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SITE INTERNET POUR LES DROITS DE L'HOMME
21 mai 2010

HOMELIE DE PENTECOTE: "LA FORCE DE L'AMOUR"

l'homélie du curé

La force de l’amour
Pentecôte
Dimanche 23 mai 2010
Jn 14, 15-16. 23-26

Nous disons fréquemment d’une personne qu’elle nous donne son énergie. J’étais fatigué, déprimé, j’avais essuyé quelques revers, encaissé quelques contrariétés : voilà que je retrouve cet(te) ami(e) – ça peut même se faire au téléphone ! On se parle. Et ça va mieux. Il ou elle m’a remonté le moral. C’est une définition de l’énergie : une force morale.

On tient là, dans cette communication d’énergie, une part appréciable et sous-estimée de l’amitié, voire du mystère de l’amour : une affinité qui fait que deux personnes se renforcent mutuellement. Elles s’énergisent si j’osais cet anglicisme pour la fête de ce jour, l’événement de la Pentecôte : une fête de l’énergie.

Notre tradition culturelle, aussi bien latine qu’humaniste et psychologique est peu sensible à ces phénomènes, voire y est réfractaire. Notre approche est timide, qui préfère parler d’ondes que de forces. On dira facilement, à l’inverse des phénomènes bénéfiques, que certaines personnes dégagent des ondes négatives : on fait l’expérience à leur contact d’un malaise indéfinissable.

Cette approche, plus magnétique, qui préfère parler d’ondes que de forces, est intéressante qui ne révèle pas seulement la faiblesse du vocabulaire, le déficit de langage, voire de pensée, mais qui situe l’enjeu au niveau de l’être, de la personne, plutôt que de la relation. On raisonne alors en termes d’émanation plutôt que d’échange.

On dira ainsi qu’il émane quelque chose de quelqu’un, ce qui est fatalement très contestable parce qu’il s’agit toujours d’une impression subjective de ce que je perçois, faute de moyens et d’instruments de mesure. Comment mesurer le charme d’un homme ou d’une femme, son ‘magnétisme’, sinon au nombre de personnes qui y sont sensibles ?

Dans notre culture, on ne va guère plus loin : il ou elle a du charme. Et on mélange allègrement une attirance à caractère sexuel, et une énergie.

Lorsque sainte Faustine reçoit cette vision du Christ Jésus, avec la mission d’en faire faire un tableau, de la faire peindre, dans ce portrait en pieds de Jésus que vous connaissez sans doute, elle reçoit cette confirmation de ces deux phénomènes spirituels dont on trouve de multiples traces dans l’Ecriture, à savoir d’une part d’un halo de lumière qui entourait le Christ, et par ailleurs d’une force qu’il avait en lui, dont la manifestation la plus spectaculaire est la façon dont il lui suffit, au moment de sa Passion, et de son arrestation, de dire : « c’est moi », pour que les soldats venus l’arrêter, trébuchent et tombent en arrière (Jn 18, 6).

Des ondes se dégagent de tout être humain, et pas seulement de ceux qui sont investis d’un pouvoir ou d’une mission – qui fait par exemple que Jeanne d’Arc, venue trouver le Roi à Chinon, le reconnaît dissimulé dans un groupe de courtisans : c’est autant son intuition à elle, que son émanation à lui -, bref ces ondes que nous avons tous, même si nos scientifiques sont incapables de les mesurer pour l’instant, proviennent possiblement d’une source intérieure.

On peut estimer, si on croit à l’unité de la personne, que ces ondes ne sont pas désordonnées ni diffuses, mais qu’elles sont canalisables en des forces dont nous devrions pouvoir faire un usage bien plus grand et bien plus intéressant que celui que nous en faisons.

C’est ce que font les magnétiseurs. C’est ce que font certains orateurs, à fort charisme, dont le pouvoir sur les foules dit la capacité à maîtriser et à concentrer dans une relation à un groupe des ressources qui sont chez d’autres inexploitées. Absentes ou inexploitées ?

Si nous creusions un petit peu la question de l’énergie, dans la perspective d’une meilleure compréhension de l’énergie humaine, nous constaterions d’abord qu’elle ne se crée pas. Rien ne se crée en matière d’énergie. Il n’existe pas à proprement parler de création d’énergie dans l’univers : toutes les sources d’énergie sont naturelles, qui proviennent soit de matières premières (charbon, pétrole, uranium) soit de phénomènes naturels (marées, vents, soleil) et renvoyant aux éléments les plus fondamentaux, l’eau, le souffle, le feu.

Le génie de l’homme n’est pas dans la création d’énergie mais dans sa découverte et sa bonne utilisation : l’exemple type est l’énergie atomique.

