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SITE INTERNET POUR LES DROITS DE L'HOMME
7 juillet 2010

FRANCE/AFRIQUE: D'UNE DIPLOMATIE "ARTIFICIEUSE"/Entretien avec Jean-Christophe Rufin, ex-ambassadeur de la France au Sénégal


Interview de Jean-Christophe Rufin ambassadeur sortant de France:Vidéo Entretien du 30 juin 2010/50minutes: Jean Christophe Rufin ambassadeur sortant de France au Sénégal dit tout sans langue de bois comme à son habitude. Ses relations avec la famille Wade (Karim et son père) la politique sénégalaise, le système électoral, l'opposition, la politique africaine de l'Élysée, etc... M. l'ambassadeur donne sa vision éclairée avec une franchise et une honnêteté qui lui ont valu d'être combattu par Karim Wade et son père qui ont finit par obtenir de Claude Guéant son remplacement

Préambule:

Il faut toujours se méfier des pièces rapportées et du type de cadeaux qu'on leurs offre(voir la photo ci-dessous). Très souvent, lorsqu’elles quittent la famille, elles perdent tout devoir de réserve. C’est ce qui vient de se passer avec Jean-Christophe Rufin, écrivain et ambassadeur sortant de la France au Sénégal, dont les fonctions ont pris fin le 30 juin 2010.

En publiant une tribune signée d'Hubert Védrine et Alain Juppé ainsi qu'une longue interview de l'écrivain et ancien ambassadeur du Sénégal, récemment débarqué, Jean-François Rufin (à lire des extraits ci-dessous), le journal Le Monde s'est fait le porte-voix de la crise que traverse le Ministère des affaires étrangères. Un contexte budgétaire difficile et un ministre écarté des processus de décision, le quai d'Orsay traverse une zone de turbulences.

Photo du mercredi 11 novembre 2009. Pierre Nora a remis l'épée d'académicien à Jean Christophe Rufin, membre du prix Méditerranée, lors d'une cérémonie au Quai d'Orsay offerte par Bernard Kouchner, ministre des affaires étrangères. Une photo qui appartient désormais au passé...

La charge de Rufin contre un Quai d'Orsay

«complètement marginalisé et sinistré»

Par LIBÉRATION.FR

On les disait amis, ils semblent désormais sérieusement brouillés. L'écrivain Jean-Christophe Rufin, ex-ambassadeur de la France au Sénégal, se livre à une charge sévère contre Bernard Kouchner, ministre des Affaires étrangères. Décrivant dans un entretien au «Monde» un Quai d'Orsay «complètement marginalisé et sinistré», des diplomates dans le «désarroi le plus total», Rufin regrette que le co-fondateur de Médecins sans frontières se laisse dicter sa politique africaine par Claude Guéant, secrétaire général de l'Elysée, et des «réseaux de lobbying».

Le fond de l'affaire n'est pas nouveau. L'impuissance de l'ancien french doctor aux Affaires étrangères a déjà été décrite, notamment par Libération. Kouchner lui-même a reconnu qu'il devait s'accommoder d'influences parfois contraires. Mais Jean-Christophe Rufin, nommé à Dakar en 2007 par Nicolas Sarkozy, et débarqué fin juin sur insistance du président Abdoulaye Wade, détaille par le menu cette diplomatie si paradoxale: «D'un côté, il y a un Quai d'Orsay qui sert de vitrine à la fois "people" et morale, et, de l'autre, une realpolitik faite par derrière et par d'autres.»

Photo:Jean-Christophe Rufin, Élu à l’Académie française, le 19 juin 2008, au fauteuil de Henri Troyat (28e fauteuil).

«Kouchner devrait «savoir partir»

Invité de RTL ce matin, l'auteur de «Katiba» a évoqué «une politique africaine indiscutablement en crise». Selon lui, «le Quai d'Orsay ne pèse plus rien dans les affaires africaines». Celles-ci sont gérées par Claude Guéant. «Très influent», l'ancien préfet «agit d'autant plus librement qu'il n'en répond ni devant l'Assemblée ni devant le gouvernement». «Il dépend du seul président de la République, dont j'ignore s'il est complètement informé des initiatives de son collaborateur», s'inquiète Rufin.

L'ancien président d'Action contre la faim s'en prend aussi aux «intermédiaires officieux qui ont été remis en selle depuis trois ans». «Les réseaux se sont reconstitués», explique-t-il à RTL, «on a quelque chose de très opaque». «Absolument pas représentatifs de l'intérêt général», ces lobbyistes «sont payés» pour faire valoir leur point de vue. Construits «à l'inverse des réseaux Foccart», ces «visiteurs du soir» font inévitablement penser à l'avocat Robert Bourgi, conseiller de plusieurs chefs d'Etat africains.

Et Rufin, qui craint que la France ne perde une «chance historique» de rompre avec la Françafrique - engagement de Nicolas Sarkozy en 2007 -, d'enfoncer le clou: «Obligé d'avaliser beaucoup de décisions (...) à contrecœur», Kouchner devrait «savoir partir».

(REUTERS/Johannes Eisele)

«On n'est jamais trahi que par les siens»

Le ministre a d'abord répondu par l'ironie aux critiques de l'ancien ambassadeur, jugeant que ce dernier «boudait» et qu'il avait su «s'alimenter à la bonne source» pour écrire son dernier livre. Puis, interrogé à l'Assemblée nationale ce mardi, il s'est fait plus offensif: «J'espère - on n'est jamais trahi que par les siens - que cet homme ne s'étouffera pas de haine.»

«Nous sommes fiers de la politique qui a été menée, aussi bien pour la Guinée qui vient de voter pour la première fois depuis 59 ans, pour le Rwanda (avec lequel la France a repris depuis six mois des relations diplomatiques)», a rétorqué le ministre. «Nous sommes fiers de ce que nous avons fait après les coups d'Etat en Mauritanie, au Niger, ou à Madagascar», a-t-il ajouté.

Mais les temps sont décidément compliqués pour Bernard Kouchner, puisque deux de ses prédécesseurs, Hubert Védrine et Alain Juppé, viennent de publier dans «Le Monde» une tribune dénonçant «l'affaiblissement sans précédent (des) réseaux diplomatiques et culturels de la France».

A lire également:

Sarkozy et Kouchner sont-ils à la hauteur?

Sarkozy et Kouchner sont-ils à la hauteur?

Par Jean-Michel Demetz, Vincent Hugeux, Dominique Lagarde, Eric Mandonnet, Marcelo Wesfreid , publié le 09/07/2008

A quoi sert donc aujourd'hui Bernard Kouchner On peut se poser la question, répond l'ancien ministre des Affaires étrangères Roland Dumas, dont il fut naguère le secrétaire d'Etat.  [...] Le sherpa de Nicolas Sarkozy, Jean-Daniel Levitte, discutte avec le ministre des Affaires étrangères, le 7 juin dernier, à Beyrouth.  [...] A mon époque, j'avais plus d'autonomie. Je me souviens d'avoir eu des discussions avec Mitterrand où j'avais le dernier mot.  [...]

Lire la suite

Les touristes devenus otages devront payer leurs frais de libération |StreetGeneration 

streetgeneration.fr

Bernard Kouchner, le ministre des affaires étrangères a proposé un projet de loi pour faire rembourser par les touristes qui seraient devenus des otages les frais engagés par la France pour leur libération. Cette article 13 prévoit que «l’Etat peut exiger le remboursement de tout ou partie des dépen...

Jean-Christophe Rufin : "Le Quai d'Orsay ne pèse plus rien dans les affaires africaines"

L'écrivain Jean-Christophe Rufin, que Nicolas Sarkozy avait nommé ambassadeur de France à Dakar (Sénégal) en août 2007, a quitté ses fonctions le 30 juin après que le président Abdoulaye Wade a demandé à la France son départ, et l'a obtenu. Quittant la diplomatie, il a retrouvé sa liberté de parole et s'exprime sur la politique africaine de la France.

ENTRETIEN (Extrait):

Qui dirige aujourd'hui la politique africaine de la France ?

Ces dernières années, un mode de gouvernance particulier s'est construit : les affaires africaines les plus sensibles sont tranchées par Claude Guéant, qui est un préfet et n'a pas une connaissance particulière de l'Afrique. Dans ce domaine qu'il s'est réservé, le secrétaire général de la présidence agit d'autant plus librement qu'il n'en répond ni devant l'Assemblée ni devant le gouvernement. Il dépend du seul président de la République, dont j'ignore s'il est complètement informé des initiatives de son collaborateur.

Que s'est-il passé depuis trois ans ?

Il s'est passé que Bernard Kouchner n'a pas souhaité ou pas pu s'imposer dans ce domaine et, plus généralement, en politique étrangère. Etant donné son parcours que nous admirons tous, il est difficile de comprendre comment il peut avaliser des décisions prises par d'autres sur des bases qui ne sont pas les siennes.

D'un côté, il y a un Quai d'Orsay qui sert de vitrine à la fois "people" et morale, et, de l'autre, une realpolitik faite par-derrière et par d'autres. M. Kouchner a réorganisé le ministère des affaires étrangères à la manière d'une organisation non gouvernementale (ONG). Le Quai d'Orsay est aujourd'hui un ministère sinistré, les diplomates sont dans le désarroi le plus total, car ils ne se sentent pas défendus.

