Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
SITE INTERNET POUR LES DROITS DE L'HOMME
2 mai 2010

HOMELIE :"la cause de nos difficultés à aimer..."

La Cène (1495-1498) de Léonard de Vinci,couvent de Santa Maria delle Grazie:interparole-catholique-yvelines.cef.fr/biblio...
5ème Dimanche de Pâques
Dimanche 2 mai 2010
Jn 13, 31 ... 35

"Voilà pour l’heure, en nos vies en ce monde, la cause de nos difficultés à aimer : l’obscurcissement de notre conscience et la déficience de notre volonté." Père Christian Lancrey-Javal
Évangile de Jésus Christ selon saint Jean 13, 31...35
Au cours du dernier repas que Jésus prenait avec ses disciples, quand Judas fut sorti, Jésus déclara : « Maintenant le Fils de l'homme est glorifié, et Dieu est glorifié en lui. Si Dieu est glorifié en lui, Dieu en retour lui donnera sa propre gloire ; et il la lui donnera bientôt.
Mes petits enfants, je suis encore avec vous, mais pour peu de temps. Je vous donne un commandement nouveau : c'est de vous aimer les uns les autres. Comme je vous ai aimés, vous aussi, aimez-vous les uns les autres.
Ce qui montrera à tous les hommes que vous êtes mes disciples, c'est l'amour que vous aurez les uns pour les autres...
l'homélie du curé

Je veux t'aimer, mon Dieu

5ème Dimanche de Pâques
Dimanche 2 mai 2010
Jn 13, 31 ... 35

par Le Père Christian Lancrey-Javal, curé de la paroisse Saint Louis d'Antin à Paris
Nous connaissons deux formes parfaites de l’Unité : le mystère de la Trinité, dont je vous ai dit quelques mots dimanche dernier, l’unité par l’égalité absolue du Père, du Fils et de l’Esprit.
L’autre perfection d’unité est le mystère du Christ, Dieu fait homme : l’unité par l’union des deux natures, divine et humaine, en une seule personne, le Christ-Jésus.

D’abord, ou de toute éternité, nous avons à contempler la nature divine de la Trinité, trois personnes dont les relations sont infinies et infiniment belles et éternellement créatrices, mystère sublime de l’amour et de la vie. La deuxième lecture de ce dimanche dit cette force créatrice : « Voici que je fais toutes choses nouvelles » (Ap 21, 5).

Et ce mystère de la Trinité nous a été révélé dans l’Histoire par et en une personne, par Lui avec Lui et en Lui, le Christ, en qui sont parfaitement unies les deux natures divine et humaine, Fils de Dieu et Fils de l’homme, Jésus-Christ, vrai Dieu et vrai homme.

L’Eglise a condensé ce mystère de l’Incarnation dans une formule à quatre mots, pour écarter toute erreur, qui dit que cette unité dans le Christ se fait « sans confusion, sans changement, sans division, sans séparation » ( Concile de Chalcédoine - 451).
L’unité « sans confusion » est facile à comprendre pour nous qui ne cessons d’être mis en garde contre ce qui serait trop fusionnel (où l’on se perdrait).
« Sans changement » dit bien que l’humanité du Christ est pleinement humaine, souvent on entend dire : ‘oui, mais c’est facile pour Lui, il est Dieu’.
« Sans division et sans séparation » écartent toute idée de délimitation ou de frontière, même intérieure, comme toute idée de juxtaposition de réalités qui seraient mises côte à côte : on ne peut pas séparer l’un de l’autre, au point qu’on peut dire que Dieu est mort sur la Croix !

C’est deux siècles plus tard (au 6ème Concile œcuménique, le 3ème de Constantinople - 680-681) que la définition de la divinité du Christ (qui posait plus de problèmes que son humanité que tous les témoins attestaient), et donc l’unité de sa personne a trouvé son plein aboutissement avec la reconnaissance d’une double volonté, un vouloir humain et un vouloir divin. Il y a en Jésus une volonté humaine, semblable à la nôtre, et une ou plutôt la volonté divine.

Je signale, et je vous en parlerai au moment de l’Ascension, que le Christ est monté au Ciel avec son humanité, et donc avec ce vouloir humain : il y a place au Ciel, dans l’éternité, pour la volonté humaine. La volonté ne disparaît pas avec la mort physique. Elle fait partie, comme notre conscience, de notre âme : le mot ‘âme’ désigne en effet cet élément immortel donné par Dieu au moment de notre conception, et doué de conscience et de volonté. Le fœtus dans le ventre de sa mère a une conscience, comme le malade dans le coma. C’est pour ça qu’on leur parle, même s’ils ne répondent pas. Trop souvent nous réduisons la conscience à un mode de relation, un état de conscience.

De même, ces êtres qu’on dit inconscients ont une volonté. Qui ne disparaît pas quand ils meurent. Notre volonté sera même la condition de notre entrée dans l’éternité de Dieu, la condition de notre entrée au Paradis : le veux-tu ? Une condition nécessaire, pas forcément suffisante.

Dans l’éternité, nous n’aurons plus de problèmes d’intelligence ni de mémoire : nous aurons rejoint les Anges dans la connaissance immédiate. Ce sera d’ailleurs la plus grande différence pour notre corps que ce dépassement de toute médiation sensible et temporelle - il ne sera plus question d’intelligence ni de mémoire, mais de conscience et de volonté.

Voilà pour l’heure, en nos vies en ce monde, la cause de nos difficultés à aimer : l’obscurcissement de notre conscience et la déficience de notre volonté.

L’obscurcissement de notre conscience parce que les petits enfants ont spontanément, à l’âge métaphysique, conscience de Dieu, et foi en Dieu. Ils ne sont pas totalement « innocents », et même de moins en moins, parce qu’ils sont marqués par le péché originel, ou par ses séquelles quand ils ont été baptisés. Mais ils ont cette lumière que leur famille et la société peut soit faire grandir soit étouffer.

Quant à la déficience de notre volonté, elle est cette expérience universelle qui fait que nous en arrivons tous à ne pas faire ce que nous voudrions et à faire ce que nous ne voudrions pas (cf. Rm 7, 15-25). Tous, sauf le Christ, qui nous a révèle ainsi que cette volonté n’est pas structurellement viciée : elle est blessée. A purifier. A redresser. La modernité a introduit un élément de confusion en définissant l’homme comme un être de désir, alors que ce mot de désir recouvre des réalités très différentes, et que l’enjeu de notre vie se fait dans le passage du désir à la volonté. La volonté d’aimer, le véritable « amour spirituel ».

Voilà ce que nous avons à mettre en œuvre, suivant ce commandement que le Christ donne dans l’évangile : éclairer notre conscience et éduquer notre volonté. Les deux vont de pair parce qu’ils correspondent à l’interaction et l’unification progressive de notre être (notre conscience) et de notre agir (notre volonté).

Eclairer sa conscience revient à comprendre qui nous sommes : créés par Dieu, avec sagesse et par amour. Eduquer notre volonté vise à ce qu’elle coïncide avec ce que nous sommes en vérité. Evidemment, notre intelligence, notre mémoire, notre liberté sont mobilisées pour cela, mais plus encore notre foi, c’est-à-dire notre capacité d’accueil de la grâce. C’est ce que nous avons entendu dans la 1ère lecture de ce dimanche, dans cette exhortation, cet encouragement à « persévérer dans la foi ».
Et ce chemin de croissance, de convergence, de vérité de tout notre être est le Christ lui-même, qui est venu « pour faire, non pas ma propre volonté, mais la volonté du Père qui m’a envoyé » (Jn 6, 38).

Dans le Christ, la volonté humaine et la volonté divine sont unies, dans une parfaite harmonie, que la Tradition a symbolisée dans le mystère du Cœur sacré de Jésus, symbole de cette Unité : « comme je vous ai aimés », dit Jésus, c’est-à-dire non pas tantôt d’un cœur humain tantôt d’un cœur divin, mais d’un seul cœur, le cœur de Dieu.

On en a une très belle illustration dans chef d’œuvre de la littérature, la légende du Grand inquisiteur, au chapitre 5ème du Livre 5ème des « Frères Karamazov » : Dostoïevski imagine que Jésus revient au moment de l’Inquisition, au XVIème siècle à Séville.
Il a voulu revenir discrètement, mais tous le reconnaissent. Il guérit un aveugle, et, sur le parvis de la cathédrale, ressuscite une fillette. À ce moment passe le cardinal Grand inquisiteur, un vieillard de quatre-vingt-dix ans. Il fait jeter le Christ en prison.

La nuit tombée, il va le visiter. Suit un long réquisitoire où il reproche à son prisonnier – qui garde le silence - d’avoir donné aux hommes trop de liberté : les hommes ne la méritent pas et surtout les hommes ne la veulent pas.

Ce Grand inquisiteur est l’exact portrait du système médiatique.

As-tu donc oublié que l’homme attache plus de prix à sa tranquillité qu’à sa conscience ? - « Rien de plus séduisant à première vue que la liberté de conscience, mais rien n’est plus torturant en réalité … Au lieu de maîtriser la liberté humaine, tu l’as amplifiée … Tu voulais que les hommes te donnent librement leur amour … Ne prévoyais-tu pas que, ployant sous le terrible fardeau de leur liberté, les hommes en viendraient un jour à rejeter ton image et à mettre en doute ton enseignement ? ».