Le premier enjeu de l’énergie s’appelle réceptivité : intelligence et réceptivité, pour l’accueil et l’orientation des forces naturelles. Au jour de la Pentecôte, les Apôtres étaient réunis depuis dix jours à prier : ils ne sont pas entrés ce jour-là dans la chambre haute pour recevoir l’Esprit-Saint. Ils étaient déjà réunis, ensemble, et même nombreux parce que s’il existe un lien personnel, individuel au Christ, il existe uniquement un lien collectif, communautaire à l’Esprit.

L’Esprit qui est donné aux Apôtres au jour de la Pentecôte, l’Esprit-Saint dont nous disons qu’Il est la 3ème personne de la Trinité et l’âme incréée de l’Eglise, a pour effet immédiat de faire des Apôtres les messagers du Christ, capables d’annoncer sa Résurrection : le Christ est Seigneur.

La grâce et le critère de l’Esprit-Saint est de rendre le Christ présent : « il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit » (Jn 14, 26).

Dans notre réflexion sur l’énergie, l’intérêt n’est pas sa captation, mais son orientation. Comment l’énergie se communique-t-elle ? Par infusion ? Suffit-il, comme notre monde re-paganisé le propose, de bronzer au soleil, de respirer au grand air, de se baigner en eau claire, pour renouer avec des forces – voire se soumettre à des forces dont tous les premiers siècles chrétiens, tous les plus grands Saints, en particulier en France saint Martin, ont cherché à libérer les hommes qui y étaient asservis. A libérer l’humanité du paganisme et de l’idolâtrie.

L’hypothèse que je vous propose, qui est bien davantage qu’une hypothèse parce qu’elle est en totale adéquation à la foi de l’Eglise, est que nous ne pouvons alimenter énergétiquement notre humanité que par une autre humanité, - ça s’appelle l’amour, et dans sa forme historique la plus accomplie, cette humanité est celle du Christ, Dieu fait homme.

Bien sûr, sur le seul plan affectif, de notre besoin vital d’aimer et d’être aimé, nous pouvons concentrer notre affection sur un animal de compagnie, un chien ou un chat. Comme le disent très justement certaines personnes qui ont trop souffert : lui au moins ne me trahira pas. Diminuer le risque de trahison diminue d’autant le bénéfice de communion. De même qu’au grand air, je respire, qu’au soleil, je me réchauffe, que dans l’eau je baigne, et tout ça est bien agréable mais je ne reçois pas l’amour, de même avec un chien ou un chat, je reçois une chaleur mais je ne reçois pas l’amour.

L’Esprit-Saint, qui est donné à l’Eglise au jour de la Pentecôte, qui nous est transmis à notre entrée dans l’Eglise, au jour de notre baptême, et confirmé à notre confirmation, ne donne peut-être pas la chaleur affective que l’on souhaiterait, mais il donne l’amour parce qu’il rend le Christ présent dans notre vie : « Si l'Esprit de Celui qui a ressuscité Jésus d'entre les morts habite en vous, Celui qui a ressuscité le Christ Jésus d'entre les morts donnera aussi la vie à vos corps mortels par son Esprit qui habite en vous » (Rm 8, 11).

Le lien au Christ, dans notre humanité révélée, et dans son humanité glorifiée, me permet d’être qui je suis, pour autant que j’accepte la nature énergétique de ce lien.

La prière de délivrance prononcée sur l’enfant au jour de son baptême, la prière d’exorcisme dit : « Donne-lui la force du Christ, et garde-le/la tout au long de sa vie ». Et avant d’imposer les mains ou de faire l’onction d’huile des catéchumènes, le prêtre ajoute : « N*, que la force du Christ te fortifie, lui qui est le Sauveur et qui vit pour les siècles des siècles ».

Frères et sœurs, certains d’entre vous demandent parfois si la Pentecôte est la fête du don de l’Esprit (sa venue sous forme de langues de feu sur les apôtres) ou la fête de l’annonce de la Résurrection (le parler en toutes les langues) ... Les deux ! Nous recevons l’Esprit pour ressembler au Christ – et annoncer les merveilles de Dieu.

De la même façon que le peuple d’Israël reçoit le don de la Loi (c’est ce qu’on célébrait alors au jour de la Pentecôte) pour la mettre en œuvre. La Loi n’a d’intérêt que si l’on s’en sert. De même, la question de l’énergie n’est pas morale : « à quoi est-ce que tu dépenses ton énergie ? à quoi est-ce que tu occupes tout ton temps, et consacres tes forces ? ». L’énergie est spirituelle : « Quelle est la source de ton énergie ? ». Ce n’est pas la libido, comme le proclament les magazines, c’est l’amour.

