et sa charité. C’est la condition pour qu’il participe un jour éternellement à sa divinité. Comme cette eau se mêle au vin pour le sacrement de l’Alliance, puissions-nous participer à la divinité de celui qui a pris notre humanité.

Pourquoi le baptême des enfants a-t-il lieu dans une église et non pas au domicile des parents ? Il serait plus simple de déplacer un prêtre que toute une famille ! Est-ce pour signifier un rite social d’agrégation à une communauté ? La présence d’une communauté familiale élargie aux amis et aux voisins serait bien plus explicite !
Mieux encore, pourquoi la naissance de Jésus a-t-elle eu lieu à Bethléem dans les conditions difficiles que l’on sait, et non pas à Nazareth ? A cause du recensement qui a obligé Joseph à voyager avec sa jeune épouse ? Certes, mais vous ne croyez pas que Dieu aurait pu permettre ou choisir des conditions plus favorables ? Vous croyez que Dieu est dépendant de l’Histoire ?
Pourquoi, de la même façon, Jésus choisit-il de recevoir le baptême de Jean-Baptiste, à l’écart de tout, si loin de Jérusalem, et si près du désert ?
Tous ces actes et ces événements indiquent que le mouvement de la vie chrétienne est un mouvement de sortie de soi, par la grâce de l’Esprit. Une sortie progressive qui s’achèvera au dernier Jour par notre entrée dans la Vie et dans le Royaume. Le baptême est la porte d’entrée dans l’ordre de la grâce et la porte de sortie de notre condition pécheresse, marquée par le péché originel. Et toute la vie chrétienne, en particulier sacramentelle, se déploie sur ce chemin qui conduit au Père.
Il y a quelques semaines, le Pape alertait les fidèles sur le danger de considérer la messe « presque seulement comme un rite de communion, de socialisation, en oubliant trop facilement que dans l’Eucharistie le Christ ressuscité est réellement présent – avec son corps ressuscité – qui se met entre nos mains pour nous faire sortir hors de nous-mêmes, nous incorporer dans son corps immortel et nous guider ainsi vers la vie nouvelle ». Voilà le mouvement de descente de l’Esprit-Saint qui s’est fait au jour de notre baptême.

A propos:

Le Baptême du Seigneur. Jésus, Fils bien-aimé.

(Auteur: Père Tanguy-Marie - Parution F&L n°279 de Janvier 2009)

Is 55, 1-11 : « Je ferai avec vous une alliance éternelle. »

1 Jn 5, 1-9 : « Tout homme qui croit en Jésus est vraiment né de Dieu. »

Mc 1, 7-11 : « C’est toi mon Fils bien-aimé ; en toi j’ai mis tout mon amour. »

En créant le monde et en scellant une histoire sainte avec le peuple d’Israël, Dieu avait conclu une première alliance ; mais celle-ci a été marquée par le péché. Le baptême de Jésus se présente comme la réponse à cette désobéissance. Il établit une nouvelle alliance, cette fois-ci éternelle : « Moi, dit Jean Baptiste, je vous ai baptisés dans l’eau ; lui vous baptisera dans l’Esprit. » Ce baptême dans l’Esprit signifie que la désobéissance des hommes est abolie par une nouvelle obéissance, celle du Fils bien-aimé. Elle est une obéissance d’amour. Certes, le Saint-Esprit était déjà présent à la création puisqu’il « planait sur les eaux ». En Jésus, l’action de l’Esprit Saint prend une dimension nouvelle : il devient l’acteur principal d’une re-création. Le baptême, que les chrétiens reçoivent généralement après la naissance, leur donne la capacité de recevoir le Saint-Esprit et d’être ainsi régénérés, de devenir eux aussi des fils bien-aimés. Néanmoins, cela n’est possible qu’à une condition et elle est de taille : être humble comme l’a été le Seigneur. En effet, les « capteurs » de grâce que donne le caractère baptismal ne peuvent être opérants que si le chrétien – comme Jésus – fait la volonté du Père du Ciel en qui il reconnaît la source de toute paternité.

L’enjeu est décisif : devenir nous aussi des fils de Dieu. Dès lors, demandons au Seigneur la grâce de reconnaître combien le plus grand jour de la vie d’un homme est celui de son baptême.

Conseil du mois : La présence du Christ traverse toutes les Écritures. Accueillir la Parole, c’est recevoir la grâce qui est donnée par le Christ. Demandons à l’Esprit de nous aider à le reconnaître pour que le Verbe se fasse chair en nous.

Article depuis:www.feuetlumiere.org

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité