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SITE INTERNET POUR LES DROITS DE L'HOMME
17 mai 2010

CANNES 2010: 8EME FESTIVAL VISIONS SOCIALES

Le Pressentiment - Bande Annonce FR
envoyé par _Caprice_. - Court métrage, documentaire et bande annonce.

C’est le comédien et réalisateur Jean-Pierre Darroussin (il présentera son premier film "Le pressentiment", le 21 mai à 15h00,lire l'article en bas de page) qui parrainera cette nouvelle édition, succédant à Yolande Morreau.

cannes2010

"Je vais au cinéma pour prendre des nouvelles du monde".Serge Daney,ancien rédacteur en chef des Cahiers du cinéma

Né à l’initiative de la CCAS (Caisse centrale d’activités sociales), le festival Visions Sociales est l’occasion de montrer, en marge du prestigieux Festival de Cannes, un cinéma d’auteur ambitieux qui tente de questionner l’ordre social. Cette manifestation qui s’articule autour du cinéma est l’occasion d’échanges avec des réalisateurs, acteurs et techniciens, de rencontres-débats avec des personnalités du monde artistique et politique.

Quoi qu’en pensent les puristes et autres gardiens du temple, le cinéma comme la République, est UN et indivisible. Le plaisir de chacun est de piocher dans cette unité pour s’offrir la liberté du choix. C’est la force du 7ème Art de conjuguer le multiple de ses désirs sans que cela déroge à l’unité d’un art.

Il est bon parfois de remettre les pendules à l’heure juste, les choses en place, de dire que le cinématographe, dès ses premiers balbutiements, trouve rapidement les chemins étroits et complexes de sa relation au social (comprenez, mais vous le savez déjà, qu’il n’y a pas de cinéma sans le social). En 1899, Méliès ne fait-il (presque dans la foulée) un film de 10minutes reconstituant dans un réalisme politique peu commun à cette époque, le procès à charge de Dreyfus, déclenchant quelques bagarres rangées dans les lieux de projections d’alors…

Le cinéma est social parce qu’il parle de nous, d’eux, des univers qui composent la mosaïque humaine. Le cinéma de par sa force traverse le courant des genres pour nous offrir, quoi qu’il advienne, une photographie relationnelle du genre humain.

Pour la huitième année consécutive "Visions Sociales" s’installe du 15 au 24 mai 2010 au Château des Mineurs à Mandelieu La Napoule sur les hauteurs de Cannes, vue plongeante sur le Festival.

Cette rencontre annuelle est organisée par la Caisse centrale d’activités sociales (CCAS) du comité d’entreprise EDF/DGF. Une détermination "politique" pour ce comité qui est de montrer, en marge du Festival, un cinéma ambitieux qui permet d’approcher d’une façon réfléchie l’univers d’un monde qui parfois se retrouve caricaturé à son mal défendant dans nombre de films. Un cinéma pourtant haut en couleurs, vigoureux et porteur d’espoir (même dans le désespoir souvent proposé).

30 films au programme. Court et long-métrages. Fictions et documentaires. Français et étranger. Un regard libre et multiples sur des thèmes comme "La souffrance au travail" ou "La situation des femmes dans le monde". Thèmes récurrents qui juxtaposent les douleurs et les espoirs. Une place importante sera consacrée au cinéma d’Afrique, à noter la projection de "Teza" de l’immense Hailé Gerima, de "Daratt" de Mahamat-Saleh Haroun ou encore du film de Mamadou Sellou Diallo, "Le collier et la perle". Un débat sera également organisé autour du documentaire Africain, animé par Jean-Michel Frodon.

Des courts métrages en collaboration avec le Groupement de recherches et d’essais cinématographiques (le GREC). A cocher sur votre agenda, le 18 mai, pour une rencontre avec les réalisateurs.

Des films donc, mas pas seulement… Vous le savez, le social est aussi un plaisir (partenaire) cinématographique qu’essaie de vous faire partager le CCAS, avec de multiples rencontres comme avec Dyana Gaye, Mamadou Sellou Diallo, Olivier Hermanus, Jean-Robert Viallet, Dima El-Horr et naturellement Jean-Pierre Darroussin qui clôturera cette 8ème édition.

Pas besoin de badge, d’accréditation, ici, les films vous les voyez librement, à votre rythme. Comme le veut la tradition, la soirée de clôture sera symboliquement payante (5€), une façon festive pour aider une association. Et c’est bien. Il ne vous reste qu’à choisir, entre le plaisir et le plaisir.

En savoir plus :

Le site du festival

cannes2010

Cannes version sociale:

La 8ème édition du festival Visions Sociales se déroule pendant la même quinzaine et en partenariat avec plusieurs sections du Festival de Cannes - Un Certain Regard, la Quinzaine des Réalisateurs, la Semaine de la Critique, l’ACID, et le Festival des 3 continents.
Cette manifestation proposera des projections en accès libre et ouvertes à tout public.

Les 8ème Visions sociales, parrainées par l’acteur et réalisateur Jean-Pierre Darroussin, explorent, à travers une sélection de 30 films, des thématiques au cœur de l’actualité sociale et politique.

Durant dix jours, une sélection de courts et longs métrages, fictions et documentaires français et étrangers privilégiant la liberté de création et l’originalité des regards, est montrée au Château des mineurs, à La Napoule, permettant l’échange fructueux des points de vue cinématographiques et citoyens.

La souffrance au travail et la situation des femmes dans le monde, à l’occasion de la 100ème journée internationale des femmes, sont les thèmes phares de cette édition.
Une place importante est également accordée au cinéma d’Afrique - parmi les films présentés citons Teza du grand réalisateur Ethiopien Hailé Gerima, Daratt de Mahamat-Saleh Haroun, ou encore Le Collier et la Perle de Mamadou Sellou Diallo.
À noter également, des rencontres-débats avec des professionnels du cinéma, dont une autour du documentaire africain, le 20 mai.
Enfin, une exposition de photographies est présentée : « Femmes africaines » à laquelle participent des artistes zimbabwéens, malgaches, mozambicains, maliens et sud-africains

SiteOfficiel: www.ccas.fr

Un mot sur Jean Pierre Darroussin:

Un homme qui dort?

Premier film intriguant d'un acteur singulier, Le Pressentiment déconcerte. Jean-Pierre Darroussin, devenu pour l'occasion acteur-réalisateur, incarne un héros absent, sans prise au monde, qui flotte avec délicatesse entre deux univers qui lui sont étrangers. Mystérieuse, cette adaptation d'un roman d'Emmanuel Bove publié en 1935 laisse libre cours à l'interprétation et se distingue par l'évocation drôle, colorée et sympathique de la vie d'un quartier populaire.

- vos impressions ? discutez du film Le Pressentiment sur le forum cinéma

« Il n'est pas nécessaire que tu sortes de ta maison. Reste à ta table et écoute. N'écoute même pas, attends seulement. N'attends même pas, sois absolument silencieux et seul. Le monde viendra s'offrir à toi pour que tu le démasques, il ne peut rien faire autrement, extasié, il se tordra devant toi ». Franz Kafka, Méditations sur le péché, la souffrance et le vrai chemin

Charles Benesteau paraît vouloir se mettre au banc de la société et s'est donc installé... en banlieue (ou presque). Il quitte les principes absurdes de son milieu bourgeois pour un quartier populaire dans lequel il désire se fondre avec discrétion. Courtois et poli malgré sa fatigue des convenances sociales, l'avocat désintéressé attire vite l'attention de son nouveau voisinage. Ne pas créer d'interférence, tel semble être pourtant le credo de ce héros lunaire qui tente d'écrire un roman. Il y a comme une certaine parenté entre lui et le personnage qu'incarnait Jean-Pierre Darroussin dans Mes meilleurs copains (Jean-Marie Poiré, 1989), pour lequel «il n'y a pas mort d'homme ». Ce drôle de Charles, par sa capacité à rester impassible, comme absent, quand les autres s'agitent vainement, agit en révélateur des contradictions et stupidités de ses interlocuteurs. Naturellement, il fait surgir l'absurde autour de lui par son refus de prendre position, de s'impliquer.

Ce héros avant tout tourné vers l'intérieur n'est pas facile à mettre en scène. Il ne veut rien, seulement être tranquille. Dans une tentative d'effacement permanent, Darroussin traduit avec succès cette solitude et cette introspection. Il occupe un espace dont il semble vouloir disparaître pour laisser la place à qui la veut : ses voisins, sa famille, ou cette petite fille qu'il accepte d'aider. Ainsi, se dresse un portrait en creux d'un homme à la recherche d'une façon d'exister non conditionnée par son environnement. Plutôt réussie, cette intériorité implique, dans le traitement du récit, un rythme lent, des silences, qui pourraient nuire à l'intérêt. Heureusement, le réalisateur s'intéresse aussi aux satellites qui tournent autour de son héros.

La bourgeoisie en prend pour son grade à travers quelques scènes un peu convenues mais assez drôles. Les voisins de l'immeuble, eux, sont traités avec plus de sympathie mais frôlent aussi la caricature. Il sont passionnés et animés d'une verve certaine : on le sent, la vie est de ce côté là. La peinture de ces personnages attachants, caractérisés par un langage « typé », chatoyant et réaliste à la fois, rappelle l'atmosphère colorée des films de Robert Guédiguian (La ville est tranquille,Marie-Jo et ses deux amours, Mon père est ingénieur...). Pour autant, ici, les pauvres ne sont pas mieux que les riches. Observées avec un mélange de respect et de défiance, les manières de Charles suscitent l'intérêt alors que ses motivations semblent suspectes. Le véritable sujet du film apparaît alors : de la difficulté à trouver sa place parmi les hommes et à conquérir sa liberté individuelle.

Le Pressentiment est donc un film « intériorisé » qui suscite en permanence de nombreuses questions, à l'image de celles que se pose son héros : l'arnaque initiale, qu'il subit avec plaisir, se renouvelle-t-elle à plus grande échelle ? L'étrange raccord au milieu du récit, quand Charles s'endort en lisant, signifie-t-il que le héros rêve le film ? Est-il malade ? S'agit-il d'un homme qui dort ou, au contraire, d'un homme qui se réveille d'une longue léthargie, d'un oubli à lui-même ? Et la liberté, ce serait juste savoir que l'on va mourir ? De cette absence de certitudes émane un charme mystérieux qui peut laisser un goût d'inachevé et une légère frustration. Perdu entre deux mondes, Jean-Pierre Darroussin, lunaire, distrait et distant, circule avec délicatesse, comme s'il voulait éviter la moindre interaction avec ces univers auxquels il n'appartient pas. Sans rien déranger, il passe comme une ombre. Il flotte un peu et nous avec lui...

Le Pressentiment
Réalisé par Jean-Pierre Darroussin
Avec Jean-Pierre Darroussin, Didier Bezace, Valérie Stroh
France, 2006 - 100 mn
Sortie en France : 4 octobre 2006

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