Il y a six mois, le Pape Benoît XVI a consacré son audience générale (2 décembre 2009) à un grand inconnu, Guillaume de Saint-Thierry, qui fut le biographe et l’ami de saint Bernard, au douzième siècle. Dans l'une de ses œuvres intitulée La nature et la dignité de l'amour, se trouve exprimée l'une des idées fondamentales de Guillaume, « valable également pour nous » disait le Pape, à savoir que « l'énergie principale qui anime l'âme humaine est l'amour.
La nature humaine, dans son essence la plus profonde, consiste à aimer. En définitive, une seule tâche est confiée à chaque être humain : apprendre à aimer, sincèrement, authentiquement, gratuitement. Mais ce n'est qu'à l'école de Dieu que cette tâche est remplie et que l'homme peut atteindre l'objectif pour lequel il a été créé ».

Le cœur est un moteur, l’amour divin est son énergie, et c’est dans le Corps du Christ que nous le vivons.


Père Christian Lancrey Javal
curé de Saint-Louis d'Antin

Lecture du Livre des Actes des Apôtres 2, 1-11

Quand arriva la Pentecôte (le cinquantième jour après Pâques), ils se trouvaient réunis tous ensemble. Soudain il vint du ciel un bruit pareil à celui d'un violent coup de vent : toute la maison où ils se tenaient en fut remplie. Ils virent apparaître comme une sorte de feu qui se partageait en langues et qui se posa sur chacun d'eux. Alors ils furent tous remplis de l'Esprit Saint : ils se mirent à parler en d'autres langues, et chacun s'exprimait selon le don de l'Esprit.

Or, il y avait, séjournant à Jérusalem, des Juifs fervents, issus de toutes les nations qui sont sous le ciel. Lorsque les gens entendirent le bruit, ils se rassemblèrent en foule. Ils étaient dans la stupéfaction parce que chacun d'eux les entendait parler sa propre langue. Déconcertés, émerveillés, ils disaient : « Ces hommes qui parlent ne sont-ils pas tous des Galiléens ? Comment se fait-il que chacun de nous les entende dans sa langue maternelle ? Parthes, Mèdes et Elamites, habitants de la Mésopotamie, de la Judée et de la Cappadoce, des bords de la mer Noire, de la province d'Asie, de la Phrygie, de la Pamphylie, de l'Égypte et de la Libye proche de Cyrène, Romains résidant ici, Juifs de naissance et convertis, Crétois et Arabes, tous, nous les entendons proclamer dans nos langues les merveilles de Dieu. »

Lecture de la Lettre de saint Paul Apôtre aux Romains 8, 8-17

Frères, sous l'emprise de la chair, on ne peut pas plaire à Dieu. Or vous, vous n'êtes pas sous l'emprise de la chair, mais sous l'emprise de l'Esprit, puisque l'Esprit de Dieu habite en vous. Celui qui n'a pas l'Esprit du Christ ne lui appartient pas. Mais si le Christ est en vous, votre corps a beau être voué à la mort à cause du péché, l'Esprit est votre vie, parce que vous êtes devenus des justes. Et si l'Esprit de celui qui a ressuscité Jésus d'entre les morts habite en vous, celui qui a ressuscité Jésus d'entre les morts donnera aussi la vie à vos corps mortels par son Esprit qui habite en vous. Ainsi donc, frères, nous avons une dette, mais ce n'est pas envers la chair : nous n'avons pas à vivre sous l'emprise de la chair. Car si vous vivez sous l'emprise de la chair, vous devez mourir ; mais si, par l'Esprit, vous tuez les désordres de l'homme pécheur, vous vivrez. Tous ceux qui se laissent conduire par l'Esprit de Dieu, ceux-là sont fils de Dieu. L'Esprit que vous avez reçu ne fait pas de vous des esclaves, des gens qui ont encore peur ; c'est un Esprit qui fait de vous des fils ; poussés par cet Esprit, nous crions vers le Père en l'appelant : "Abba !".

C'est donc l'Esprit Saint lui-même qui affirme à notre esprit que nous sommes enfants de Dieu. Puisque nous sommes ses enfants, nous sommes aussi ses héritiers ; héritiers de Dieu, héritiers avec le Christ, à condition de souffrir avec lui pour être avec lui dans la gloire.

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean 14, 15...26

A l'heure où Jésus passait de ce monde à son Père, il disait à ses disciples : « Si vous m'aimez, vous resterez fidèles à mes commandements. Moi, je prierai le Père, et il vous donnera un autre Défenseur qui sera pour toujours avec vous : c'est l'Esprit de vérité. Si quelqu'un m'aime, il restera fidèle à ma parole ; mon Père l'aimera, nous viendrons chez lui, nous irons demeurer auprès de lui. Celui qui ne m'aime pas ne restera pas fidèle à mes paroles. Or, la parole que vous entendez n'est pas de moi : elle est du Père, qui m'a envoyé. Je vous dis tout cela pendant que je demeure encore avec vous ; mais le Défenseur, l'Esprit Saint que le Père enverra en mon nom, lui, vous enseignera tout, et il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit. »

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