Vous mettez en cause l'influence auprès de l'Elysée de "réseaux occultes" sur la politique de la France en direction de l'Afrique. De quoi s'agit-il ?

Ces réseaux sont construits à l'inverse des réseaux Foccart qui existaient du temps du général de Gaulle et étaient censés servir les intérêts de la France. Aujourd'hui, il s'agit de réseaux de lobbying qui cherchent à faire valoir les intérêts de tel ou tel régime africain auprès des autorités françaises. Le pire est qu'ils parviennent à faire croire en haut lieu que leurs analyses sont plus désintéressées que celles fournies par les ambassadeurs, alors qu'ils sont stipendiés et ne font qu'exprimer l'opinion de leurs clients.

Lire l'intégralité de l'entretien avec Jean-Christophe Rufin dans l'édition Abonnés du site et disponible dans les kiosques ce mardi à partir de 14 heures.

Propos recueillis par Philippe Bernard

Biographie de Jean-Christophe Rufin

Photo: Jean-Christophe Rufin

Chronique d'un homme libre:

Bio Académie française (2009):

Études aux lycées Janson-de-Sailly et Claude-Bernard à Paris, Faculté de médecine Pitié-Salpêtrière.
Docteur honoris causa de l’université Laval (Québec) et de l’Université catholique de Louvain (Belgique).
Docteur en médecine (spécialité en neurologie et psychiatrie), Diplômé de l’Institut d’études politiques (IEP) de Paris.
Interne (1975-1981), chef de clinique et assistant des hôpitaux de Paris (1981-1983) puis attaché (1983-1985) des hôpitaux de Paris, chargé de mission auprès de Claude Malhuret (secrétaire d’État aux Droits de l’homme) (1986-1988), attaché culturel et de coopération près l’ambassade de France au Brésil (1989-1990), vice-président de Médecins sans frontières (MSF) (1991-1993), conseiller auprès de François Léotard (ministre d’État, ministre de la Défense) (1993-1995), praticien hospitalier à l’hôpital Saint Antoine à Paris (1995-1998) ; administrateur de la Croix-Rouge française (1994-1996), de l’Institut Pasteur, du groupe France Télévisions et de l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra) (depuis 2005) ; directeur de recherche (1996-1999) à l’Institut des relations internationales et stratégiques (Iris) ; directeur médical puis président (2002-2007) d’Action internationale contre la faim (AICF) devenue (1999) Action contre la faim (A.C.F.) ; ambassadeur, haut représentant de la République au Sénégal depuis 2007.
Élu à l’Académie française, le 19 juin 2008, au fauteuil de Henri Troyat (28e fauteuil).

Dernière publication de l'écrivain...

kka

Aujourd'hui ex-ambassadeur du Sénégal et de la Gambie, Jean-Christophe Rufin continue d'écrire. Dans son "Katiba", il explore les motivations qui président à un attentat et "tisse la toile d'un thriller au goût de soufre".

La revue de presse: Le Monde & Libération

Un ambassadeur de France en exercice peut-il publier un roman sur un sujet aussi sensible que le terrorisme islamiste ? Oui, apparemment. Il faut dire que Jean-Christophe Rufin n'est pas du sérail : ce médecin, qui a exercé entre autres la psychiatrie à l'hôpital Saint-Antoine, à Paris, est devenu écrivain, a obtenu le prix Goncourt en 2001 pour Rouge Brésil (Gallimard), avant d'entrer à l'Académie française. Jean-Christophe Rufin nous fait pénétrer dans le cerveau de ces fondamentalistes qui sont toujours entre deux prières, le kalachnikov à portée de la main. Les dialogues sonnent juste. A Paris, nous assistons, entre autres, à "l'essayage" d'une ceinture d'explosifs sur un futur martyr. On découvre aussi le fonctionnement d'une agence de renseignement privée qui a son siège en Belgique et travaille pour le compte de mystérieux commanditaires aux Etats-Unis..

.Après la fin du roman, l’auteur s’adresse à ses lecteurs. Il rappelle que ce livre est un «ouvrage de pure fiction», ce qui effectivement ne tombe pas sous le sens, et parle des personnes et des rencontres qui ont inspiré son histoire. Et là, tout à coup, arrive une émotion qui n’est pas dans le roman, en particulier quand il parle de son ami Michel Noureddine K. «Cet homme entre deux mondes, c’est Jasmine».

Lire plus sur :

AFRIQUE/ROMAN:KATIBA de Jean-Christophe Rufin (..), avant d'entrer à l'Académie française. Jean-Christophe Rufin nous fait pénétrer dans le cerveau de ces fondamentalistes qui sont toujours ..., Jean-Christophe Rufin a dirigé plusieurs grandes organisations humanitaires.Rufin a 58 ans et il a eu 50 vies. ...

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