Ce mauvais vieillard fait procès au Christ d’avoir renoncé aux « trois seules forces sur la terre qui soient capables de vaincre la conscience », de la subjuguer (nous dirions aujourd’hui de les manipuler) : le miracle, le mystère et l’autorité. Il s’agit bien sûr d’une relecture des trois tentations – du miracle des pains, du pinacle du temple et de la royauté terrestre. Trois forces dont ne cessent d’abuser le système médiatique, avec les jeux (du pain et des jeux), avec la confusion du réel et du virtuel, et avec la pensée unique, l’affirmation sans nuance.

« Sous notre houlette, les hommes seront heureux et renonceront à se révolter. … Nous donnerons un bonheur humble et paisible à ces êtres faibles et lâches, le seul qui leur convienne … Nous leur permettrons même de pécher puisqu’ils sont si faibles et ils nous aimeront comme des enfants à cause de notre tolérance… ».

« S’étant tu, le Grand inquisiteur attendit une réaction de son prisonnier. Son silence lui pesait. Le captif s’était borné, pendant qu’il parlait, à fixer sur lui un regard doux et pénétrant, visiblement résolu à ne pas entrer en discussion. Le vieillard aurait préféré qu’il lui répondît quelque chose, fût-ce en lui disant des choses amères ou terribles. Sans prononcer un mot, il s’approcha soudain du vieillard et l’embrassa avec douceur sur ses lèvres exsangues de nonagénaire. Ce fut toute sa réponse. L’inquisiteur tressaille sous ce baiser, et quelque chose tremble aux coins de sa bouche. Il se dirige vers la porte, l’ouvre et lui dit : ''Va, maintenant, et ne reviens plus… plus du tout… plus jamais, jamais !'' ».

La porte que nous voulons ouvrir est une porte qui s’ouvre vers l’intérieur, vers l’intérieur de notre âme, pour que le Seigneur puisse y entrer, et y demeurer, toujours.

Père Christian Lancrey Javal
curé de Saint-Louis d'Antin

édito
du Dimanche 2 mai 2010

5ème Dimanche de Pâques
Année C

Comme je vous ai aimés (Jn 13, 34)

Comment le Christ nous a-t-il aimés ?
Jusqu’au bout (Jn 13, 1).

Abbé Yves Rozo

Je pense à ces parents qui aimeront leurs enfants jusqu’au bout ; enfants devenus, quelque fois, bien différents de ce qu’ils avaient envisagé pour eux.
Je pense à ces enfants qui restent les enfants de leurs parents jusqu’au bout pour les honorer, les servir jusqu’à leur dernier souffle.
Et parfois des parents, des enfants handicapés.
Je pense aussi aux époux unis pour aller jusqu’au bout !

Tout cela est bien au-dessus de nos forces.
Comment est-ce possible, sinon avec la grâce de Dieu, c’est-à-dire la toute puissance de l’amour de Dieu en nous. Amour qui n’est ni sentimentalisme mièvre, ni volontarisme dur, mais qui est service, envoi en mission.

Or, cet amour est signe de reconnaissance des disciples du Christ. Et cela vaut pour nos familles, nos paroisses, nos communautés religieuses, nos équipes de travail, d’amis, de voisins.
Cet amour, il faut pourtant le vouloir. C’est le "oui je le veux" des époux, des prêtres !
Oui je veux engager ma vie, tout mon être, mon esprit, mon intelligence, ma santé aussi.

« L’amour est la réponse au don de l’amour par lequel Dieu vient à notre rencontre … Le commandement de l’amour ne devient possible que parce qu’il n’est pas seulement une exigence : l’amour peut être "commandé" parce qu’il est d’abord donné. » Dieu est amour – Benoît XVI

Abbé Yves Rozo

entretien avec
le Père Yves Rozo

" L’homme ne vit pas seulement de pain
mais de toute parole qui sort
de la bouche de Dieu "

Pour le père Yves Rozo, Saint-Louis d'Antin est un havre spirituel au milieu d’un quartier fourmillant de monde, axé sur la célébration de l’eucharistie et les confessions avec des moments forts comme « le baptême des larmes » où le pécheur se reconnaît en tant que tel mais dans la lumière de la miséricorde divine. Cette mission à Saint-Louis d'Antin convient également à son goût pour la proximité « sommes nous résolus à aller au devant des autres dans les relations très ordinaires du voisinage et les occasions de rencontre quotidienne ? ».

Le père Rozo a été 8 ans durant aumônier de la marine, embarqué à bord des bâtiments et a organisé pour les 20-35 ans, des Goums, expériences spirituelle de 8 jours dans les Causses. C’est un « homme de plein air » qui aime la marche et la nature.A Saint-Louis d'Antin le prêtre est soutenu par la piété et la foi populaire qui s'y exprime".

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité