Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
SITE INTERNET POUR LES DROITS DE L'HOMME
28 mai 2010

CINEMA/DOCUMENTAIRE: AISHEEN (CHRONIQUES DE GAZA) par Nicolas Wadimoff


AISHEEN (CHRONIQUES DE GAZA) - BANDE-ANNONCE VOST
envoyé par baryla. - Court métrage, documentaire et bande annonce.La critique d'Excessif

Préambule:

Il existe un cinéma qui traite de ces pays en guerre perpétuelle, dans lesquels des générations se succèdent et grandissent sous menace, l'avenir obstrué par une vision du futur quasi absente. C'est ce temps en suspend, toujours au bord de l'absurde, que filment Elia Suleiman ou encore Dima El-Horr dans le récent Chaque jour est une fête. C'est également le cas de Nicolas Wadimoff, cinéaste documentariste au fait de la situation au Proche-Orient qui a posé sa caméra 14 jours durant auprès des habitants, peu après un énième bombardement israélien. Sur cette bande de territoire qui squatte les JT dans l'incompréhension presque lassée du téléspectateur, Wadimoff offre un témoignage respectueux, étonnant, un regard curieux et fin.

Un mot sur le réalisateur

Guitariste de rock, né en 1964, Nicolas Wadimoff est devenu, depuis le début des années 1990, réalisateur, puis producteur. Il mène une carrière à la télévision et au cinéma, entre fiction et documentaire. Le conflit moyen-oriental et le destin palestinien sont parmi ses principaux centres d'intérêt, notamment manifestés dans L'Accord (2005), long métrage documentaire retraçant les coulisses des accords de Genève en 2003 et donnant à comprendre la difficulté à négocier une paix viable dans la région. Aisheen, son nouveau documentaire, tourné en février 2009 à la suite de l'incursion israélienne à Gaza, reconduit l'intérêt de son auteur pour ce sujet mais se révèle d'une tout autre facture.

A la vocation pédagogique et analytique de L'Accord, qui présentait les points de vue de tous les protagonistes de ce conflit, succède un document plus subjectif et impressionniste, qui veut avant toute chose témoigner, aux côtés de la population de Gaza, du désastre, du désespoir et de l'impasse produits par les bombardements israéliens. Ce faisant, le réalisateur gagne en émotion et en sensibilité ce qu'il perd dans l'intelligence de la situation comme dans la possibilité d'en éclairer les enjeux particuliers. Ce genre de postulat, appliqué à un conflit aussi complexe et douloureux, est toujours risqué. On est néanmoins d'autant plus enclin à en admettre le principe que le film est à la fois sensible, juste et touchant et qu'il en va, en dernier ressort, de la liberté du réalisateur de le placer sous de tels auspices.

Aisheen (Chroniques de Gaza) de Nicolas Wadimoff

Still alive in Gaza

L'HISTOIRE :

Dans la bande de Gaza, les animaux du Zoo se nourrissent de graines d'oiseaux mais continuent de mettre bas ; le groupe de musique Darg Team rappe une haine désabusée dans un pays qui ne reconnait pas le travail des membres comme celui d'artistes ; un petit garçon se balade au milieu des débris d'un parc d'attraction : « C'est où, la Cité des Fantômes ? », demande t-il au gardien.

« Aisheen est une expression arabe qui signifie « toujours vivant ». C'est le fil qui nous a guidé lors des rencontres que nous avons faites au hasard de nos déplacements », explique Nicolas Wadimoff à propos de son titre, indiquant au passage le mode de développement de son film, le hasard. Le documentariste n'est pas venu chercher quelque chose, il est venu voir ; il voit des individus qui vivent, se déplacent, discutent, mangent, vont à l'école, le tout au milieu de régulières frappes militaires, au cœur d'un pays qui semble vide de toute structure étatique. Comme rarement, on ne voit pas (seulement) un peuple meurtri, mais trois ados sur une balancelle qui tentent de se figurer leur avenir, un groupe d'hommes sur la plage qui s'essaient à la pêche et sont une demi-douzaine à sourire de leur malheureux poisson. Sans cadre, l'avenir étrangement réduit, le quotidien rongé par la menace et les pénuries, mais toujours vivants.

Lucie PEDROLA pour www.lepost.fr

La réalisation:

Sans l'ombre d'un commentaire, avec une grande fluidité, Wadimoff nous montre donc, comme dans un kaléidoscope, les signes épars, battants, vivants, d'une société ruinée et asphyxiée. Une installation foraine démantelée, des enfants tristes, un groupe de rap pêchu et insolent, un cultivateur déplorant la perte de son oliveraie, un parc zoologique où les animaux crèvent de faim, un singe agressif baptisé Sharon, une émission de radio pour jeunes qui s'interroge sur la compatibilité entre rap et islam, des jeunes annonçant tranquillement qu'ils vont "faire martyrs" faute de pouvoir devenir médecins, des pêcheurs sans poissons, un bébé intubé à l'hôpital, des foules se pressant pour obtenir l'aide alimentaire.

Autant de scènes, d'angles, d'impressions témoignant, avec délicatesse, de la détresse et de la vitalité de Gaza. Pour le reste, notamment l'idéologie du mouvement qui préside aux destinées de cette portion de terre, il faudra lire entre les lignes, écouter attentivement ce que cette enseignante d'un centre d'éducation laïque a à nous dire de Gaza, dont la voix semble d'ores et déjà résonner depuis un pays lointain.

Jacques Mandelbaum pour www.lemonde.fr

Un documentaire saisissant sur Gaza en ruine.

Le 17 janvier 2009, un cessez-le-feu est proclamé à Gaza. Le bilan est lourd : 1 330 Palestiniens tués en trois semaines de tir. Les dégâts matériels sont également sévères. Le réalisateur suisse Nicolas Wadimoff profite de cette accalmie pour filmer de l'intérieur ce bout de terre souvent brûlé, coincé entre Israël, Égypte et la mer.

Ces chroniques de Gaza débutent dans un parc d'attractions qui, de fait, n'attire plus personne ou alors quelques bambins qui piétinent les cendres de ces manèges en ruines. "Elle est où la cité des fantômes ?" demande le bambin au gardien qui déterre, parmi les décombres, des marionnettes effrayantes qui ont perdu tout leur pouvoir de fascination. Cette séquence très expressive vaut tous les discours antimilitaristes tant il règne ici une grande désolation.

La caméra explore ensuite le territoire sinistré, pour capter des bribes de conversation, montrer des visages et tenter, par tous les moyens, de rendre compte d'une situation insupportable. Ici, pourtant, pas de haine ni de cris, et encore moins de pleurs mais un abattement généralisé. Still Alive in Gaza, dit le sous-titre original. Encore en vie à Gaza, ou plutôt : pas encore mort.

Thomas Baurez pour www.lexpress.fr

Aisheen (Chroniques de Gaza) de Nicolas Wadimoff

Le temps qui reste

Ce n'est pas le désespoir à proprement parler qui prédomine. C'est autre chose, parfois la vacuité, régulièrement l'envie d'un héroïsme guerrier, de la colère, de l'ennuie ; et du rire. Dans ce pays condamné à l'attente de jours meilleurs, une drôle d'oisiveté prend forme. Oisiveté presque artistique quand des jeunes récupèrent les ossements d'une baleine échouée et les rassemblent sur le sol. L'inutile devient le plus sérieux puisque ce qui était sérieux est devenu absurde. Comme quand les enfants, à l'école, rejouent, en s'étranglant de rire, le désespoir d'habitants bombardés pleurant leurs proches. Certaines images sont drôles parce qu'elles sont atterrantes.

Gaza gagne à être connue sur grand écran plus qu'à travers la petite lucarne. D'un voyage de 14 jours dans la bande de Gaza, Nicolas Wadimoff revient avec des visions surprenantes, inhabituelles, un regard apolitique rafraîchissant, curieux et aussi avide de beautés.

Lucie PEDROLA pour www.lepost.fr

Aisheen (chroniques de Gaza) - Bande annonce Vost FR
envoyé par _Caprice_. - Les dernières bandes annonces en ligne.

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité