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SITE INTERNET POUR LES DROITS DE L'HOMME
4 mai 2010

RELIGION:"Répondre à l'appel de Dieu..." par le Père Christian Lancrey-Javal

"C'est une vie difficile et exigeante. Et elle a de quoi dissuader," atteste le Père Christian Lancrey-Javal

Vincent Portier Vincent Portier

Directeur associé d'un cabinet de conseil, littéraire de formation, Christian Lancrey Javal décide à 35 ans de "répondre à l'appel de Dieu". Il est aujourd'hui le curé de la paroisse Saint-Louis d'Antin, à Paris, après avoir été prêtre à la paroisse Notre-Dame de Grâce de Passy, dans le XVIeme arrondissement . Un engagement mûrement réfléchi et qui confie-t-il, remplit enfin totalement sa vie.Je vous propose cet entretien publié le 20 septembre 2004 pour connaître mieux celui qui nous livre chaque dimanche une homélie oecuménique, moderne et consciente, sur la vie d'aujourd'hui et les préoccupations de chacuns et chacunes, catholiques ou non. (les homélies sont en lignes à la catégorie "RELIGION" de notre site ou directement sur http://www.saintlouisantin.fr)

ENTRETIEN:Christian Lancrey Javal, ex-patron devenu prêtre

lancrey Javal

Heureux mais en manque

"A l'époque, je ne pouvais pas rêver mieux professionnellement et matériellement. J'avais été chef de cabinet du président de la Croix Rouge, puis secrétaire général d'un organisme de formation, filiale du groupe Thomson, et enfin fondateur avec des amis d'un cabinet de conseil en communication qui marchait très bien. J'avais tout ce que je voulais et pourtant, je sentais qu'il me manquait quelque chose. Par petits recoupements, par confirmations successives, à travers des rencontres, la prêtrise m'est apparue progressivement comme une évidence. Cela n'a donc pas été une révélation soudaine, ni un coup de foudre. J'ai compris que si je répondais à l'appel de Dieu je trouverais de quoi remplir totalement ma vie. J'atteindrais la plénitude. Je vivrais une relation à la Vérité."

Un coup de tête ?

"L'Eglise prend le temps de vérifier que votre engagement n'a pas été pris à la légère. On rencontre le service des vocations, on discute avec des prêtres habilités à accueillir et à évaluer que vous êtes bien "équilibré", que vos motivations sont fortes et justifiées. Et ce n'est que lorsque l'appel que l'on estime avoir de la part de Dieu est confirmé par l'Eglise que l'on entre au séminaire. Cela peut sembler assez long, mais cela me convenait car je devais moi-même mettre de l'ordre dans mes affaires professionnelles et personnelles avant de tout quitter.

"La surprise de l'entourage."

Mes amis, ma famille, mes relations professionnelles ont été surpris, intéressés et  bienveillants. Personne n'a réagi négativement ou émis des critiques. Certains se sont même montrés envieux : j'avais trouvé quelque chose qu'eux-mêmes n'avaient pas su découvrir..."

Passer de patron à élève, c'est dur

"Mes années au séminaire ont été difficiles, surtout au début. Reprendre des études à 35 ans après avoir travaillé pendant douze ans, se retrouver dans la position de l'élève alors que l'on a été patron, ce n'est pas évident. Mais c'est aussi une grande chance car on a le temps de lire, de prier. On se penche sur des matières passionnantes : la théologie bien sûr, mais aussi les sciences humaines, la philosophie. On a une vie fraternelle, très humaine, en petit comité, avec des "fiancés" qui viennent d'horizons différents. Dans mon cas, j'ai côtoyé aussi bien un avocat qu'un prestidigitateur, un électronicien qu'un polytechnicien. Et contrairement aux idées reçues, très peu de littéraires, plutôt des sup de Co ou des ingénieurs."

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50% décrochent.

"Ce n'est pas parce qu'on entre au séminaire que l'on en sort prêtre. En moyenne, la moitié arrête ou se réoriente. Certains partent dans des monastères, d'autres se rendent compte que ce n'est finalement pas leur voie ou on leur fait comprendre. Moi-même, j'ai eu envie d'abandonner. Tous les anciens et tous les prêtres m'ont toujours dit que c'était bon signe. Si on ne se pose pas un certain nombre de questions régulièrement, si on affronte pas la difficulté, c'est qu'on rêve..."

Et le célibat ?

"Je ne le vis pas comme une mesure règlementaire, mais comme une donnée de la tradition catholique romaine, un symbole de l'attente de quelque chose de plus grand. Le célibat est incompréhensible pour les gens qui ne croient pas en la vie éternelle. Si on pense que la vie se limite à quelques décennies et qu'il n'y a rien après, je comprends que l'on danse sur le volcan. Mais la vie c'est bien plus que ça."

Prêtre à Paris.

"J'ai été ordonné prêtre en juin 2003. L'ordination est un très grand moment et j'en garde un bon souvenir. Depuis, j'ai été nommé en paroisse à Notre-Dame de Grâce de Passy rue de l'Annonciation, dans le XVIeme. Ce qui me convient bien car je suis d'origine parisienne, mais lorsqu'on se met au service de Dieu et de l'Eglise, on se rend disponible. J'aurais pu être envoyer n'importe où. Ici, c'est une grosse paroisse de par le nombre d'habitants (40 000) avec un taux de pratiquants plus élevé qu'ailleurs. Elle accueille environ 5000 paroissiens chaque week-end. Les plus gros établissements catholiques sont implantés sur cette paroisse."

Un intermédiaire.

"J'ai un rôle d'intermédiaire. Je suis chargé de parler de Dieu aux hommes que je rencontre. Et à l'inverse, je parle des hommes à Dieu grâce à la prière. Pour pouvoir prier pour les gens, il faut d'abord que je les écoute. Je rencontre donc beaucoup de monde, j'interviens dans des groupes, des réunions. Je suis l'actualité du monde, lis les journaux, regarde la télé.. J'ai aussi un rôle d'enseignement., car "il est bon d'enseigner si l'on sait ce que l'on dit". Mon objectif c'est que mes actes soient en conformité avec ce que je crois. C'est ce qu'on appelle la sainteté..."

Propos recueillis par Corinne Dillenseger, publié le 20 septembre 2004

TEMOIGNAGE:

mariage

" Un souvenir de prêtre"

Mes souvenirs les plus forts sont évidemment liés à la Semaine Sainte, à la fête de Pâques. Nous confessons toute la semaine : à Saint-Louis d’Antin, c’est comme dans un sanctuaire, on ne fait que ça, du matin au soir. Magnifique et épuisant. Un fleuve de péchés dans l’Océan de la Miséricorde.
Le samedi soir, à quelques heures de la veillée pascale, l’afflux de pénitents diminue enfin, et on commence à respirer, à reprendre souffle, comme un temps de répit, avant la célébration de la nuit.

Et là, il y a deux ans, vers sept ou huit heures du soir, un jeune couple, tout mignon, m’a arrêté dans le couloir, demandant à me voir : ils m’annonçaient leur mariage. Je les connaissais de vue, des habitués du dimanche soir.
Nous sommes entrés dans la pièce la plus proche, qui était déjà préparée pour le chocolat chaud d’après la veillée, et on a pris trois chaises dans un coin, comme on sait si bien le faire dans l’Eglise, et cet inconfort n’avait aucune importance. Deux tout mignons.

A ce moment-là de la journée et de la semaine, après des jours de confession, à quelques heures de la célébration de Pâques, avec les baptêmes qui allaient avoir lieu, cette annonce de mariage, cet amour humain à consacrer par le Seigneur venait dire toute la vie de l’Eglise et du prêtre. Il n’est pas le Dieu des morts mais des vivants !

Père Christian Lancrey Javal

AGENDA 2010:

Collège des Bernardins

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Jeudi Théologie : "Être père et chef de famille"

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Jeudi 6 mai 2010, de 12h45 à 13h30. Par le père Christian Lancrey-Javal.

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